Quatrième réunion annuelle sur les innovations en soins de santé communautaires de première ligne

Les 24 et 25 octobre 2016
Compte rendu

L’Institut de la santé publique et des populations (ISPP) et l’Institut des services et des politiques de la santé (ISPS) des IRSC ont coorganisé la Quatrième réunion annuelle sur les innovations en soins de santé communautaires de première ligne, tenue les 24 et 25 octobre 2016, à Ottawa (Ontario). L’évènement a réuni des équipes d’innovation en SSCPL financées par les IRSC, de nouveaux chercheurs et des titulaires de chaires de recherche appliquée en santé publique, ainsi que d’autres intervenants et partenaires clés de l’initiative, notamment des représentants d’organismes de santé nationaux comme l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), l’Association médicale canadienne et le Collège des médecins de famille du Canada.

Objectifs de la réunion

  • Engager une réflexion critique sur les progrès, les réalisations et les retombées des programmes de recherche, de développement des capacités et d’application des connaissances entrepris par les équipes et les boursiers
  • Offrir une tribune d’échange de connaissances, de débat critique et de collaboration entre les équipes, les boursiers salariaux, les décideurs et les partenaires sur des questions d’intérêt commun
  • Favoriser l’établissement de liens avec des initiatives complémentaires des IRSC
  • Faciliter la poursuite de la mise en œuvre du projet d’indicateurs communs de l’initiative SSCPL

L’initiative SSCPL à la mi-parcours

Cette séance portait surtout sur les résultats inscrits par les équipes d’innovation en SSCPL dans leur rapport d’étape à mi-parcours. Les équipes sont interdisciplinaires, multipartites et multisectorielles, et une bonne partie des travaux préliminaires et des progrès accomplis étaient axés sur les processus. Toutefois, de grands progrès ont été réalisés en ce qui a trait aux innovations touchant la santé et les systèmes de santé, et au renforcement des capacités par l’entremise de nouvelles collaborations et de la formation de stagiaires. Un résumé des points saillants des rapports est accessible en ligne.

Les coprésidents de la réunion, la Dre Robyn Tamblyn (ISPS) et le Dr Steven Hoffman (ISPP), ont formulé quelques recommandations pour ces équipes en vue du rapport final sommatif. Ils les encouragent :

  • à réduire la variabilité dans la façon de communiquer la nature et l’étendue des produits;
  • à indiquer les mesures prises et les améliorations associées dans les études de cas, idéalement en décrivant les investissements en recherche et les changements concrets qui en découlent;
  • à accroître la spécificité des réalisations attribuables au financement;
  • à établir un plan de viabilité.

Points saillants et nouvelles de l’initiative

Lors de la séance, les équipes d’innovation en SSCPL devaient parler d’une réalisation, et les autres chercheurs financés en SSCPL étaient invités à faire de même. On leur a demandé de parler de progrès intéressants ou importants réalisés dans la dernière année dans le cadre de leur recherche et de choisir un élément se rapportant précisément à l’un des objectifs de l’initiative phare SSCPL ou à un résultat immédiat ou intermédiaire du Cadre de mesure du rendement.

Les représentants devaient faire une présentation de cinq minutes ou moins sur l’élément choisi, son intérêt ou son importance (c.-à-d. en quoi il correspond aux objectifs ou au Cadre de mesure du rendement des SSCPL), et la façon dont il a été accompli. Pour lire le résumé des réalisations, consultez le profil des chercheurs et des équipes d’innovation en SSCPL.

Groupe d’experts sur les politiques : considérations relatives au déploiement

Un groupe de décideurs associés à différentes initiatives de SSCPL a réagi aux éléments présentés. La discussion était animée par Owen Adams, de l’Association médicale canadienne, et réunissait plusieurs intervenants :

  • Anne Hayes, directrice de la recherche, de l’analyse et de l’évaluation, ministère de la Santé et des Soins de longue durée
  • Paul Huras, chef de la direction, Réseau local d’intégration des services de santé du Sud-Est (Ontario)
  • Tara Sampalli, directrice de la recherche et de l’innovation, Soins de santé primaires, Régie de la santé de la Nouvelle-Écosse
  • Carla Loepkky, directrice et épidémiologiste principale, gouvernement du Manitoba, Santé publique (Santé Manitoba, Vie saine et Aînés)
  • Renee Bowers, conseillère en maladies chroniques, Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits

Pendant la discussion en groupe, les intervenants ont insisté sur l’importance de collaborer avec les décideurs et les intervenants communautaires pour définir les problèmes et trouver les solutions qui s’imposent. Ils ont également souligné l’importance de mettre en place des interventions simples et pertinentes qui contribuent à résoudre des problèmes actuels, comme les inégalités en matière d’accès aux soins, et d’examiner le cheminement des patients dans le système de soins de santé en vue de fournir des soins axés sur le patient. Enfin, ils ont encouragé les participants à regarder du côté des autres pays (comme les États-Unis et l’Australie) afin de relever des défis communs ou de découvrir des interventions efficaces qui pourraient être adaptées au contexte canadien.

Après la discussion ouverte, des recommandations clés ont été formulées à l’intention des chercheurs collaborant avec des responsables des politiques et souhaitant influencer la prise de décision.

  • Il faudrait envisager de fournir des outils comme des documents d’information aux responsables des politiques qui ont besoin de données sur les problèmes et sur leur lien avec les priorités stratégiques.
  • Il faut connaître le calendrier des réunions et réfléchir à des façons de planifier et de coordonner une approche au sein du ministère.
  • Les fonctionnaires ne changent pas au gré des élections (contrairement aux politiciens); il est donc avantageux d’adopter des systèmes durables.

Discussions en petits groupes : priorités en matière de recherche en soins de santé de première ligne, de mise en œuvre et déploiement

Après la présentation des réalisations et la discussion sur les politiques, les participants se sont placés en petits groupes et ont reçu l’un des cinq sujets de discussion : prise en charge des maladies chroniques, accès aux soins dans les régions rurales et éloignées, mesures, communautés vulnérables et engagement des patients et de la communauté. L’objectif était de déterminer deux ou trois priorités de recherche et deux ou trois priorités de mise en œuvre et déploiement (voir le tableau 1).

Tableau 1. Résumé des priorités de recherche et de mise en œuvre et déploiement
Thèmes Priorités de recherche Priorités de mise en œuvre et déploiement
Prise en charge des maladies chroniques
  1. Ajouter le bien-être comme domaine d’intérêt
  2. Travailler en amont
  3. Concevoir des études axées sur le patient
  4. Miser sur des interventions simples pour régler des problèmes complexes
  5. Améliorer la collaboration entre les chercheurs et les décideurs
  1. Établir des liens, des partenariats et des collaborations avec les communautés et les décideurs appropriés en début de processus
  2. Créer une culture d’établissement de collaborations et de liens
  3. Intégrer l’interdisciplinarité à la recherche
Mesures
  1. Intégrer la recherche aux politiques
  2. Élaborer un ensemble de base d’indicateurs de soins de santé de première ligne
  3. Trouver de nouvelles sources de données (p. ex. portables)
  4. Investir dans des systèmes d’information complets pour surveiller les soins de santé primaires
  5. Assurer la liaison des données à l’intérieur des provinces (données administratives, DME et données de sondages)
  6. Réunir chercheurs et décideurs
  1. Investir dans la collecte de données systématique et coordonner la gestion
  2. Assurer la liaison des données à l’intérieur des provinces – les données administratives et les DME sont disponibles, mais doivent être jumelées aux données de sondages (p. ex. patients, fournisseurs)
  3. Réunir chercheurs et décideurs
Accès aux soins dans les régions rurales et éloignées
  1. Investir dans des structures de TI
  2. Écouter les communautés
  1. Étendre le programme de consultation électronique BASE
  2. Résoudre les difficultés technologiques dans les régions rurales et éloignées
  3. Veiller à ce que le contexte culturel soit pris en compte en premier lieu
Communautés vulnérables
  1. Assurer une recherche axée sur les forces et la participation
  2. Assurer l’engagement de la communauté et des décideurs
  3. Tenir compte du contexte (de la région)
  4. Déterminer ce qui rend une communauté vulnérable et évaluer si la recherche aggrave la situation
    1. Comment les communautés se définissent-elles?
    2. Quels sont les besoins en matière de recherche?
  1. Améliorer les connaissances en santé
  2. Travailler avec des groupes de défense – les chercheurs doivent collaborer avec eux
  3. Instaurer des rôles non traditionnels en santé pour favoriser l’engagement et la représentation des communautés – AC, gestion du changement
  4. Créer des réseaux de recherche et favoriser l’établissement de liens entre les communautés et les décideurs
  5. Élaborer des mécanismes de financement
  6. Rendre la SRAP accessible aux personnes qui ont besoin de soutien
Engagement des patients et de la communauté
  1. Démontrer les retombées mesurables de l’engagement des patients sur la recherche, les protocoles de recherche, les mesures
  2. Intégrer l’engagement des patients à la formation (obligatoire) des professionnels de la santé
  1. Donner suite aux priorités susmentionnées pour que le reste se fasse naturellement
  2. Intégrer des politiques sur l’engagement des patients aux projets de recherche (pas uniquement dans le plan si la recherche est financée), par exemple au sein des IRSC et des universités

Présentations éclair : cliniciens-chercheurs intégrés

À l’été 2016, 20 cliniciens-chercheurs intégrés ont reçu du financement dans le cadre du nouveau programme de bourse salariale en SSCPL, qui vise à renforcer les capacités afin de favoriser la création de systèmes de santé en apprentissage : des organisations de soins de santé responsables qui mobilisent les acteurs concernés pour assurer la transformation et les retombées de la recherche, particulièrement en améliorant les résultats et l’expérience des patients, ainsi que la qualité de vie des personnes atteintes d’une maladie chronique. Six d’entre eux ont pu participer à la réunion annuelle sur les innovations en SSCPL et y ont présenté un aperçu de leur programme de recherche. Les profils des présentateurs ainsi que des autres cliniciens-chercheurs intégrés se trouvent ici.

Groupe d’experts : ressources de données canadiennes sur les soins de première ligne

La discussion, animée par José Pereira, du Collège des médecins de famille du Canada, visait à échanger de l’information sur les ressources de données utiles pour la recherche, ainsi qu’à :

  • fournir un aperçu des fonds de données sur le sujet que peuvent utiliser les chercheurs en SSCPL, de leurs particularités et des façons d’y accéder;
  • déterminer les possibilités tirées des données sur les soins de première ligne disponibles au Canada;
  • réfléchir à la façon dont le milieu des SSCPL peut tirer profit des données et rassembler la base de données nécessaire à la mise en œuvre et au déploiement à grande échelle des innovations en soins de première ligne;
  • relever les lacunes et les défis liés aux renseignements disponibles et y réfléchir.

Dans le cadre de la séance, le Dr Richard Birtwhistle a fait une présentation sur le Réseau canadien de surveillance sentinelle en soins primaires (RCSSSP), Caroline Heick a parlé des fonds de données de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS)sur les soins de première ligne, Alison Paprica a traité des fonds de données de l’Institut de recherche en services de santé (IRSS) sur le sujet et des efforts entrepris par le Pan-Canadian Real-World Health Data Network (PRDHN) [Réseau pancanadien de données réelles sur la santé]et, enfin, la Dre Robyn Tamblyn a parlé de la cohorte dynamique de grands utilisateurs du système de santé issue d’un partenariat entre les IRSC et l’ICIS.

La discussion qui a suivi les présentations portait sur les défis courants de l’accès aux données. Dans certains cas, les permissions tardent trop ou les données sont insuffisantes (p. ex. portent seulement sur quelques provinces). Une chose était claire : il faut absolument maximiser l’accès aux données et la disponibilité des ensembles de données d’une province à l’autre, et harmoniser les processus d’accès. Un autre grand défi mentionné est le fait que les universités disposent de politiques et de procédures différentes, ce qui complique la transmission de données aux chercheurs faisant partie d’équipes multi-instituts. Des efforts sont déployés pour conclure des ententes-cadres avec les universités. Pour clore la discussion, tous ont reconnu qu’il serait judicieux de créer une plateforme d’échange sur l’accès aux données et la normalisation des processus.

Groupe d’experts et discussion sur la SRAP

Présidé par Marie-Dominique Beaulieu, de l’Unité de soutien de la SRAP du Québec, le groupe visait à appuyer l’un des principaux objectifs de la réunion : favoriser l’établissement de liens avec des initiatives complémentaires des IRSC. Plus précisément les objectifs étaient :

  • d’analyser d’un œil critique les priorités communes de la recherche sur les soins de première ligne ainsi que la mise en œuvre et le déploiement des interventions novatrices de soins de première ligne définies lors des discussions en petits groupes et présentées lors de la séance précédente (voir le tableau 1);
  • de relever des occasions de collaboration ou d’établissement de liens entre les équipes de SSCPL et de la SRAP;
  • de déterminer les difficultés potentielles de la mise en œuvre et du déploiement de nouvelles interventions novatrices en soins de première ligne et de trouver des stratégies pour les surmonter.

Le groupe d’experts regroupait des représentants de différents réseaux et éléments de la SRAP, notamment des réseaux sur les innovations en soins de santé intégrés et de première ligne, des réseaux sur les maladies chroniques et des unités de soutien. Il s’agissait des personnes suivantes :

  • Kris Aubrey-Brassler, responsable de la recherche, PRIIME – Primary Healthcare Research and Integration to Improve Health System Efficiency [recherche en soins de santé de première ligne et intégration pour accroître l’efficacité du système de santé] (Réseau ISSPLI de la SRAP de Terre-Neuve-et-Labrador)
  • Fred Burge, responsable de la recherche, BRIC – Building Research for Integrated Primary Healthcare [renforcer les capacités de recherche en soins de santé de première ligne et intégrés] (Réseau ISSPLI de la SRAP en Nouvelle-Écosse)
  • Vasanthi Srinivasan, directrice générale, Unité de soutien de la SRAP de l’Ontario (à confirmer)
  • Gary Teare, chef de la direction, Saskatchewan Health Quality Council [Conseil de la qualité de la santé de la Saskatchewan] et Unité de soutien de la SRAP de la Saskatchewan
  • Catharine Whiteside, directrice générale, Diabetes Action Canada [Action diabète Canada], réseau de la SRAP sur les maladies chroniques

Les commentaires des participants au groupe et aux discussions qui ont suivi portaient sur la création de liens et d’occasions entre les équipes de SSCPL et de la SRAP, de même que sur les défis potentiels. Les chercheurs et les équipes en SSCPL ont été encouragés à communiquer et à collaborer avec les nouveaux réseaux de la SRAP et à faire appel aux unités de soutien pour améliorer leurs façons de collaborer avec les décideurs, de travailler avec les équipes cliniques à la refonte des initiatives pour y intégrer les interventions et les produits clés et d’assurer l’engagement des patients dans la recherche. Les principaux défis, qui peuvent et doivent être surmontés grâce à une collaboration entre les éléments de la SRAP, portent notamment sur l’accès aux données, la disponibilité des données sur les déterminants sociaux de la santé, les stratégies efficaces d’engagement des patients qui réduisent la possibilité de fatigue et de surcharge des patients, ainsi que les stratégies de gestion du changement qui favorisent la mise en œuvre et le déploiement à grande échelle d’interventions efficaces.

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