COVID-19

Attention à la (dé)marche : collecte de données essentielles en temps de pandémie

Dre Allison McGeer

Quand un virus s’attaque à la population, les mêmes questions reviennent souvent : à quel point est-il contagieux? Comment se transmet-il? Et pendant combien de temps une personne infectée reste-t-elle contagieuse? Les chercheurs ont trouvé réponse à ces questions pour beaucoup de virus bien connus, mais le SRAS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19, vient tout juste de faire son apparition. Nous manquons donc de renseignements précis et fiables sur sa propagation, renseignements que la Dre Allison McGeer, clinicienne-chercheuse principale à l’Institut de recherche Lunenfeld-Tannenbaum du Système de santé Sinai, est déterminée à nous fournir.

Pour ce faire, la microbiologiste s’inspire de ses expériences lors des crises du SRAS et de la grippe H1N1 ainsi que de ses observations sur les données essentielles, mais difficilement accessibles sans planification préalable, notamment sur l’état des patients et leur réponse immunitaire à long terme.

« Nous tentons de fournir les données manquantes », explique-t-elle, soulignant l’importance de prendre en compte les lacunes ciblées par d’autres groupes de recherche et celles qu’il reste à combler. « Nous avons évalué nos forces à Toronto et à Vancouver pour orienter les travaux. L’idée est vraiment d’utiliser l’expertise canadienne pour en faire profiter les autres équipes. »

La Dre McGeer et son équipe, composée de virologues, d’épidémiologistes et d’un immunologiste se spécialisant dans les maladies infectieuses, étudient en profondeur la transmission du SRAS-CoV-2. L’équipe s’intéresse notamment à la quantité de particules virales répandues par les patients atteints de la COVID-19 dans l’environnement et l’air ambiant, ainsi qu’à la durée du processus de contagion. L’excrétion de particules virales a peut-être de quoi donner des cauchemars, mais son étude importe, puisque c’est en connaissant la distance que peuvent parcourir les particules quand un patient tousse, éternue, parle ou respire tout simplement – et en connaissant la taille de ces particules en suspension – qu’on peut mesurer les risques pour les autres. Avec cette information (et les données pour l’étayer) en main, les autorités de santé publique pourront mettre en place avec assurance des stratégies d’atténuation appropriées. Il faut aussi savoir à quel endroit se retrouvent les particules, surtout celles émises par les patients hospitalisés. L’équipe de la Dre McGeer étudie les surfaces fortement contaminées dans les chambres d’hôpital et fournit ainsi des données essentielles pour créer des protocoles de nettoyage efficaces permettant d’éviter la propagation de l’infection.

En plus d’étudier dans le détail comment le virus se transmet d’une personne à une autre (les dynamiques de transmission), l’équipe contribue à la mise au point de tests diagnostiques, de vaccins et de traitements. Elle encourage les patients atteints de la COVID-19 à permettre le prélèvement d’échantillons au fil du temps pour mesurer la quantité d’anticorps produits par leur système immunitaire pour combattre la maladie. Les données sur la production d’anticorps, les différences entre les patients et la quantité d’anticorps requise pour permettre l’immunité sont essentielles à la création d’un vaccin. Bien que l’équipe de la Dre McGeer ne cherche pas à mettre au point un vaccin ou un traitement, elle met ses données et ses échantillons à la disposition des laboratoires et d’autres équipes de recherche de partout au pays.

« L’équipe est tout à fait extraordinaire », se réjouit la Dre McGeer. Certains retraités ont même repris du service pour donner un coup de main en cette période chaotique. Lorsqu’il s’agit de recherche en temps de pandémie, « tout le monde connaît ses tâches et l’objectif, et chacun y met du sien. »

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