Le rassemblement des Voies de l'équité 2016 : La voie de la réconciliation

Dr Mark Dockstater, président de l'Université des Premières Nations du Canada, accueille les participants du rassemblement des Voies de l'équité.

En juin 2016, les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et l'Association nationale des centres d'amitié (ANCA) ont accueilli le deuxième rassemblement annuel des Voies de l'équité à l'Université des Premières Nations, à Regina. Le but de la rencontre était de motiver les participants, dont les Autochtones (Premières Nations, Inuits, Métis et Autochtones en milieu urbain), les chercheurs en santé, les étudiants et les responsables des politiques, à commencer à aplanir leurs différences en mettant leurs connaissances en commun.

Les inégalités en matière de santé sont légion entre les populations autochtones (Premières Nations, Inuits, Métis et Autochtones en milieu urbain) et non autochtones du Canada, et les IRSC y portent un intérêt considérable. La mauvaise santé découle de divers facteurs, dont la pauvreté, le manque d'instruction, la déculturation, les conditions de vie inadéquates, l'exposition à des traumatismes et à la violence, ainsi que le manque de ressources et de soutien social. Plusieurs de ces facteurs et problèmes sont particulièrement prononcés chez les Autochtones, d'où la nécessité d'efforts pour s'y attaquer efficacement.

L'initiative phare Voies de l'équité en santé pour les Autochtones a pour but de mieux comprendre comment concevoir, offrir et mettre en œuvre des programmes et des politiques favorisant la santé et l'équité en santé dans quatre domaines prioritaires : la prévention du suicide, la tuberculose, le diabète et l'obésité, et la santé buccodentaire.

« Accroître notre compréhension de la santé autochtone est entièrement une affaire de relations sociales », affirme le Dr Malcolm King, directeur scientifique de l'Institut de la santé des Autochtones (ISA) des IRSC. « Nous devons rétablir ces relations. Si les chercheurs se renseignent sur le traumatisme historique subi par les Autochtones, et respectent leurs traditions, cela nous aidera à voir ce que nous devons faire pour améliorer les choses ensemble. »

L'Université des Premières Nations du Canada, lieu principal du rassemblement annuel des Voies de l'équitéd de 2016.

En 2008, le gouvernement du Canada a créé la Commission de vérité et réconciliation du Canada. En 2015, la Commission a publié 94 appels à l'action pour aider à améliorer la vie des Autochtones, dont une analyse des répercussions négatives du système des pensionnats et la mise en évidence des écarts actuels à combler en matière de santé et de bien-être.

Les survivants autochtones du système de pensionnats ont expliqué aux personnes présentes au rassemblement de cette année comment cette situation d'abus avait poussé certains de leurs camarades de classe au suicide et avait été à l'origine de leurs propres troubles de stress post-traumatique. Pour amorcer le dialogue sur ces questions, les organisations de Partenaires pour l'engagement et l'échange des connaissances (PEEC), programme financé dans le cadre de l'initiative Voies de l'équité, ont agi comme modérateurs des échanges entre les chercheurs et les Autochtones.

Des conversations du genre entre chercheurs et Autochtones peuvent être stressantes, mais aussi enrichissantes.

« On a des membres des communautés autochtones qui pourraient bien avoir l'impression d'être utilisés, observe Christopher Sheppard, vice-président de l'ANCA, ou des chercheurs qui ont l'impression d'être mal compris. Ils n'ont pas tendance à s'asseoir et à vouloir se parler parce qu'ils ont leurs propres besoins. Lorsque ces conversations surviennent quand même, des partenariats vraiment intéressants basés sur la mise en commun des connaissances peuvent en résulter. »

Évidemment, des communications claires sont vitales lorsqu'on traite de questions aussi délicates.

« D'habitude, quand des aînés parlent aux chercheurs, ils le font dans leur langue autochtone, où le même mot peut avoir différents sens », précise Cindy Piche, Anishinaabe de la Première Nation de Wauzhushk Onigum qui travaille pour le conseil des chefs de Kenora. « Parce que l'anglais est leur deuxième langue, je pense que leurs traditions et enseignements autochtones peuvent être mal interprétés par les chercheurs. Et la valeur du travail scientifique des chercheurs peut être mal comprise par les aînés. »

Les IRSC prennent des mesures pour combler ce fossé par le Programme de réseaux de mentorat autochtone, initiative qui vise à renforcer la capacité parmi les nouveaux chercheurs en santé autochtone. Des réunions en personne, des activités et des outils Web permettront à des stagiaires et à des chercheurs en début de carrière d'échanger des informations et de faire tomber les barrières qui empêchent les stagiaires autochtones (membres des Premières Nations, Inuits et Métis, ou Autochtones en milieu urbain) d'entreprendre leur propre carrière de chercheur en santé autochtone.

Le rassemblement de 2016 a donné lieu à une présentation par une équipe de recherche qui a démontré comment des aînés autochtones avaient aidé 44 membres de leurs communautés à obtenir des traitements pour divers troubles de santé mentale (p. ex. suicide, abus d'alcool et de drogue, dépression et anxiété) grâce à leur programme de partenariat avec les aînés autochtones de Vancouver (affilié à l'Université de la Colombie-Britannique). Une des aînées, Roberta Price, a aidé une patiente autochtone atteinte de cancer à se faire traiter dans un hôpital canadien.

« Je me suis rendu compte qu'elle ne voulait pas aller faire traiter son cancer à l'hôpital parce qu'elle avait peur du personnel », a indiqué l'aînée Price.

Simplement en accompagnant la patiente et en l'aidant à franchir les étapes du processus, l'aînée a permis à la patiente de recevoir les soins dont elle avait besoin et de réduire son anxiété.

Le directeur scientifique de l'ISA, le Dr Malcolm King, qui est membre de la Première Nation des Mississaugas de New Credit, a aussi fait remarquer que les chercheurs et les Autochtones doivent essayer de se comprendre eux-mêmes d'abord pour que la réconciliation soit possible.

« Si l'on ne se comprend pas soi-même ou si l'on ne sait pas d'où l'on vient, indique le Dr King, c'est beaucoup plus difficile de comprendre comment d'autres personnes se sentent. J'encourage donc tout le monde à penser à cela et à le mettre en pratique dans ce qu'il fait. »

Liens

Date de modification :