Aînée autochtone en résidence : Un modèle de codirection pour l'Institut de la santé des femmes et des hommes des IRSC

Aînée Sheila Nyman

La recherche est nécessaire pour améliorer la santé et le bien-être de toute la population canadienne. Mais en même temps, nous devons reconnaître les préjudices causés par la recherche en santé et les façons dont la recherche peut être - et a été - utilisée contre les communautés qu'elle est censée servir, y compris les Autochtones.

À l'Institut de la santé des femmes et des hommes (ISFH) des IRSC, le personnel non autochtone s'est engagé à avancer sur le Sentier de la réconciliation pour apprendre (et désapprendre) comment s'engager dans la recherche « de la bonne façon » et avec de bonnes relations.

L'apprentissage intégré avec les peuples autochtones est un élément clé de ce cheminement, conformément aux appels à l'action de la Commission de vérité et de réconciliation et à l'Énoncé de politique des trois Conseils sur l'éthique de la recherche avec des êtres humains (EPTC 2), chapitre 9, qui concerne la recherche impliquant les Premières Nations, les Inuits ou les Métis.

Il existe plusieurs modèles d'apprentissage intégré. À travers le dialogue, l'ISFH a choisi un modèle de codirection entre la directrice scientifique, Dre Angela Kaida, et une aînée autochtone en résidence, l'Aînée Sheila Nyman.

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Présentation de l'Aînée Sheila Nyman, Aînée en résidence de l'ISFH (elle / iels)

Transcription

Veuillez-vous présenter

Je m'appelle Sheila Nyman. Je suis métisse, de la nation Syilx de Lower Similkameen, dans la vallée de l'Okanagan. Mon nom traditionnel, hérité de l'arrière-grand-mère de mon arrière-grand-mère, est Sal Uni At Kn. C'est ma grand-tante Doll, décédée au début de la pandémie de COVID-19, qui a proposé ce nom et m'a permis de le porter.

Elle venait d'avoir 102 ans quand c'est arrivé. Elle voulait que je le porte. Elle m'a dit : « Sheila, tu suis cette voie. » Elle faisait référence à ma fidélité aux enseignements et à mon retour à la spiritualité traditionnelle de notre peuple. Je suis une enfant de la rafle des années 1960.

Quand j'avais neuf ans, moi et ma fratrie de cinq, nous avons été arrachés à notre mère, puis nous avons vécu comme tout le monde. C'est courant au Canada, pour les enfants qui ont été enlevés dans les années 1960. Les pensionnats, leur héritage, tout ça a marqué ma famille; mon arrière-grand-mère a aussi été en pensionnat. Puis, une Aînée, Many Buffalo Running, et d'autres Aînés m'ont enseigné les traditions, les pratiques spirituelles, les cérémonies.

On m'a donné la permission de continuer ces cérémonies et de pratiquer la médecine traditionnelle qu'on m'avait apprise. J'ai quatre enfants qui sont adultes maintenant. J'ai neuf petits-enfants et quatre arrière-petits-enfants; j'ai commencé très jeune. Quoi d'autre? J'ai étudié en travail social à l'Université de Victoria et je détiens maintenant une maîtrise.

Je suis travailleuse sociale clinicienne pour la Régie de la santé des Premières Nations en Colombie-Britannique, je travaille sur plusieurs projets de recherche et je fais du soutien à la recherche. Principalement, j'ai un rôle de soutien, et je suis là pour aider si quelqu'un a besoin de counseling ou de soutien par rapport à un trauma; c'est ma spécialité et c'est ce que je fais à la Régie.

Pouvez-vous nous dire en 60 secondes quelle est votre vision de l'avenir de la recherche sur le genre et la santé et pourquoi c'est important?

Ma vision du genre et de la santé est rattachée à ce qu'on appelle la « roue médicinale ». Elle a quatre quadrants : physique, mental, spirituel et émotionnel. Pour être en bonne santé et s'accomplir en tant qu'être humain, on doit maintenir l'équilibre entre ces quadrants. Si quelque chose cloche physiquement, il faut faire appel aux trois autres quadrants pour renforcer la partie physique. C'est la même chose si on se sent émotionnellement mal : les autres quadrants servent à soutenir la partie émotionnelle et à la tirer vers le haut pour revenir à l'état d'équilibre.

La santé n'est donc pas seulement liée au corps, mais aussi à l'esprit, aux événements que nous subissons. On ne devrait jamais commencer un traitement pour un traumatisme avec une personne sans abri qui manque de nourriture. Il faut régler ces problèmes en premier : trouver un toit et manger à sa faim.

Cette personne a besoin de sécurité. C'est ma vision du futur de la santé et du bien-être.

Avez-vous un souhait pour l'avenir de l'ISFH?

Ce que je souhaite, c'est qu'on intègre la roue médicinale aux pratiques et, aussi, qu'on considère que l'espèce humaine a bien plus de deux genres.

Nous sommes plus que des hommes ou des femmes. Il y a tellement, tellement de genres et, à l'époque des ancêtres, avant les contacts avec les Européens, les peuples autochtones savaient qu'il y avait plus que les genres masculin et féminin. Et tout le monde était accepté, tout le monde avait son rôle à jouer dans la communauté. Les personnes bispirituelles font écho à l'identité transgenre : elles incarnent à la fois l'énergie masculine et l'énergie féminine.

Plus encore : ces personnes étaient vues, connues comme des intermédiaires entre notre monde et le monde des esprits. Nous pouvions faire passer les messages entre l'esprit du Grand Mystère et l'humanité. Cette communication était possible. Nous étions comme un pont entre la communauté et la puissance des esprits. Nous sommes tous liés.

Présentation de Dre Angela Kaida, directrice scientifique de l'ISFH (elle)

Transcription

Veuillez-vous présenter

Bonjour, je m'appelle Angela Kaida. Je suis la directrice scientifique de l'Institut de la santé des femmes et des hommes des IRSC. Je suis également professeure en sciences de la santé à l'Université Simon Fraser.

Pouvez-vous nous dire en 60 secondes quelle est votre vision de l'avenir de la recherche sur le genre et la santé et pourquoi c'est important?

Une vision de l'avenir de la recherche sur le genre et la santé est vraiment un appel à la réflexion individuelle.

Notre mandat est de mener des recherches qui apportent des avantages et qui sont pertinentes pour les femmes, les filles, les garçons, les hommes et les personnes de diverses identités de genre au Canada et ailleurs. Mais il faut aussi appliquer nos apprentissages. Nos résultats de recherche doivent servir à améliorer la santé et le bien-être de tous.

Avez-vous un souhait pour l'avenir de l'ISFH?

Un souhait que nous avons pour l'avenir de l'Institut est vraiment d'élargir notre conceptualisation du genre, du sexe et de la santé pour bien inclure les personnes qui sortent de la binarité et prendre en compte les autres facteurs d'intersectionnalité – les parties de notre identité, de nos positions sociales, et les façons dont nous affectons et vivons le monde. Nous devons comprendre comment ces facteurs, qu'il s'agisse de race et de racisme, de handicap ou d'autres déterminants sociaux de la santé, interagissent avec notre genre et notre sexe pour influencer nos résultats sur la santé.

Découvrez la vision de nos codirigeantes pour l'avenir de l'ISFH

Transcription

Veuillez-vous présenter

Angela Kaida : Bonjour, je m'appelle Angela Kaida. Je suis la directrice scientifique de l'Institut de la santé des femmes et des hommes des IRSC, ainsi que professeure en sciences de la santé à l'Université Simon Fraser.

Pouvez-vous nous dire en 60 secondes quelle est votre vision de l'avenir de la recherche sur le genre et la santé et pourquoi c'est important?

Sheila Nyman : Pour moi, ce qui est important pour l'avenir du genre et de la santé, c'est de progresser vers une reconnaissance du genre dans toute sa diversité. Et ma vision pour l'avenir est l'inclusion de ce facteur dans tout aspect de la santé que nous étudions. Nous devons regarder la personne dans son ensemble, avec son genre, son expérience de vie et sa personnalité.

Angela Kaida et Sheila Nyman : […] toutes mes relations. Merci, Aînée Sheila. Ma vision est assez semblable. Je pense que l'Institut de la santé des femmes et des hommes et l'écosystème canadien de recherche en santé ont fait un travail fantastique en finançant des travaux de recherche qui se penchent sur les façons dont le sexe et le genre et leur relation complexe influencent la santé. Et il nous reste tant à apprendre après ces premières étapes de recherche, notamment en élargissant notre compréhension de ce que sont le sexe et le genre.

Angela Kaida : Il faut aller au-delà de la binarité et accueillir la non-binarité, avoir une compréhension continue du sexe et du genre et des façons dont ces facteurs influencent notre santé, et ajouter une dimension d'intersectionnalité. Examiner le lien entre nous et le genre que nous occupons, auquel nous nous identifions, les rôles que nous jouons dans la société, nos relations avec les autres, nos responsabilités institutionnelles associées à notre genre, et leur intersection avec les autres aspects de notre identité, nos positions sociales, nos privilèges, nos oppressions, et les façons dont cet ensemble influence notre santé.

Angela Kaida : Je pense que c'est un domaine de recherche et d'apprentissage passionnant.

Avez-vous un souhait pour l'avenir de l'ISFH?

Sheila Nyman : Mon souhait est alors qu'on en fasse plus pour inclure les Autochtones et leurs façons d'être et de savoir dans toute la recherche, pour inclure les Autochtones, les Aînés et les détenteurs du savoir traditionnel en tant que partenaires égaux. Les Aînés ont un long vécu, des enseignements et savoirs traditionnels, et une grande expérience. C'est pourquoi j'aimerais qu'ils soient considérés comme égaux avec les personnes qui ont des doctorats, avec toutes mes relations.

Angela Kaida : Oui, un souhait pour l'Institut est que chaque chercheur en santé au Canada se voit comme un membre de cet institut, dans le sens que tous doivent se poser des questions sur la façon dont le sexe et le genre influencent les résultats sur la santé dans leur recherche. J'y vois donc un appel à la réflexion individuelle pour le milieu de la recherche en santé.

Angela Kaida : En même temps, je sais que vous avez dit un souhait, mais disons que c'est un souhait et demi, nous avons la chance d'approfondir notre savoir sur les mécanismes qui sous-tendent l'influence du sexe et du genre sur la santé.

Que veut dire le mot « Aîné »?

Dans la culture autochtone, les Aînées et Aînés sont des personnes reconnues par leur communauté comme ayant atteint un haut niveau de compréhension de l'histoire, de la spiritualité, de la langue traditionnelle, des enseignements culturels, des cérémonies ou des pratiques de guérison autochtones grâce à leur formation et à leurs expériences vécues.  Les Aînées et Aînés sont très respectés et peuvent jouer différents rôles, tels que le mentorat, l'orientation, la gouvernance, la prise de décision, la prise en charge ou l'enseignement au sein des communautés autochtones et non autochtones.

Reconnaissance du territoire

À l'Institut de la santé des femmes et des hommes des IRSC, nous reconnaissons respectueusement que nous sommes situées sur les terres ancestrales, traditionnelles et non cédées du peuple Salish de la côte, qui comprend les nations xʷməθkʷəy̓əm (Musqueam). Sḵwx̱wú7mesh (Squamish) et səl̓ilw̓ətaʔɬ (Tsleil-Waututh).

L'équipe de l'ISFH est reconnaissante d'apprendre continuellement des peuples autochtones. Nous sommes déterminées à lutter contre les effets des politiques racistes et coloniales au Canada en soutenant une recherche en santé qui s'efforce de surmonter les inégalités, tout en valorisant les expériences et les systèmes de connaissance autochtones.

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