Série d’activités d’apprentissage virtuel Initiative sur la santé mentale et la COVID-19
Résumé de l’activité : Les effets de la COVID-19 sur l’usage et les consommateurs de substances psychoactives

Contexte

Depuis que la pandémie de COVID-19 a été déclarée en mars 2020, elle a eu un impact sans précédent sur les besoins de la population canadienne en matière de santé mentale et d’usage de substances psychoactives. Cette crise a notamment exacerbé les inégalités et les problèmes existants au pays.

Dans le cadre de la stratégie de réponse rapide mise en place par le gouvernement du Canada pour faire face aux enjeux de santé publique associés à la pandémie de COVID-19, l’Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies des Instituts de recherche en santé du Canada (INSMT des IRSC), en collaboration avec Santé Canada, l’Agence de la santé publique du Canada et des partenaires de l’Institut, a lancé l’Initiative sur la santé mentale et la COVID-19.

L’objet de cette initiative est d’aider les décideurs et les praticiens à répondre aux besoins relatifs à la santé mentale et à l’usage de substances psychoactives dans le contexte de la COVID-19 en leur fournissant les données dont ils ont besoin de façon urgente. Trois possibilités de financement ont été lancées pour soutenir plus de 100 projets, ce qui représente un investissement total de 13,5 millions de dollars de la part des IRSC et de leurs partenaires.

Description

Le 8 juin 2021, l’INSMT des IRSC a tenu le second volet des activités d’apprentissage virtuel de l’Initiative sur la santé mentale et la COVID-19, intitulé Effets de la pandémie de COVID-19 sur l’usage et les consommateurs de substances psychoactives. La séance a rassemblé des chercheurs, des décideurs, des membres de la communauté, des personnes ayant une expérience concrète, des partenaires et d’autres utilisateurs des connaissances.

Le thème transversal de l’activité d’apprentissage a émergé lors de l’analyse des 45 projets ayant profité d’un financement dans le cadre du concours Synthèse des connaissances : Santé mentale, toxicomanie et COVID-19. Alors que le système de santé canadien est soumis à une immense pression depuis le début de la pandémie, les « crises jumelles », à savoir les surdoses d’opioïdes et la maladie à coronavirus, infligent de profondes souffrances à de nombreux concitoyens et leurs familles, qui subissent de plein fouet les conséquences de la pandémie et de la stratégie de réponse adoptée.

L’activité a permis de faire la synthèse des données probantes accessibles sur la question de la consommation de substances psychoactives dans un contexte de perturbation des soins médicaux, comme celui que nous connaissons depuis mars 2020, et a en outre mis en évidence des lacunes dans les connaissances actuelles qui traduisent un besoin urgent d’approfondir les recherches. Les objectifs de la journée ont été les suivants :

L’activité prévoyait également des présentations de chercheurs, d’utilisateurs des connaissances et de personnes ayant une expérience concrète, parmi lesquelles :

Solutions de santé numérique pour les femmes souffrant de dépendance durant la pandémie de COVID-19 : une perspective sensible aux traumatismes et au sexe/genre
Lena Quilty (Centre de toxicomanie et de santé mentale), Michelle Coombs (Centre Jean-Tweed)

Revue rapide des effets des « grandes crises » sur les personnes qui consomment des drogues et sur la prestation des services de réduction des méfaits ou de traitement de la toxicomanie : nécessité de renforcement des systèmes due à la pandémie de COVID-19
Camille Zolopa (Centre de recherche du CHUM)

Revue rapide du traitement de substitution aux opioïdes en cas de grandes perturbations des soins médicaux
Abhimanyu Sud (Université de Toronto), Darren Cheng (Institut de recherche Lunenfeld-Tanenbaum – Bridgepoint)

Un service de synthèse des données probantes pour appuyer le Centre d’excellence en santé mentale et en lutte contre les dépendances de l’Ontario
Heather Bullock (Université McMaster), Michelle Rossi (Centre d’excellence pour la santé mentale et la lutte contre les dépendances, Établissements cliniques et programmes de qualité de Santé Ontario)

À l’issue des présentations, les participants à l’activité ont été invités à poser leurs questions. Les échanges ont été animés par Julie Bruneau, professeure au Département de médecine de famille et de médecine d’urgence de l’Université de Montréal et directrice scientifique du pôle Québec-Atlantique de l’Initiative canadienne de recherche en abus de substances (en anglais uniquement).

Résumé des principaux résultats et recommandations

Les équipes de recherche ont insisté sur le fait que la crise des surdoses d’opioïdes a été aggravée par la pandémie de COVID-19 et les stratégies de mitigation de la propagation du virus adoptées (comme les mesures d’isolement et de confinement), alors qu’elle constituait déjà l’une des crises de santé publique les plus graves de l’histoire récente du Canada.

La vulnérabilité des populations qui souffrent de dépendances à des substances psychoactives est souvent exacerbée par des facteurs entrecroisés, comme des problèmes de santé mentale, de faibles revenus et la stigmatisation dont elles font l’objet. Il est donc essentiel de mettre sur pied des campagnes d’intervention fondées sur des données probantes et de porter assistance à ces populations tout au long de la pandémie.

Si les services de santé numérique qui leur sont offerts s’avèrent dans l’ensemble efficaces, l’incertitude demeure quant à d’éventuelles disparités entre les sexes en raison de l’inexistence d’études sur la question, ce qui confirme la nécessité d’approfondir la recherche. Au moment de déterminer la pertinence d’un service de santé numérique pour leurs patients, les fournisseurs de soins de santé qui traitent les dépendances seraient ainsi avisés de vérifier si les applications et les outils Web qui ont été conçus en réponse aux problèmes de consommation de substances psychotropes tiennent compte du genre et des traumatismes.

Il est absolument essentiel d’impliquer les bénéficiaires des soins de santé dans les travaux de recherche dès la phase de réflexion et de s’appuyer sur leur vécu pour mettre en place des politiques de lutte contre la dépendance et des directives de santé publique à la fois efficaces et durables. Les partenariats pour la recherche en santé communautaire, qui permettent de constater les manques à combler et de mesurer la pertinence des services numériques, ont également un rôle à jouer.

Si la pandémie de COVID-19 est avant tout une crise sanitaire, ses effets sur l’économie n’en sont pas moins considérables. Les facteurs de stress, comme le manque de financements octroyés aux organismes communautaires et à leurs services de réduction des méfaits, contribuent à la consommation accrue de drogues, augmentent le risque de partage du matériel de consommation et favorisent la croissance des réseaux d’utilisateurs de drogues injectables.

Les fournisseurs de soins de santé doivent prendre conscience des traumatismes (détresse psychologique, souffrance, etc.) que sont susceptibles d’occasionner des événements majeurs comme les pandémies ou les interruptions importantes des soins de santé.

La stigmatisation envers les usagers de substances psychotropes représente un frein majeur à leur traitement.

Parmi les populations qui consomment des substances psychotropes, les femmes, les Autochtones, les minorités visibles, les itinérants et les personnes atteintes de maladies mentales sont particulièrement vulnérables. Malgré l’enjeu et l’importance de ce sous-domaine de recherche, encore peu de travaux sont spécifiquement consacrés à ces populations.

Les participations aux traitements motivées par des pénuries de drogue ne surviennent que si les services sont largement disponibles. Les événements d’importance majeure, comme la pandémie de COVID-19, s’accompagnent de risques accrus chez les personnes qui consomment des substances psychotropes. Là où l’accessibilité aux services de soins est insuffisante, les pénuries peuvent en effet entraîner des comportements dangereux, notamment sur la question des injections. L’interruption d’un traitement de substitution aux opioïdes peut occasionner le même type de comportement, mais aussi une rechute ou un sevrage.

Les règlementations strictes accentuent la vulnérabilité des populations qui consomment des substances psychotropes. L’organisation même du système de services de soins prodigués à ces populations est à l’origine de cette situation de vulnérabilité.

La stricte règlementation des programmes de traitement de substitution aux opioïdes en réaction aux perturbations des services de soins et le manque de coordination et de communication entre les centres de traitement et les patients accentuent la vulnérabilité des populations qui consomment des substances psychotropes. L’organisation même du système de services de soins prodigués à ces populations est à l’origine de cette situation de vulnérabilité.

Dans une période marquée par la déstabilisation des populations qui consomment des substances psychotropes, la souplesse, la préparation et la communication sont fondamentales à la fourniture de soins de santé, à la réduction des méfaits et à la mise au point de traitements. Des mesures importantes ont été adoptées, comme la généralisation de la télémédecine dans le cadre de traitements par agonistes opioïdes et la relative souplesse des directives cliniques à l’égard de la prise de médicaments à domicile. Il convient toutefois d’établir des lignes directrices uniformes mais flexibles quant à la préparation aux catastrophes afin que les perturbations des services de soins donnent lieu à des réponses adaptées et proportionnées.

Le nombre croissant de surdoses d’opioïdes et les décès qui en résultent dans le pays mettent en évidence l’importance de soutenir les travaux de recherche consacrés à la protection de la santé et de la sécurité de la population du Canada, en particulier ceux qui intègrent une approche de la prévention et de la réduction des méfaits causés par la consommation de substances psychotropes qui se veut globale, collaborative, humaniste et fondée sur des données probantes.

Pour en savoir plus

Le programme de cette activité d’apprentissage en ligne est mis à disposition du public sur demande. Les demandes peuvent être dirigées à : COVID19MH-COVID19SM@cihr-irsc.gc.ca.

Un dépôt consultable des synthèses des connaissances financées ainsi que des autres projets soutenus financièrement par cette initiative est accessible en ligne.

Pour demeurer au fait des toutes dernières recherches sur le cerveau et la santé mentale, y compris des nouvelles connaissances sur la santé mentale et la toxicomanie dans le contexte de la COVID-19, abonnez-vous au bulletin de l’INSMT des IRSC.

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Université de Calgary
Cumming School of Medicine
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Tél : 403-210-7161
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