À micro ouvert avec Mike no 6 : La Dre Patricia Conrod parle du cerveau des adolescents en développement
Dans cette édition de la série À micro ouvert avec Mike, le Dr Strong rencontre la Dre Patricia Conrod, psychologue clinicienne et professeure de psychiatrie à l’Université de Montréal. La Dre Conrod mène des recherches sur le cerveau des adolescents en développement, en se concentrant sur l’incidence de la consommation précoce de cannabis, d’alcool et de tabac.
Cette vidéo a été tournée en décembre 2019, avant l'éclosion de la pandémie de COVID-19 et la mise en œuvre des mesures de distanciation physique.
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Transcription
Dr Mike Strong : Bienvenue à ce nouvel épisode d’À micro ouvert avec Mike. Aujourd’hui, nous sommes à l’Université de Montréal pour discuter avec la Dre Patricia Conrod, une psychologue qui travaille sur des sujets fascinants, en particulier sur le cerveau en développement des adolescents. Elle s’intéresse aux conséquences de la consommation de drogues sur le cerveau. Ce sera une excellente discussion, et je suis impatient de commencer. Allons-y sans plus tarder!
Bonjour Patricia, et merci d’être avec nous aujourd’hui. Nous sommes très heureux de pouvoir discuter avec vous. Votre recherche est fascinante. Nous voulons donc en savoir plus à ce propos, et nous discuterons d’autre chose aussi. Pour commencer, parlez-nous de vos travaux de recherche.
Dre Patricia Conrod : Bien sûr. Je suis psychologue clinicienne de formation et professeure au Département de psychiatrie de l’Université de Montréal. J’étudie les facteurs de risque neurobiologiques des troubles de santé mentale et des dépendances. J’applique aussi mes apprentissages à de nouvelles stratégies de prévention et d’intervention précoce.
Dr Strong : D’accord. En tant que psychologue, comment arrivez-vous à appliquer ces connaissances? Quelle est votre approche?
Dre Conrod : Dans certains cas, nos apprentissages sur les facteurs de risque peuvent être appliqués à des stratégies d’intervention existantes, pour les rendre beaucoup plus ciblées ou sélectives. Dans d’autres cas, il faut donner à fond dans l’expérimentation pure et tester une nouvelle intervention. Autrement dit, on crée un tout nouveau programme fondé sur la neuropsychologie ou sur une autre forme d’intervention psychosociale, ou par exemple une intervention inspirée de la neuromodulation. Donc, on crée quelque chose de toutes pièces, puis on met cette création à l’essai.
Dr Strong : Si je comprends bien, de ce que j’ai lu sur votre travail, vous vous intéressez particulièrement au cerveau en développement, de l’adolescence jusqu’au début de l’âge adulte?
Dre Conrod : Oui.
Dr Strong : Donc le contexte de tout ça, c’est un cerveau qui n’est pas complètement formé avant la mi-vingtaine, c’est bien ça? Comment travaillez-vous avec quelque chose comme… le cerveau?
Dre Conrod : En évolution.
Dr Strong : C’est ça, il n’est pas tout à fait prêt.
Dre Conrod : En fait, plusieurs méthodologies de recherche sont en cause. Par exemple, lorsqu’on étudie un traitement, on ne fait qu’observer si le problème se résorbe ou s’atténue d’une certaine manière. Mais lorsqu’on s’intéresse aux effets d’une stratégie de prévention, on utilise une tout autre méthodologie : il faut suivre les sujets plus longtemps. En général, le cerveau des enfants devient beaucoup plus gros avec le temps. Pour déterminer si une étape du développement normal manque, il faut toujours une mesure de contrôle. La méthodologie est donc parfois différente. On doit aussi s’assurer que l’étude recueille ce qui apparaît avec le temps, pour qu’elle soit sensible aux changements développementaux, par exemple.
Dr Strong : Dans mon entourage, on parle beaucoup des différences développementales entre les garçons et les filles à l’adolescence. Ce n’est pas seulement l’environnement social ou économique qui a une influence, il y a réellement des différences fondamentales.
Dre Conrod : En effet. Ce sont parfois des différences qualitatives, mais il y a aussi des différences dans le rythme et le cours des changements. Un sexe ou un genre pourrait vivre un processus plus tôt ou plus tard que l’autre, ou simplement ne pas le connaître. Il y a donc beaucoup de différences importantes.
Dr Strong : Cela joue donc sur la taille de l’échantillon dont vous avez besoin, parce que c’est aussi une variable.
Dre Conrod : En effet, cela influe sur la taille de l’échantillon. Je pense que le facteur le plus important à cet égard est l’intérêt que je porte à des troubles qui sont considérés comme courants en psychiatrie et dont la prévalence est assez élevée. Au pays, au moins une personne sur trois, si ce n’est pas plus, connaîtra un problème de santé mentale à un moment ou à un autre de sa vie. Mais lorsqu’on tente de prévenir des troubles plus rares, comme certaines formes de consommation de drogues ou le suicide, il faut un échantillon beaucoup plus grand pour montrer que c’est possible, surtout si la prévention est ardue.
Dr Strong : Une nouvelle variable est introduite dans le comportement des adolescents. Ce serait le cas du cannabis
Dre Conrod : Et du vapotage.
Dr Strong : Oui, le vapotage, on y reviendra. Pour le cannabis, nous savons, au moins selon les études que j’ai consultées, que les Canadiens ont l’âge médian de la première consommation le plus bas. Nous avons certains des produits les plus purs qui existent. Et ils sont maintenant accessibles. C’est donc une toute nouvelle variable et au moins, c’est rapporté. Quels en sont les effets sur votre travail?
Dre Conrod : Les effets sur mon travail? Ça le place assurément à l’avant-scène. De nombreuses personnes s’intéressent à mes recherches. En passant, je travaille sur le développement neuropsychologique et social dans le contexte du cerveau. Ce que j’étudie, ce sont les effets d’une consommation précoce de cannabis, d’alcool et de tabac sur le cerveau en développement.
Mon approche implique aussi de comparer les effets de différentes drogues. Nous appliquons les mêmes tests pour chaque substance. Ce qu’on découvre – et c’est assez surprenant –, c’est que le cannabis a des conséquences plutôt importantes sur le développement du cerveau, le développement neuropsychologique et la santé mentale.
Dr Strong : Des conséquences positives ou négatives?
Dre Conrod : Négatives. C’est un peu étonnant parce que l’alcool et le cannabis se présentent différemment sur le plan de la santé publique ou de leurs méfaits. L’alcool est une drogue très néfaste pour la société parce qu’elle est associée à des accidents et à des problèmes de santé.
Mais si on ne considère que le développement du cerveau des adolescents, les plus récentes études suggèrent que le cannabis serait en fait plus dommageable que l’alcool. Évidemment, ça dépend de la vision adoptée, des résultats qu’on observe. Mais pour le cerveau en développement, le cannabis présente un profil qui exige beaucoup plus de recherche.
Dr Strong : Bien sûr. J’ai des collègues qui travaillent sur le sujet. Je travaille moi-même en neurobiologie et sur les maladies neurodégénératives. Je m’intéresse donc à ce sujet plus du point de vue de la démence, beaucoup plus tard dans la vie. Mais il y a beaucoup de travail.
Dre Conrod : L’alcool joue un rôle important.
Dr Strong : Vous savez, lorsqu’on étudie des animaux – des rats, par exemple – et qu’on leur donne des cannabinoïdes, après un certain temps, on observe des changements comportementaux. On peut mesurer la présence d’anxiété et de dépression. Et, comme vous le disiez, ce sera une personne sur trois, si ce n’est pas plus, qui connaîtra un trouble de santé mentale ou un autre au cours de sa vie. Pourtant, ce taux est plus important chez les plus jeunes maintenant, non? Je parle surtout des adolescents qui approchent de la vingtaine. Est-ce qu’on regarde cette situation en se disant que les drogues en sont la cause? Est-ce qu’on s’en inquiète?
Dre Conrod : C’est très difficile de tirer des conclusions parce que les habitudes de consommation de drogues ont beaucoup évolué au cours des 10 à 15 dernières années en Amérique du Nord. On ne peut donc pas facilement associer ces changements aux résultats sur la santé mentale. Ce qui est clair, c’est qu’en Amérique du Nord, les taux d’anxiété et de dépression augmentent chez les jeunes. Mais c’est difficile de tirer une telle conclusion.
Dr Strong : C’est difficile de dégager un lien de causalité.
Dre Conrod : On fait présentement des études afin de définir les relations de cause à effet entre la consommation de substance, la santé mentale et le développement neuronal. Grâce à d’immenses études de cohortes incluant de multiples évaluations répétées, on peut trouver un effet potentiel de l’apparition de la consommation de substance au cours du développement.
Dr Strong : Projetons-nous dans cinq ou dix ans. Quelles sont les retombées que vous espérez pour votre recherche?
Dre Conrod : Je veux que mon travail ait des retombées sur les interventions et les politiques qui protègent la population de l’abus de substances. C’est devenu clair pour moi, et pour beaucoup de Canadiens, je pense, que les politiques de criminalisation ne sont pas un moyen efficace de réglementer la consommation de substance et de réduire les méfaits associés. Mais cela ne veut pas dire que nous n’avons pas besoin de politiques de réglementation. En fait, ce que je comprends de la littérature, c’est que plus les substances sont difficiles d’accès dans une société, mieux la population est protégée. Quelque part entre la décriminalisation et la légalisation non encadrée, il faut toute une gamme de politiques fondées sur des données probantes, et nous devrons les interpréter.
Nous avons aussi besoin de programmes d’intervention qui protègeront les personnes possiblement vulnérables à l’abus de substances ou qui ont vécu des méfaits en raison de processus ou facteurs génétiques, familiaux, individuels, personnels ou culturels.
Dr Strong : Comment êtes-vous arrivée dans ce domaine? C’est fascinant.
Dre Conrod : C’est vraiment un domaine fascinant.
Dr Strong : Ça doit être prenant de penser à toutes ces choses. Comment êtes-vous arrivée sur ce parcours?
Dre Conrod : Je me souviens d’avoir suivi mon premier cours de psychologie au collège postsecondaire, qu’on appelle cégep au Québec. Je me débrouillais assez bien, mais c’est quand j’ai été exposée à la recherche sur le cerveau que je suis devenue absolument fascinée, beaucoup plus motivée et concentrée.
Dr Strong : Parce que, comme on le sait, pendant la formation en psychologie, il y a un point où l’on choisit de devenir exclusivement clinicien ou d’intégrer la recherche à son travail. C’est une décision active.
Dre Conrod : Oui, au Canada, je crois, plus que dans de nombreux autres pays, on préserve le modèle du clinicien-chercheur en psychologie. Donc la plupart des psychologues cliniciens au Canada ont dû rédiger une thèse de doctorat. Je crois que c’est très important parce qu’on ignore encore tellement de choses sur le cerveau et sur les interventions offertes en pratique clinique. Je crois que tout le monde, tous les praticiens de la psychologie devraient suivre les dernières publications scientifiques et évaluer les résultats des interventions qu’ils offrent. Je crois que ça devrait être le cas pour toutes les sciences de la santé.
Dr Strong : Je suis d’accord. Alors, quel chemin avez-vous pris pour finir dans le domaine de la dépendance?
Dre Conrod : J’ai suivi le programme spécialisé de premier cycle de l’Université McGill. À la deuxième année, on devait faire un projet de recherche. J’ai rencontré les différents professeurs faisant de la recherche dans le département. Comme vous le savez, à l’Université McGill, il y a des recherches fascinantes en psychologie. Je me suis assise, j’ai écouté et j’ai étudié un peu ce que Robert (Bob) Pihl faisait. Il est chercheur à l’Université McGill dans le domaine des dépendances. Je trouvais son travail fascinant, j’ai commencé là, puis j’ai continué. Ce que je trouve intéressant de la recherche sur les dépendances, c’est qu’on peut étudier ce phénomène à différentes échelles : cellulaire, moléculaire, systémique, individuelle et sociétale. On ne s’ennuie jamais!
Dr Strong : Beaucoup de gens nous demandent : « comment as-tu choisi cette voie? ». Est-ce qu’on peut reculer encore plus loin? Lorsque vous étiez jeune, est-ce qu’il y a eu une personne dans votre vie qui a fait office de mentor?
Dre Conrod : S’il y a eu un mentor? Eh bien, ma mère est psychologue, elle a certainement eu une influence sur moi. Lorsque j’étais à l’université, elle est retournée aux études et a travaillé jusqu’à obtenir son doctorat. Évidemment, elle a influencé mon parcours.
Dr Strong : Dans le même domaine de la psychologie?
Dre Conrod : Dans un autre domaine, mais elle a été formée comme psychologue clinicienne et elle exerce encore à ce jour. Mon père était enseignant, ce qui a évidemment inspiré mon cheminement dans le milieu universitaire.
Dr Strong : Une autre chose à laquelle on s’intéresse… Notre travail fait partie de notre vie et évidemment on l’adore. Vous aimez clairement ce que vous faites, mais en dehors du travail, que faites-vous?
Dre Conrod : Principalement, je prends soin de ma famille. J’ai deux enfants. Sinon, je m’occupe de ma santé physique. Je danse dès que j’en ai l’occasion.
Dr Strong : Un style en particulier? Jazz ou ballet?
Dre Conrod : Je fais de tout, j’essaie simplement d’avoir un mode de vie sain et de maintenir un bon réseau de soutien.
Dr Strong : Vous avez deux enfants?
Dre Conrod : Oui. Ils ont 11 ans et 14 ans.
Dr Strong : Est-ce que l’un d’eux commence à dire qu’il aimerait suivre vos traces? Est-ce qu’ils veulent en savoir plus sur ce que vous faites?
Dre Conrod : Absolument, ils sont toujours curieux. Je pense qu’ils sont intéressés tant par le choix de carrière de mon mari que par le mien.
Dr Strong : Que fait votre mari?
Dre Conrod : Présentement, il dirige une jeune entreprise à Montréal.
Dr Strong : Un autre monde.
Dre Conrod : C’est complètement différent, mais il y a tout de même beaucoup de recoupements parce qu’on travaille tous les deux avec les données massives.
Dr Strong : D’accord
Dre Conrod : La technologie numérique est assez universelle en sciences et en affaires. On gère aussi tous deux de grandes équipes, et on doit diriger des projets et suivre des échéanciers.
Dr Strong : Vous évoluez donc un peu dans le même ordre d’idées, mais pour ce qui est du concept de mentorat, lorsque vous parlez à des étudiants, surtout de jeunes étudiants à la recherche de conseils ou qui envisagent cette voie, que leur conseillez-vous?
Dre Conrod : Je ne l’ai pas mentionné, mais parmi mes mentors importants se trouvent quelques étudiants des cycles supérieurs qui travaillaient dans le laboratoire où j’ai commencé à étudier et avec qui je collabore toujours aujourd’hui. Ils ont été très importants. Ce que je dirais aux étudiants, c’est de trouver une cohorte d’étudiants de leur niveau, de s’assurer qu’ils interagissent avec leurs pairs ou avec ce réseau, mais aussi de trouver une personne qui a un peu plus d’expérience, qui peut leur fournir de l’information et les guider dans leurs décisions. C’est aussi quelque chose que j’essaie de créer dans mon équipe, dans le centre de recherche et dans le département parce que l’effet de cohorte, c’est très important.
Dr Strong : Ce que vous dites est intéressant, parce que lorsqu’il est question de mentorat, c’est parfois improvisé. Il y a des personnes qui sont des mentors actifs dont on cherche l’aide, qui s’intéressent à nous et qui passent du temps avec nous. Mais il y a aussi le mentorat accidentel en quelque sorte, des collègues et amis qui sont des pairs et qui nous apprennent des choses au fil du parcours. Et si on n’a pas eu la chance d’expérimenter ce type de mentorat, c’est assez difficile de le comprendre.
Dre Conrod : Oui. Il y a des façons pour un superviseur ou un chef d’équipe de favoriser ce type d’interaction sans être le mentor direct.
Dr Strong : Je me trompe peut-être, mais j’ai l’impression qu'à l'heure actuelle, surtout pour les étudiants de premier cycle, il y a une plus grande ardeur pour réussir et passer au prochain niveau. Le sens de la communauté n’est donc pas tout à fait là. J’ai l’impression qu’il n’est pas aussi fort et je m’inquiète que ce mouvement se transpose aux cycles supérieurs. Pour ceux d’entre nous qui enseignent ou forment la relève, avez-vous des conseils ou des outils pour encourager ce type de mentorat?
Dre Conrod : Je pense que c’est là que le laboratoire de recherche a une culture complètement différente. Peut-être qu’au premier cycle, il y a beaucoup de compétition et un certain anonymat dans les grandes universités. Mais une fois que les étudiants entrent dans un laboratoire de recherche – ce qui peut se faire dès la deuxième année d’université –, c’est une expérience très différente. C’est plus petit, les gens se soutiennent. Ils travaillent tous pour un même objectif.
Dr Strong : D’accord.
Dre Conrod : Ils échangent des ressources. Il y a aussi une vie sociale qui vient avec ça. Je pense que c’est un autre avantage et une autre raison d’encourager les étudiants de premier cycle à s’impliquer dans la recherche. Ça change complètement l’expérience universitaire de premier cycle.
Dr Strong : Je vais vous poser une question qui va vous plonger un peu dans l’avenir. Une partie de mon travail porte sur le lobe frontal et les problèmes de fonctionnement exécutif.
Dre Conrod : J’ai aussi beaucoup travaillé sur ce sujet.
Dr Strong : Ok, donc, vous savez, quand j’ai commencé, la théorie de l’esprit n’était même pas reconnue. On avait cette idée que quelque chose n’allait pas dans la partie comportementale du lobe frontal du cerveau. On ne comprenait pas encore le concept de praxie. Donc je suis là depuis un peu plus longtemps. Pendant que je travaillais là-dessus, j’ai vu l’évolution fascinante de notre capacité à comprendre le fonctionnement des lobes frontaux et leur contribution à l’essence d’un individu. Jamais je n’aurais pu le prédire, ou penser que certaines images se ressemblent lorsqu’on parle de réseaux neuronaux et de la façon dont ils interagissent. Vous êtes dans un autre domaine actuellement et vous avez toute les capacités d’imagerie et la possibilité d’interroger ces régions du cerveau. Qu’est-ce qui vous étonnerait si on faisait un bond dans cinq ou dix ans? Est-ce qu’il y a des choses qu’on ignore du fonctionnement du cerveau sur lesquelles vous pourriez passer un temps infini parce qu’elles nous apprendront quelque chose d’inconnu? Est-ce qu’il vous arrive de penser à cela?
Dre Conrod : Oui. On ne sait pas ce qu’on ne sait pas.
Eh bien, je pense qu’une chose qui se produit aujourd’hui, c’est qu’on redéfinit notre manière de comprendre et de mesurer les troubles psychiatriques. Il y a les systèmes de classification psychiatrique traditionnels et les manières dont on parle des troubles psychiatriques, comme la dépression majeure, les troubles anxieux, la psychose. De plus en plus de gens s’entendent pour dire que ces troubles se situent sur un continuum. Ce n’est donc pas simplement une question d’en être atteint ou non. Il est possible qu’une personne ressente des symptômes de ces troubles sans en subir les méfaits et sans nécessiter une intervention clinique, mais seulement après un certain point. On apprend aussi qu’il y a d’autres dimensions qui influent sur tous les troubles psychiatriques, et qu’il y a donc une vulnérabilité aux problèmes psychologiques et aux troubles psychiatriques, sans être propre à un trouble en particulier. Comme on peut l’imaginer, cette compréhension hiérarchique des fonctions exécutives, des processus cognitifs, des comportements, des troubles psychiatriques et des facteurs de risque psychopathologiques ne fait que débuter et changera complètement notre manière de voir les choses. Elle nous force vraiment à réformer notre pensée linéaire et catégorisée pour considérer les interactions des multiples dimensions, les processus qui font aussi partie d’une hiérarchie. Chez les humains, pour comprendre cette complexité et les actions nécessaires pour progresser, il nous faudra des systèmes, à savoir des façons de parler, d’interagir, de comprendre des choses très complexes, parce que c’est seulement ainsi qu’on parviendra réellement à comprendre ce qui se passe dans le cerveau.
Dr Strong : J’ai l’impression que la passion ne s’en ira pas de sitôt pour vous.
Dre Conrod : Non.
Dr Strong : J’ai bien aimé discuter avec vous, ce fut fort intéressant.
Dre Conrod : Moi aussi. Merci de m’avoir invitée.
Dr Strong : Je pourrais encore passer une heure ou deux à parler de ce sujet, mais merci beaucoup. Voilà qui conclut cet épisode d’À micro ouvert avec Mike. Patricia, merci d’avoir discuté avec moi! À la prochaine! Bonne journée!
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