Lauréate du Prix Bhagirath-Singh de début de carrière en recherche sur les maladies infectieuses et immunitaires 2023
Emilia Liana Falcone
On estime que 14,8 % des Canadiennes et Canadiens ayant eu la COVID-19 subiront des complications au-delà de 12 semaines après l’infection initiale. C’est ce qu’on appelle le syndrome post-COVID-19, qui peut s’avérer incapacitant et durer des années. Certains des symptômes les plus courants et les plus persistants sont d’ordre neuropsychologique : fatigue extrême, brouillard cérébral, dépression, anxiété, etc. Les causes de ce syndrome sont mal comprises; c’est pourquoi on ne dispose pas de tests sanguins pour le diagnostiquer ni de traitements efficaces. Nos études antérieures semblaient indiquer que le syndrome post-COVID-19 serait associé à une perturbation du microbiote intestinal (l’ensemble des bactéries qui vivent dans l’intestin), ce qui entraîne une hausse de la perméabilité de l’intestin et de l’inflammation. Nous avons émis l’hypothèse que cette perturbation contribuerait à l’apparition et à la persistance des manifestations neuropsychologiques du syndrome post-COVID-19. Toutefois, les mécanismes par lesquels la modification du microbiote intestinal entraînerait ces complications demeurent inconnus. On sait que les bactéries peuvent produire de petites structures circulaires appelées vésicules extracellulaires (VE), qui se détachent de la membrane cellulaire comme des boules de pâte. Les VE contiennent plusieurs molécules qui pourraient avoir un effet sur différentes cellules du corps. Or, comme le microbiote est surtout composé de bactéries, nous croyons que les VE issues du microbiote peuvent provoquer l’inflammation de l’intestin et en augmenter la perméabilité, si bien que ces mêmes VE se retrouvent dans le sang et créent de l’inflammation dans le cerveau. Nous testerons cette hypothèse en exposant des souris à des selles ou à des VE dérivées du microbiote de patients, dont certains sont atteints du syndrome et d’autres non. Nous évaluerons également les effets sur les cellules humaines nerveuses, intestinales et sanguines des VE dérivées du microbiote qui ont été isolées du sang et des selles de personnes atteintes. En ciblant ainsi le microbiote intestinal et les VE dérivées du microbiote, nous espérons arriver à mettre en évidence de nouvelles méthodes de diagnostic et possiblement de traitement pour le syndrome post-COVID-19.
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