Le projet Wellness Wheel offre des traitements efficaces aux résidents des communautés autochtones de la Saskatchewan par un échange des connaissances

Des chercheurs financés par les IRSC sont à l’écoute des besoins des Autochtones en offrant un soutien médical et émotionnel.

Dre JoLee Sasakamoose
Dr Stuart Skinner

4 octobre 2021

Que feriez-vous si vous souffriez d’une maladie grave nécessitant des traitements dans une clinique médicale située en milieu urbain, mais que vous n’aviez aucun moyen de vous y rendre? C’est à cette dure réalité que faisaient face les peuples autochtones de la Saskatchewan. Heureusement, grâce au soutien financier de l’Environnement réseau pour la recherche sur la santé des Autochtones des IRSC, la situation est en train de changer.

Avec l’approbation du Conseil tribal de Touchwood Agency, le Dr Stuart Skinner, docteur en maladies infectieuses et professeur adjoint à l’Université de la Saskatchewan, offre maintenant du soutien médical sur place, comme directeur du projet Wellness Wheel, une clinique qui compte des établissements dans 12 communautés des Premières Nations de la Saskatchewan. Au sein même des réserves, cette clinique, qui offre des soins de santé accessibles et culturellement adaptés aux communautés partenaires des Premières Nations, est le fruit d’une collaboration avec la Dre JoLee Sasakamoose, directrice de la recherche pour le projet Wellness Wheel, qui vise à ce que les intérêts et les enjeux de santé prioritaires des communautés autochtones soient le moteur d’initiatives de ce genre.

« D’un point de vue clinique, on parle d’un accès équitable à des soins de santé, explique le Dr Skinner. Ça n’a pas de sens que les membres d’une communauté aient à se débrouiller pour trouver une façon de se rendre dans des cliniques situées en ville pour recevoir des traitements, quand je peux, moi, me déplacer vers eux. En tant qu’homme blanc, je vois ce partenariat avec des gens issus des Premières Nations comme extrêmement formateur, et leur approche différente de la santé finit par enrichir notre propre système de soins de santé. »

« Je crois qu’il est important d’étudier les moyens pris par les peuples autochtones pour survivre, plutôt que ce qui les a rendus malades », précise la Dre Sasakamoose, également professeure agrégée et directrice du programme de psychologie éducationnelle et de counseling à la Faculté d’éducation de l’Université de Regina. « Quand mon fils est né, par exemple, ma grand-mère m’a appelée pour savoir si je possédais un berceau. Quand je lui ai dit que nous comptions utiliser un hamac traditionnel cri, fait de cordes et de couvertures, elle m’a dit que l’idée était très bonne, car ce type de lit protégerait les oreilles internes de notre fils contre les infections. C’est quelque chose qui n’est pas nécessairement connu de la médecine occidentale; si nous collaborions, de cette façon et aussi sur d’autres aspects, nous pourrions guérir ensemble ».

La clinique Wellness Wheel a pris plusieurs mesures pour atteindre cet objectif. JoLee Sasakamoose et Stuart Skinner ont présenté une demande de subvention pour un projet qui vise à aider les résidents diabétiques des communautés autochtones de la Saskatchewan à éviter de potentielles amputations, grâce à des évaluations médicales rapides. Pendant la pandémie, alors que le Dr Skinner ne pouvait faire ses visites sur place, des cliniques virtuelles ont pu pallier ce problème. Enfin, grâce à un généreux don de l’Université de Regina, ils ont pu mettre sur pied un Kanawêýihtâkosiwin (qui signifie pris en charge), un centre médical communautaire en ligne.

Le Dr Skinner (à gauche) et la Dre Sasakamoose (à droite) lors d'un webinaire Wellness Wheel sur la COVID-19

« En utilisant des iPad, les patients autochtones ont pu obtenir des soins à distance par des médecins et des infirmières, se réjouit la Dre Sasakamoose. Nous avons aussi pu aider des patients autochtones très vulnérables qui songeaient au suicide grâce à des consultations régulières avec des psychiatres par téléphone. »

Le projet Wellness Wheel a aussi favorisé le renforcement des capacités par la formation de pairs autochtones ayant une expérience concrète, de sorte qu’ils puissent apporter le soutien émotionnel nécessaire à d’autres résidents autochtones vivant avec le diabète, le VIH, une dépendance ou d’autres maladies. Cette aide peut aussi bien vouloir dire tenir la main d’un patient pendant un traitement que d’enseigner à une personne diabétique comment utiliser un lecteur de glycémie.

Par l’intermédiaire du réseau de mentorat autochtone de la Saskatchewan, que financent les IRSC, le projet Wellness Wheel procure aux étudiants en médecine l’occasion d’accompagner le Dr Skinner pendant deux semaines, en rotation. La Dre Sasakamoose donne elle aussi de la formation aux étudiants à la maîtrise qui étudient pour obtenir un diplôme en counseling appliqué.

Dans le cadre de Wellness Wheel, on aide les membres de communautés autochtones à participer comme stagiaires au projet de subvention.

« Par exemple, des infirmières qui travaillent dans une communauté autochtone peuvent participer à des conférences sur le VIH, explique la Dre Sasakamoose. Nous nous assurons que chaque personne qui a travaillé au projet de subvention a la chance de faire entendre sa voix dans l’application et la diffusion des résultats de recherche. »

Un autre volet consiste à stimuler l’intérêt de jeunes autochtones envers la recherche en santé des Autochtones, pour les motiver à suivre un cheminement en sciences.

« Ces élèves ont besoin qu’on anime leur esprit, leurs émotions, leur corps et leur spiritualité pendant leur parcours scolaire (de la maternelle à la 8e année) et au sein de leur communauté, poursuit la Dre Sasakamoose. Ils ont besoin de savoir qu’il y a autre chose que les problèmes émotionnels et physiques qu’ils vivent à la maison, et qu’un cheminement peut les y amener. En semant l’idée d’un parcours vers les études supérieures, nous tentons d’encourager la croissance, au sein même de notre équipe, ainsi que dans la communauté autochtone. Mon objectif est que ce soit un autre Autochtone qui prenne la relève quand j’aurai terminé ».

Pendant que la nouvelle génération de chercheurs autochtones se forme grâce à Wellness Wheel, il en est de même pour les médecins généralistes occidentaux.

« En tant que praticien de la médecine occidentale, je peux dire que la médecine personnalisée ne se borne pas à observer les données génétiques et à administrer des médicaments ciblés aux patients, affirme le Dr Skinner. Il s’agit aussi de s’attarder à connaître leurs familles et à comprendre les défis avec lesquels ils doivent composer. Grâce à Wellness Wheel, chaque fois que je traite une personne autochtone, je suis capable de dire : “je le connais!” lorsqu’ils me parlent du chef d’une communauté. Tout à coup, une lumière s’allume dans leurs yeux, parce qu’ils savent que je suis capable de comprendre ce qui est important pour eux. Ça m’aide aussi à respecter plus encore leurs valeurs traditionnelles. »

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