Plan stratégique 2023-2028
Vieillir autrement - Offrir de nouvelles perspectives aux personnes âgées

Orientations stratégique A : Mettre en place des stratégies de prévention et promouvoir la santé et le bien-être des personnes âgées

Nous proposons une nouvelle approche du vieillissement au Canada et imaginons un avenir où l’espérance de vie et la durée de vie en santé seront indissociables.

Priorités de recherche

Approfondir les connaissances sur l’hétérogénéité de la population âgée et son incidence sur la santé

  • Présenter une définition de l’âge qui ne tient pas uniquement compte de l’âge chronologique et intègre les aptitudes fonctionnelles, les capacités intrinsèques, l’environnement et l’âge biologique afin d’établir un panorama plus complet du vieillissement

Réduire les risques associés à l’apparition et à l’aggravation de maladies chroniques

  • Appuyer des travaux de recherche axés sur des approches gérontologiques et les mécanismes biologiques du vieillissement

Privilégier le bien-être et la qualité de vie pour protéger la santé et assurer l’indépendance des personnes âgées

  • Soutenir des projets de recherche qui s’intéressent aux déterminants sociaux et structurels de la santé tout au long de la vie

Priorité 1 : Approfondir les connaissances sur l’hétérogénéité de la population âgée et son incidence sur la santé

Les personnes âgées mènent une vie active et font partie intégrante de la société, de leur communauté et de leur famille. Certains facteurs, comme le lieu de vie et l’accès à des soins de santé et des services sociaux culturellement sécurisants, favorisent le vieillissement en santé tout au long de la vie et permettent à chaque membre de notre société de donner un sens à sa vie, de répondre à ses besoins fondamentaux, de prendre ses propres décisions et de participer à la vie en société. Le vieillissement en santé ne coïncide pas pour autant avec l’absence de maladie ou d’affection. La plupart des personnes âgées vivent en effet avec au moins une maladie chronique, mais elle peut généralement être soignée et ne nuit pas à leur bien-être. Au-delà de l’espérance de vie, il est donc prépondérant d’accorder une importance accrue à la question de la durée de vie en santé. Notre objectif est d’œuvrer à ce que la durée de vie en santé soit égale à l’espérance de vie.

Pour parvenir à atténuer et à prévenir les risques qui pèsent sur la santé et à promouvoir le vieillissement en santé et le bien-être des personnes âgées, il est primordial de tenir compte de l’hétérogénéité de la population âgée. L’âge ne se limite pas à sa simple expression chronologique et intègre au contraire les aptitudes fonctionnelles, les capacités intrinsèques, l’environnement et l’âge biologique, des éléments qui permettent de définir et de satisfaire les besoins particuliers d’une personne avec précision. Le dicton « l’âge n’est rien d’autre qu’un chiffre » prend tout son sens au regard du fait que l’âge chronologique ne dresse à lui seul qu’un panorama superficiel du vécu expérientiel d’une personne âgée.

Cette conception exhaustive de l’âge répond à la définition du vieillissement en santé de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Selon cette définition, les aptitudes fonctionnelles sont des attributs qui permettent à une personne de vivre et d’agir selon ses désirs, tandis que les capacités intrinsèques désignent les facultés mentales et physiques exposées aux conséquences du vieillissement, aux lésions et aux maladies chroniques. L’OMS précise également qu’un environnement propice au maintien des aptitudes fonctionnelles et des capacités intrinsèques est un facteur déterminant du vieillissement en santéFootnote 5. Si le profil génétique de chaque personne joue un rôle dans la dégradation de l’état de santé au fil des années, l’environnement physique et social, le genre, l’appartenance ethnique et le statut socioéconomique y contribuent également, et dans ce contexte, vivre dans un environnement adapté réduit les obstacles au vieillissement dans des conditions saines et offre des possibilités d’amélioration de la santé. Enfin, l’OMS intègre à sa définition du vieillissement en santé l’âge biologique, qui prend en compte les caractéristiques physiologiques, le profil génétique et le mode de vie d’une personne. Ces quatre composantes s’influencent mutuellement et nous aident à repenser notre rapport à l’âge et au vieillissement.

Facteurs qui influent sur le vieillissement
Description détaillée

Figure 6. Facteurs qui influent sur le vieillissement.

Environnement

  • Milieu et cadre de vie d’une personne
  • Détermine les conditions de vie d’une personne âgée en fonction de ses capacités intrinsèques
  • Désigne le domicile, la communauté d’appartenance et plus généralement la société et le contexte général qui les entoure

Capacités intrinsèques

  • Facultés physiques et mentales sur lesquelles une personne peut s’appuyer
  • Domaines importants : capacité locomotrice (mouvements physiques), capacité sensorielle (vue et ouïe), vitalité (énergie et équilibre), capacité cognitive et psychologique

Aptitudes fonctionnelles

  • Attributs permettant à une personne de vivre et d’agir selon ses désirs
  • Répondre à ses besoins fondamentaux
  • Prendre des décisions
  • Se déplacer
  • Conserver des relations
  • Participer à la vie en société

Âge biologique

  • Âge physiologique, déterminé par le profil génétique et le mode de vie (alimentation, activité physique et habitudes de sommeil)

Notre démarche consiste à bousculer les idées reçues sur l’âge et à lutter contre l’âgisme. Nous considérons que l’âge, quelle qu’en soit la définition, ne détermine en aucune façon la valeur des membres de notre société.

LE REGARD TOURNÉ VERS L’AVENIR

Pour faire progresser les politiques de santé et impulser l’adoption de pratiques propices au vieillissement en santé d’une population âgée de plus en plus hétérogène, la recherche sur le vieillissement de demain devra s’appuyer sur des données de qualité sur cette catégorie de la population, en particulier en ce qui concerne les groupes marginalisés. L’abandon d’une compartimentation arbitraire de la population selon son âge chronologique au profit d’une prise en compte des aptitudes fonctionnelles, des capacités intrinsèques, de l’environnement et de l’âge biologique y contribuera et permettra d’offrir des services et des soins de santé adaptés aux besoins de chaque personne. L’efficacité et la pertinence de stratégies visant à promouvoir le bien-être et à assurer la conservation des aptitudes fonctionnelles devront pour leur part faire l’objet d’évaluations afin d’assurer l’équité entre adultes en âge avancé. Cette approche est importante pour la recherche sur la santé Autochtone, notamment dans les régions où l’accès à des aliments sains et aux services de santé est limité.

Priorité 2 : Réduire les risques associés à l’apparition et à l’aggravation de maladies chroniques

Les activités et les décisions qui influent sur la santé tout au long de la vie jouent un rôle essentiel sur les effets du vieillissement et la possibilité de vieillir en santé. Dans ce contexte, les stratégies de santé publique qui placent la prévention et l’adoption précoce d’habitudes saines au cœur de leur approche, par exemple en incitant la population à s’alimenter sainement, à exercer une activité physique ou à modifier son comportement pour réduire le risque d’apparition d’une maladie chronique, peuvent générer des bienfaits substantiels sur l’état de santé global et le bien-être de la population canadienne à des étapes ultérieures de la vie, et allonger sa durée de vie en santé. Bien que la prévalence des maladies chroniques augmente avec l’âge, nombre d’entre elles peuvent être retardées ou freinées grâce à une adaptation du mode de vie au fil du temps et à la réduction de l’iniquité en santé et de l’altération des aptitudes fonctionnelles des adultes vulnérables.

LE REGARD TOURNÉ VERS L’AVENIR

Une convergence des efforts de recherche sur le vieillissement s’impose pour acquérir de nouvelles connaissances sur les maladies chroniques liées au vieillissement, les risques qui en découlent et les moyens de les soigner. Dans cette optique, la recherche sur l’incidence des déterminants sociaux et structurels de la santé sur le vieillissement de populations diverses, généralement menée selon une approche intersectionnelle et interdisciplinaire, pourra tirer profit de l’apport des perspectives géroscientifiques et d’études portant sur les mécanismes biologiques du vieillissement et de la sénescence. La recherche visant à mettre en évidence le rôle qu’exercent les maladies chroniques sur les affections cognitives liées à l’âge et la démence bénéficiera quant à elle du soutien de l’Initiative de recherche sur la santé cérébrale et les troubles cognitifs associés au vieillissement. Plus généralement, le milieu de la recherche pourra également compter sur l’appui de l’ÉLCV pour mener à bien ses travaux dans ce domaine prioritaire.

Priorité 3 : Privilégier le bien-être et la qualité de vie pour protéger la santé et assurer l’indépendance des personnes âgées

Le vieillissement est un processus continu qui ne démarre pas en milieu de vie ou dans les décennies qui suivent. Tout au long de l’existence, les modes de vie et les déterminants sociaux et structurels de la santé jouent un rôle fondamental sur notre capacité à maintenir un état de santé optimal et à conserver notre indépendance à un âge avancé. Les déterminants d’un vieillissement en santé comprennent entre autres l’activité physique, une alimentation saine, l’écoute de son corps, les perspectives positives, l’apprentissage continu, la foi, le soutien social, la sécurité financière, l’implication communautaire, ou encore l’indépendance et peuvent dépendre de facteurs comme la culture, l’âge et le genreFootnote 6.

L’OMS définit les déterminants sociaux de la santé comme « des facteurs non médicaux qui influent sur l’état de santé. Les circonstances dans lesquelles une personne naît, grandit, vit et vieillit ainsi que les forces qui agissent sur la réalité du quotidien en sont des exemples »Footnote 7. Les déterminants structurels entrent également en ligne de compte, c’est-à-dire « les mécanismes sociopolitiques à l’origine de stratifications et de fractures sociales qui définissent la condition socioéconomique d’un individu selon des critères de pouvoir, de prestige et d’accès aux ressources »Footnote 8. L’iniquité qui caractérise encore aujourd’hui certains déterminants sociaux et structurels de la santé, comme la sécurité économique, le lien et le soutien social, la sécurité alimentaire, l’alimentation, l’éducation, l’accès aux soins de santé, ou encore le milieu de vie et de logement produit des effets délétères sur le bien-être de certaines catégories de la population et sur leur vieillissement en santé et doit être combattue.

LE REGARD TOURNÉ VERS L’AVENIR

Les efforts que nous déploierons pour répondre aux enjeux du vieillissement de notre population seront appuyés par l’Institut du développement et de la santé des enfants et des adolescents des IRSC. L’action conjointe que nous mènerons fera avancer la recherche ouverte à toutes les générations aux IRSC et nous permettra de soutenir la recherche sur l’incidence des déterminants sociaux et structurels de la santé à toutes les étapes de la vie. Nous veillerons par ailleurs à ce que les travaux de recherche financés soient adaptés aux âges des personnes concernées et à ce que toutes les catégories de la population, des adultes en âge avancé jusqu’aux enfants en bas âge, en passant par les jeunes et les familles, soient représentées dans la recherche portant sur leur santé. Cette approche est essentielle à la promotion de la santé tout au long de la vie et impulsera l’adoption de pratiques exemplaires ainsi que l’inclusion dans la recherche de phases fondamentales de notre existence comme la préconception et la fin de vie, mais aussi des périodes de transition importantes et de la dimension générationnelle.

Portée et retombées

Objectifs de la recherche au cours de la période visée par le plan stratégique :

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