Instaurer des changements positifs dans la vie des peuples autochtones

L’Unité de soutien des Territoires du Nord-Ouest (Hotıì ts’eeda) travaille à la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones dans les domaines de la santé et du bien-être

Des participants mettent en commun des connaissances lors d’un rassemblement annuel de Hotıì ts’eeda à Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest)

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Hotıì ts’eeda (en anglais seulement) (se prononce « o-ti-tsè-da ») est le nom donné à l’Unité de soutien de la SRAP dans les Territoires du Nord-Ouest. Hébergée par le gouvernement Tłı̨chǫ, l’Unité met en relation des organismes et les communautés dans l’ensemble du territoire afin d’atteindre les objectifs de recherche et de formation fixés.

Dans le cadre d’un projet novateur appelé Ełet’ànı̀ts’eɂah (se prononce « é-klète-a-nite-sé-ya »), un nom qui signifie « s’appuyer sur la force collective » dans la langue de la Première Nation Tłı̨chǫ, l’Unité de soutien et les communautés autochtones réfléchissent ensemble aux modalités de mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones en axant leurs efforts sur l’amélioration de la santé et du bien-être de la communauté.

Adoptée par les Nations Unies en 2007, la Déclaration établit un cadre universel de normes minimales à respecter pour assurer la survie, la dignité et le bien-être des peuples autochtones dans le monde. Elle se compose de 46 articles, qui traitent aussi bien de la protection de leurs valeurs culturelles que du respect des droits et des besoins particuliers des aînés, des femmes, des jeunes, des enfants et des personnes présentant un handicap. En 2016, le Canada signe la déclaration, puis promulgue cinq ans plus tard la loi qui en régit l’application dans le pays.

Pour mener à bien le projet Ełet’ànı̀ts’eɂah, l’Unité de soutien travaille en collaboration avec un conseil d’administration dont les membres appartiennent à quatre gouvernements autochtones des Territoires du Nord-Ouest, au ministère de la Santé et des Services sociaux du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et au Groupe de recherche sur la santé autochtone et mondiale de la faculté de médecine de l’Université de l’Alberta.

« En plus du dialogue que nous nouons avec les aînés, les gardiens du savoir et les représentants des gouvernements autochtones, nous travaillons avec le Collectif jeunesse de l’Arctique de l’Ouest afin de tenir compte de leur point de vue dans la mise en œuvre de la Déclaration dans les domaines de la santé et de la recherche en santé », explique la Dre Stéphanie Irlbacher-Fox, directrice scientifique de Hotıì ts’eeda.

« Les connaissances qui nous ont été transmises jusqu’à présent nous ont aidés à tracer les grandes lignes de nos futures directives. Nous avons notamment pu nous appuyer sur les avis et les observations de participants autochtones, de scientifiques, de responsables des politiques de santé ou encore de concepteurs et d’évaluateurs de programmes pour révéler les changements qu’ils peuvent apporter à leurs pratiques pour assurer le respect des droits des peuples autochtones. »

La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, force motrice des avancées

Stephanie Irlbacher-Fox

Lancé en 2017, Hotıì ts’eeda subvient aux besoins des résidents autochtones des Territoires du Nord-Ouest dans divers domaines et est à l’origine du lancement d’un programme de soutien aux étudiants autochtones en médecine, du renforcement des capacités de recherche communautaire, individuellement et collectivement, et de la mise en place d’ateliers de formation sur les compétences culturelles autochtones à l’intention des chercheurs et des responsables des politiques.

Le projet Ełet’ànı̀ts’eɂah revêt une grande importance, car il s’appuie sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones pour induire des changements et réparer les préjudices causés par l’enchevêtrement de lois, d’accords et de programmes qui contreviennent encore aujourd’hui aux droits des peuples autochtones et compromettent leur bien-être.

À partir de 1876, les enfants autochtones ont par exemple été séparés de leurs familles et soumis à une assimilation religieuse et culturelle à marche forcée dans des pensionnats. En dépit de la fermeture de la dernière école en 1997 et des excuses présentées par le gouvernement du Canada, les peuples autochtones continuent de souffrir des conséquences d’un traumatisme intergénérationnel qui aura plongé les communautés autochtones dans une profonde détresse sociale.

Incidemment, les traités conclus entre les peuples autochtones et la Couronne pour régir l’occupation du territoire n’ont pas été respectés et ont abouti à la relégation de l’essentiel des communautés autochtones vers des régions reculées de leurs territoires traditionnels partout au Canada.

Grâce à la formation de gouvernements autochtones en 2003, comme le gouvernement Tłı̨chǫ, et sous l’impulsion de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, la situation commence à évoluer favorablement

« Ełet’ànı̀ts’eɂah est un projet qui instiguera des transformations profondes, mais il s’inscrit sur plusieurs générations, souligne la Dre Irlbacher-Fox. L’élaboration de nos directives de mise en œuvre de la Déclaration repose sur une démarche qui confère au partage des connaissances et aux liens de partenariat avec les peuples autochtones des Territoires du Nord-Ouest un rôle clé dans l’éducation et l’orientation des chercheurs et des responsables des politiques. Nous sommes convaincus que toutes les personnes qui s’impliquent dans ce projet sont animées des meilleures intentions, ce qui implique d’intégrer les connaissances et les cultures autochtones dans les travaux de recherche, et nous y travaillons. »

Des participants assistent à un spectacle de percussion lors d’un rassemblement annuel de Hotıì ts’eeda à Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest)

Des connaissances diffusées sur le terrain

John B. Zoe

Les réunions annuelles de l’Unité de soutien de la SRAP, qui se tiennent sur les terres autochtones à l’extérieur de Yellowknife, rassemblent des chercheurs autochtones et non autochtones, des leaders des gouvernements autonomes, des aînés, des jeunes et des membres des communautés autochtones. Elles offrent l’occasion aux participants de débattre des orientations stratégiques à donner à l’Unité de soutien, mais aussi de mettre en commun des avancées scientifiques et des connaissances autochtones. Les chercheurs non autochtones profitent par exemple de ces réunions pour découvrir des pratiques médicinales liées à la terre, comme l’utilisation de l’écorce de saule, dont les vertus s’apparentent à celles de l’aspirine vendue en pharmacie, ou pour être initiés à des traditions et à des activités culturelles autochtones comme le perlage.

« Lors de nos réunions annuelles, des avancées scientifiques sont traduites par des aînés en six ou sept langues autochtones différentes, ce qui facilite leur diffusion auprès de 10 000 membres des communautés autochtones réparties à travers les Territoires du Nord-Ouest », dit le Dr John B. Zoe, président Tłı̨chǫ du conseil de gouvernance de Hotıì ts'eeda. « C’est la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et Hotıì ts’eeda qui ont rendu ce type d’initiative possible. »

« La mise en place d’un gouvernement autonome dans la communauté Tłı̨chǫ et dans d’autres communautés des Territoires du Nord-Ouest, avec le soutien d’organismes comme les Instituts de recherche en santé du Canada, nous permettent de faire un grand pas en avant dans l’évaluation des besoins autochtones ainsi que de nous préparer à d’autres défis. Si la diffusion de l’information est fluide, alors les points de vue autochtones trouveront leur place dans les processus de décision relatifs aux politiques de santé et à leurs retombées, y compris dans les textes de loi. »

Mobiliser la jeunesse autochtone

Pour consolider ces avancées importantes, tant sur le plan politique que sur celui des services de santé, l’Unité de soutien souhaite s’assurer que l’éducation reçue par les jeunes générations dans l’éducation supérieure respecte leurs spécificités culturelles et leurs connaissances.

« Dans nos méthodes d’enseignement, nous veillons à ce que les jeunes autochtones puissent renforcer leurs liens avec leur terre, leur langue, leur culture et leur mode de vie, et ce, dès leur plus jeune âge, affirme le Dr Zoe. S’ils grandissent avec cette force collective, alors ils pourront instaurer à l’âge adulte des pratiques de soins de santé positives et conformes à leurs traditions et ainsi dissiper les préjugés systémiques selon lesquels les peuples autochtones ont toujours besoin d’aide. Ils pourront également maintenir l’accès de la communauté à des mentors, à des espaces bienveillants, aux récits ancestraux et aux aînés et donner de l’impulsion aux avancées que nous accomplissons pour revitaliser notre culture. »

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