Résumé de recherche du RIEM
Innocuité et efficacité du vaccin antigrippal pendant la grossesse

*Cette recherche a été financée par le Réseau sur l'innocuité et l'efficacité des médicaments et menées par les chercheurs suivants : Anick Bérard, Vanina Tchuente, Sasha Bernatsky, William Fraser, Caroline Quach. Les énoncés contenus dans ce document sont ceux des auteurs, qui sont des chercheurs indépendants.

Quelle est la situation actuelle?

  • Depuis 2007, le Comité consultatif national de l’immunisation recommande l’administration du vaccin antigrippal à toutes les femmes enceintes dans le cadre d’une stratégie visant à réduire le risque d’infection par le virus de la grippe chez les nourrissons de moins de 6 mois (qui ne peuvent pas être vaccinés eux-mêmes). Malgré cette recommandation, le vaccin antigrippal reste peu souvent administré aux femmes enceintes. Les fournisseurs de soins de santé peuvent hésiter à leur proposer le vaccin en raison de problèmes d’innocuité. Bien que l’on pense généralement que les avantages de la protection des femmes enceintes et de leurs nouveau-nés contre les complications de la grippe l’emportent sur les faibles risques de la vaccination, il faut de nouvelles données probantes pour appuyer cette recommandation.

Résumé

  • La vaccination chez la mère peut être une stratégie efficace pour réduire le risque de grippe chez les nourrissons de moins de 6 mois (puisqu’ils ne peuvent pas recevoir eux-mêmes le vaccin antigrippal).
  • Cependant, le taux de vaccination pendant la grossesse reste faible, car les fournisseurs de soins de santé peuvent hésiter à proposer le vaccin aux femmes enceintes en raison de problèmes d’innocuité.
  • Nous voulions déterminer si la vaccination pendant la grossesse était sûre et efficace pour les femmes et leurs nouveau-nés.
  • Notre étude a porté sur 2 366 femmes recrutées au cours du premier trimestre de la grossesse.
  • Aucun lien clair n’a été établi entre le vaccin antigrippal administré pendant la grossesse et les hospitalisations toutes causes confondues chez les nouveau-nés, un faible poids à la naissance ou une petite taille des nourrissons pour l’âge gestationnel.
  • Nos estimations concernant les avortements spontanés n’étaient pas concluantes, car les données étaient peu précises.
  • Les analyses de sensibilité liées au moment de l’exposition au vaccin n’ont pas permis de déterminer si le risque variait selon le trimestre.
  • Notre étude a permis de confirmer un faible taux de vaccination contre la grippe pendant la grossesse, ce qui semble indiquer qu’il faut encourager les femmes enceintes à se faire vacciner.

Auteurs : Anick Bérard, Vanina Tchuente, Sasha Bernatsky, William Fraser, Caroline Quach.

Pour en savoir plus, veuillez écrire à Anick Bérard à anick.berard@umontreal.ca.

Quel était le but de l’étude?

  • L’étude visait à déterminer si les vaccins antigrippaux administrés pendant la grossesse sont sûrs et efficaces pour les femmes et leurs nouveau-nés. 

    Quelques points évalués :

    • Avortement spontané 
    • Hospitalisation toutes causes confondues chez les nouveau-nés
    • Faible poids à la naissance
    • Petite taille des nouveau-nés pour l’âge gestationnel

Comment l’étude a-t-elle été menée?

  • Nos recherches ont porté sur les femmes participant à l’étude de cohorte 3D (Découvrir, Développer, Devenir), qui comprenait 2 366 femmes recrutées au cours du premier trimestre de la grossesse (de 8 à 14 semaines) au Québec. Des données prénatales et postnatales ont été recueillies sur les caractéristiques sociodémographiques des mères, leur activité physique, leur état psychosocial ainsi que leur consommation de médicaments sur ordonnance, de médicaments en vente libre et de suppléments nutritionnels. La vaccination antigrippale chez la mère a été consignée au moyen d’un questionnaire rempli par entrevue, et les données de suivi ont été recueillies à l’aide de questionnaires trimestriels pendant et après la grossesse. Nous nous sommes servis de modèles de régression logistique multivariée pour analyser les données en tenant compte des paramètres démographiques, de la comorbidité, de la parité et des habitudes de vie (comme le tabagisme) des mères, ainsi que d’autres covariables.

Qu’a révélé l’étude?

  • L’étude a permis de confirmer un faible taux de vaccination contre la grippe pendant la grossesse (21,6 %), ce qui semble indiquer qu’il faut davantage encourager les femmes enceintes à se faire vacciner.
  • Aucun lien statistique significatif n’existe entre le vaccin antigrippal administré pendant la grossesse et les hospitalisations toutes causes confondues chez les nouveau-nés, un faible poids à la naissance ou une petite taille des nourrissons pour l’âge gestationnel.
  • Les estimations concernant l’avortement spontané n’étaient pas concluantes en raison de l’efficacité statistique relativement faible de l’étude.
  • Les analyses de sensibilité liées au moment de l’exposition au vaccin n’ont pas permis de déterminer si le risque variait selon le trimestre.
  • Dans l’ensemble, ces conclusions sont rassurantes : la vaccination pendant la grossesse n’est pas associée à un risque élevé d’hospitalisation toutes causes confondues chez les nouveau‑nés, de faible poids à la naissance ou de petite taille des nourrissons pour l’âge gestationnel.
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