Résumé de recherche du RIEM
Efficacité et innocuité des traitements à base d’antiviraux ou d’anticorps pour les infections à coronavirus

*Cette recherche a été financée par le Réseau sur l’efficacité et l’innocuité des médicaments des IRSC

Quel était l’objectif?

  • Trouver des contre-mesures médicales efficaces et sécuritaires (p. ex. des antiviraux ou des anticorps) pour lutter contre la pandémie de COVID-19

Comment l’examen a-t-il été réalisé?

Résumé et implications

Un dépouillement exhaustif des bases de données et de la littérature grise a permis de trouver 54 études sur l’utilisation d’antiviraux chez des patients atteints de la COVID-19, du SRAS ou du SRMO. Mais aucune étude sur des animaux ou des humains ni aucun essai en cours avec des anticorps monoclonaux n’a été trouvé.

L’examen des 54 études n’a pas permis de tirer des conclusions sur l’efficacité des médicaments antiviraux contre les infections à coronavirus, ce qui a empêché l’élaboration de recommandations de traitement. Les données disponibles sont peu utiles, car il s’agit principalement d’études de cas et de séries de cas. Et l’on compte peu d’études d’observation et encore moins d’essais. L’examen a cependant permis de relever des signes de risques liés à l’utilisation de la ribavirine, soit une anémie potentielle ou une altération de la fonction hépatique.

Les données actuelles ne confirment pas l’efficacité de traitements antiviraux contre les infections à coronavirus. Trop peu d’études d’observation et d’essais cliniques prospectifs bien conçus ont eu lieu. Aucune des interventions examinées ne peut être recommandée pour les infections à coronavirus. La majeure partie des données portent sur la ribavirine (41 études sur 54), dont l’efficacité n’a pu être confirmée. Il pourrait donc s’avérer judicieux de se concentrer sur d’autres traitements antiviraux potentiels dans les études à venir.

Pour en savoir plus, communiquez avec la Dre Andrea Tricco : Andrea.Tricco@unityhealth.to

  • Au début de février 2020, une recherche a été effectuée dans les bases de données MEDLINE et EMBASE, la Bibliothèque Cochrane et le site biorxiv.org/medrxiv.org, ainsi que dans des sites de littérature grise (comme GIDEON et clinicaltrials.gov)
  • Des évaluateurs travaillant individuellement ont passé au crible des titres, des résumés et des articles complets, puis ils ont effectué une abstraction de données et une évaluation de la qualité (outil d’évaluation du risque de biais de la Collaboration Cochrane, échelle de Newcastle Ottawa)
  • Aucune analyse statistique officielle n’a été réalisée vu l’échéancier serré (deux semaines)

Qu’a révélé l’examen?

  • 54 études ont été incluses dans l’examen : trois essais contrôlés, dix études de cohorte, sept études rétrospectives sur des dossiers médicaux et des bases de données et 34 études de cas ou séries de cas
  • 33 études portaient sur des patients atteints du SRAS, 16 sur des patients atteints du SRMO, trois sur des patients atteints de la COVID-19 et deux sur des patients ayant une infection à coronavirus non précisée
  • La ribavirine était le traitement le plus fréquemment utilisé (41 études), suivi par l’oseltamivir (10 études) et l’association lopinavir ritonavir (7 études)
  • Parmi les autres traitements figuraient des antibiotiques à large spectre (30 études), des stéroïdes (39 études) et divers interférons (12 études)
  • Aucune des études visées ne portait sur l’utilisation d’anticorps monoclonaux pour traiter la COVID-19
  • Un essai a révélé que le traitement prophylactique à la ribavirine réduisait de manière statistiquement significative le risque d’infection à CoV SRMO chez les personnes ayant été exposées au virus
  • 21 études prenaient en compte les taux d’admission aux soins intensifs des patients hospitalisés atteints du SRAS ou du SRMO, mais aucun résultat statistiquement significatif en faveur ou en défaveur des traitements antiviraux n’a été obtenu
  • 40 études prenaient en compte les taux de mortalité chez les patients hospitalisés atteints du SRAS ou du SRMO; une étude de cohorte (SRMO) et une étude rétrospective (SRAS) ont révélé un taux de mortalité considérablement plus élevé chez les patients traités à la ribavirine
  • 18 études ont fait état d’effets indésirables potentiels (liés au médicament), dont symptômes gastro-intestinaux, une anémie et une altération de la fonction hépatique, chez les patients traités à la ribavirine

Lien vers la publication : Rios et coll., 2020 [en anglais seulement]

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