COVID-19

Perspective à long terme : mieux comprendre la COVID-19 grâce à l'étude PURE

Dr Darryl Leong

Si l'année 2020 semble s'étirer en longueur, la pandémie de COVID-19 ne dure bien que depuis quelques mois seulement. Bien que des progrès remarquables aient été réalisés en si peu de temps au chapitre de la recherche, la nouveauté de la maladie et l'envergure mondiale de la pandémie laissent encore des questions sans réponse.

Pour le Dr Darryl Leong, scientifique de l'Institut de recherche sur la santé des populations de l'Université McMaster, deux questions importantes ressortent du lot.

« Pourquoi certaines personnes attrapent-elles la COVID-19, et d'autres, non, même avec des degrés d'exposition semblables? Autrement dit, existe-t-il des facteurs prédisposant à l'infection? Ou des facteurs de protection? Nous ne le savons pas encore. Ensuite, si quelqu'un contracte le virus, quelles sont les répercussions à long terme sur sa santé, que ses symptômes soient graves ou non? »

En surface, ces questions semblent simples, mais leur examen adéquat constitue une tâche complexe. Il faut avoir accès aux données de milliers de personnes et à leurs antécédents relatifs à la COVID-19, ainsi que pouvoir suivre ces gens au fil du temps afin de rassembler de l'information sur les répercussions à long terme sur leur santé, le cas échéant. Le type de recherche se prêtant le mieux à ces réponses consiste en une vaste étude de cohorte qui comporte le recrutement de volontaires et la collecte des mêmes renseignements sur chacun d'eux au fil du temps.

Le lancement d'une telle étude peut prendre beaucoup de temps, mais le Dr Leong est déjà bien placé pour tirer profit de travaux existants. Il est l'un des chercheurs de l'étude Prospective Urban and Rural Epidemiological (PURE) [étude épidémiologique prospective urbaine et rurale] (en anglais seulement), projet de recherche de longue haleine sur un millier de collectivités urbaines et rurales de 27 pays à revenu élevé, intermédiaire ou faible. Comme environ 200 000 adultes participent à l'étude depuis les 10 dernières années, il est comparativement facile pour le Dr Leong d'amorcer maintenant une sous-étude pour recueillir d'une partie de ces volontaires des renseignements liés à la COVID-19. 

« Une bonne partie de nos connaissances sur la COVID-19 provient de patients qui se sont présentés à l'hôpital ou qui ont fait l'objet d'un dépistage parce qu'ils présentaient des symptômes, explique le Dr Leong. Cela limite l'information que nous possédons sur la maladie, étant donné la possibilité que les recherches disponibles actuellement n'incluent pas de données sur de nombreuses personnes qui ont contracté la COVID-19, mais dont le diagnostic n'a pas été adéquatement établi. Cependant, avec l'étude PURE, nous avons déjà réuni beaucoup de renseignements sur les participants, y compris maintes précisions sur leur vie avant la COVID-19. Nous pourrons ainsi combler certaines lacunes dans nos connaissances sur la maladie. »

Qu'est-ce qu'une étude de cohorte?

Il s'agit d'une étude par laquelle on recueille de l'information sur un grand groupe de personnes afin de comprendre les facteurs qui contribuent à la santé et à la maladie. Dans ce type d'étude, des participants sont recrutés pour qu'ils répondent à des questionnaires (p. ex. sur leur régime alimentaire, leur état de santé mentale ou leur vie personnelle), fournissent des échantillons biologiques (p. ex. de sang ou d'urine) et/ou subissent des examens médicaux pour obtenir d'autres renseignements (p. ex. sur le poids, la fonction pulmonaire ou la santé cardiovasculaire).

Comme ces études peuvent durer des mois ou des années, les participants doivent habituellement fournir cette information plusieurs fois afin que les chercheurs puissent obtenir des détails sur l'évolution de la santé et de la situation des sujets.

Les études de cohorte sont de nature observationnelle, c'est-à-dire que les chercheurs recueillent de l'information des participants sans intervenir dans leur vie.

Les données obtenues peuvent mettre en lumière les facteurs de risque de certaines maladies ou montrer les corrélations entre les habitudes de vie ou les circonstances et la protection de la santé.

Pour combler celles-ci, l'équipe du Dr Leong invitera 40 000 participants de l'étude PURE de 13 pays à fournir un nouvel échantillon de sang qu'elle analysera à l'affût d'anticorps contre la COVID-19. Ensuite, elle comparera les caractéristiques de participants qui ont eu la COVID-19 (c.-à-d. ceux qui ont présenté des anticorps) avec ceux qui n'ont pas été infectés, afin de déceler les caractéristiques qui sont plus communes aux membres de ce dernier groupe.

« Nous tentons de repérer les facteurs qui prédisposent les gens à la COVID-19 ou qui les en protègent, ce qui est important pour formuler des conseils factuels sur la manière de limiter le risque d'infection, ajoute le Dr Leong. Grâce à la taille de cette étude, nous pourrons examiner si des facteurs alimentaires, les niveaux d'exercice, le tabagisme, la consommation d'alcool, la fonction pulmonaire ou la force musculaire sont susceptibles d'avoir une incidence sur la vulnérabilité d'une personne à la maladie et même sur la gravité de celle-ci. »

Les participants atteints de la COVID-19, même sous une forme bénigne ou asymptomatique, feront l'objet d'une autre analyse pour vérifier s'ils présentent des signes de lésion pulmonaire causée par l'infection. Bien que l'équipe cherche à recueillir et à analyser les données de tous les participants d'ici le milieu de 2021, le Dr Leong prévoit aussi suivre ceux-ci pendant trois autres années afin de voir si les personnes qui ont contracté la COVID-19 présentent des complications tardives (p. ex. une maladie pulmonaire ou des problèmes cardiaques ou circulatoires) plus souvent que les autres.

Cette étude unique n'est possible qu'en raison des relations solides nouées par l'Institut de recherche sur la santé des populations avec des partenaires de pays à revenu faible, intermédiaire et élevé. Le Dr Leong s'empresse de souligner l'importance de grandes collaborations internationales pour atténuer les pires effets de la pandémie.

« La COVID-19 étant un problème de santé planétaire, des recherches d'une même envergure sont cruciales afin de nous aider à mieux la comprendre et à trouver des solutions pour des communautés entières, conclut-il. Il s'agit aussi d'une occasion d'apprentissage d'une ampleur mondiale. Personne ne peut travailler seul. »

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