COVID-19

Faire d’une pierre, deux coups : un médicament déjà en usage pourrait réduire la gravité de la COVID-19

Dr Jim Russell

Partout dans le monde, des chercheurs tentent de mettre au point de nouveaux médicaments pour lutter contre la pandémie de COVID-19. Pendant ce temps, d’autres se penchent sur des médicaments existants qui pourraient réduire la gravité de la maladie.

Dans cette optique, on s’intéresse notamment à la classe des médicaments utilisés pour traiter l’hypertension. Lors d’études précédentes, ces médicaments, les antagonistes du récepteur de type 1 de l’angiotensine II,ou ARA, ont permis d’alléger les symptômes d’infection respiratoire et de pneumonie virale les plus graves. Ces résultats préliminaires ont retenu l’attention du Dr Jim Russell, professeur au Département de médecine de l’Université de la Colombie-Britannique et chercheur principal au Centre for Heart Lung Innovation [centre d’innovation en santé cardiaque et pulmonaire] de l’Hôpital St. Paul. Selon lui, le recours aux ARA pourrait contribuer à la réduction du nombre d’hospitalisations, d’admissions aux soins intensifs et de décès liés à la COVID-19.

Attention : cela ne signifie pas pour autant que n’importe qui devrait commencer à prendre ces médicaments pour prévenir l’infection ou pour traiter ses symptômes. Les études susmentionnées ont été réalisées sur des animaux et, comme le fait remarquer le Dr Russell, les données sur l’efficacité du traitement chez les humains se font rares. C’est pourquoi l’étude qu’il mène est si importante : elle propose de tirer parti des données disponibles en vue de combler les lacunes dans les connaissances.

Contrairement à un nouveau traitement antiviral, qui empêcherait la multiplication du virus, le Dr Russell et son équipe ont choisi de partir du principe que les ARA permettraient d’atténuer la gravité de la COVID-19 en réduisant l’inflammation dans les organes vitaux, dont le cœur, ou les dommages provoqués par l’angiotensine II (hormone ciblée par les médicaments). Ces effets contribueraient grandement au rétablissement, car des études ont montré que la COVID-19 augmente le risque de dommages cardiaques importants (c.-à-d. atteintes aux tissus cardiaques) et que les patients atteints de la maladie présentent un taux d’angiotensine II très élevé, un fait inquiétant puisque cette hormone provoque la contraction des vaisseaux sanguins, ce qui risque de bloquer l’apport en sang et en oxygène au cœur, aux reins et à l’intestin. En présumant que le recours aux ARA contribue à réduire le risque de l’une ou l’autre de ces complications, le risque de décès s’en trouverait également diminué.

« Les avis sont partagés quant à l’utilisation de ces médicaments de l’appareil cardiovasculaire pour combattre la COVID-19, mais nous n’aurons aucune certitude sans données, commente le Dr Russell, dont l’équipe coordonne l’étude dans 30 établissements canadiens. L’idée, c’est de mener une étude exemplaire pour trancher sur l’efficacité d’une utilisation individualisée des ARA. »

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