Le long chemin vers les vaccins à ARNm

Le succès que connaissent aujourd’hui les vaccins à ARNm contre la COVID-19 est le fruit des décennies de recherche qui l’ont précédé.

La question qui tue

Les travaux scientifiques sur les vaccins contre la COVID-19 ont-ils été trop précipités?

La réponse concise

Non. En fait, ces vaccins tirent profit de décennies de recherche scientifique.

L'histoire de leur mise au point met en scène des centaines de personnes dans le monde entier et souligne l'importance de la recherche fondamentale et de la recherche appliquée. Nous devons ces vaccins à notre meilleure compréhension de l'ARN messager (ARNm) et de sa capacité à servir pour des médicaments ainsi qu'à la création de nouvelles technologies au cours des 30 dernières années. En particulier, les récentes recherches sur les coronavirus ont rendu ces vaccins efficaces.

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L'histoire en détail

Dans le monde entier, les grands titres ont insisté sur la rapidité de la mise au point des vaccins contre la COVID-19, mais il n'y a pas de succès instantané en science.

Ces vaccins — en particulier, ceux faisant appel à l'ARNm — sont le fruit de décennies de travaux scientifiques.

  • La recherche fondamentale se concentre sur les mécanismes sous-jacents de la biologie et les aspects cellulaires, moléculaires et physiologiques de la santé et des maladies.
  • La recherche appliquée démêle les connaissances acquises par la recherche fondamentale dans l'espoir de s'en servir à des fins précises, comme de nouveaux médicaments et traitements.

Ces vaccins à ARNm et les technologies connexes sont le résultat des travaux de centaines de personnes de partout dans le monde qui se sont consacrées à ces deux types de recherche au fil du temps. Leurs efforts ont aidé à la création de la base de connaissances qui a mené aux merveilleux progrès auxquels nous assistons aujourd'hui dans le domaine des vaccins.

Une minute! Qu’est-ce que ça mange en hiver un ARN messager (ARNm)?

Actuellement, votre corps utilise des millions de minuscules protéines pour ses fonctions régulières, juste pour rester en vie et en santé.

L’ARNm est essentiel dans ce contexte, parce que c’est ce dont votre corps se sert pour dire à vos cellules quelles protéines produire. En savoir plus

Des décennies de progrès

Cette « base de connaissances » porte bien son nom : il s'agit du fondement du savoir qui a été acquis grâce à un travail acharné. Chaque étude surprenante, chaque expérience ratée, chaque article publié constituent tous de petites avancées dans le monde scientifique. En ce qui concerne l'ARNm, les chercheurs réalisent ces progrès depuis des décennies.

Voici quelques points saillants.

Années 1980

Le Dr Pieter Cullis et son équipe de l'Université de la Colombie-Britannique étudient les lipides. Cette recherche fondamentale visait à mieux comprendre leurs mécanismes.

Années 1990

La Dre Katalin Karikó, chercheuse de l'Université de la Pennsylvanie aux États-Unis, consacre une décennie à l'étude de l'ARN pour exploiter son potentiel à des fins médicales.

1995

Le Dr Pieter Cullis et son équipe, dont le Dr Jeffery Wheeler, s'intéressent à l'utilisation des nanoparticules de lipides en médecine, en particulier pour des médicaments de thérapie génique faisant appel à des acides nucléiques (comme l'ARN).

Ces nanoparticules forment une bulle protectrice autour du médicament afin que celui-ci puisse atteindre les cellules sans danger et efficacement.

2005

La Dre Katalin Karikó et le Dr Drew Weissman publient des articles scientifiques sur leur percée. Ils ont découvert comment rendre l'ARN synthétique inoffensif en vue de son injection dans les cellules.

Il s'agit d'un énorme pas en avant dans la mise au point de médicaments à base d'ARN.

À partir de 2007

Le Dr Derrick Rossi, biologiste canadien spécialiste des cellules souches, inaugure son laboratoire à l'École de médecine de l'Université Harvard en 2007.

Il tire parti des travaux des Drs Karikó et Weissman, ainsi que de ceux du Dr Shinya Yamanaka, autre spécialiste des cellules souches.

En 2009, son laboratoire utilise l'ARNm pour que des cellules adultes fonctionnent comme des cellules souches embryonnaires. Cette importante nouvelle mène à la fondation de Moderna en 2010.

Années 2010

Le Dr Pieter Cullis et son équipe commencent à collaborer avec le Dr Drew Weissman et la Dre Katalin Karikó à la mise au point de vaccins susceptibles d'utiliser l'ARNm et des nanoparticules de lipides. Ces travaux mènent à des collaborations avec BioNTech et Pfizer.

À partir de 2014

La Dre Kizzmekia Corbett, chercheuse des National Institutes of Health (NIH) des États-Unis, commence à étudier la biologie des coronavirus et la mise au point de vaccins.

Le monde avait déjà assisté à deux éclosions de coronavirus, qui sont à l'origine du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003 et du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (SRMO) en 2012.

La Dre Corbett et des collègues étudient ces coronavirus, y compris la protéine de spicule caractéristique et son rôle potentiel dans la mise au point de vaccins.

Il en résulte des collaborations entre les NIH et Moderna.

Décembre 2019

Une nouvelle maladie est signalée à Wuhan, en Chine.

Janvier 2020

La séquence génétique complète du nouveau coronavirus est publiée et portée à la connaissance de scientifiques du monde entier.

À partir de janvier 2020

Initialement consacrée au SRMO, l'équipe de la Dre Corbett (sous la direction du Dr Barney Graham du Centre de recherche sur les vaccins des NIH) et Moderna changent rapidement de cap pour mettre au point un vaccin contre la COVID-19 à l'aide d'ARNm.

Focalisés d'abord sur le Zika et l'influenza, les Drs Cullis, Weismann et Karikó interrompent d'autres projets pour se concentrer sur le SRAS-CoV-2 et mettre au point un vaccin contre la COVID-19 au moyen d'ARNm et de nanoparticules de lipides.

Ces scientifiques et d'autres ont pu réagir rapidement lorsque la pandémie a frappé parce que des décennies de travaux de recherche fondamentale et appliquée avaient déjà été réalisés.

Dr Pieter Cullis
Dr Derrick Rossi
Dre Kizzmekia Corbett
Dr Drew Weissman
Dre Katalin Karikó

Ces vaccins ont été rendus possibles grâce à toute cette recherche, allant des études des lipides stimulées par la curiosité aux expériences en constante amélioration avec l'ARNm synthétique. C'est cette étude intense d'autres coronavirus qui ont rendu ces vaccins efficaces, en particulier les travaux qui se sont concentrés sur la fameuse protéine de spicule au cours des dernières années.

En fin de compte, ce sont les données scientifiques et les connaissances durement acquises à la suite de recherches antérieures qui ont mené à la mise au point rapide de vaccins sûrs et efficaces.

Les travaux scientifiques sur les vaccins anti-COVID-19 n'ont pas été précipités.

En fait, ce qui est remarquable, c'est l'histoire derrière eux et les décennies de recherche qui la constituent.

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