Équipe des IRSC chargée du Programme de prévention des blessures dues aux accidents de la route (TRIP) chez les enfants au Canada

Chercheurs principaux : Dre Anne W. Snowdon et Dr Andrew W. Howard
Université de Windsor

Pour la vaste majorité des parents, la sécurité de leurs enfants en voiture est de la plus haute importance, particulièrement lors du premier trajet qui les mène de l’hôpital à la maison. Toutefois, il peut être difficile d’assurer la sécurité des bébés prématurés ou de faible poids à la naissance.

« Le problème est qu’il n’existe pas de siège de sécurité conçu spécifiquement pour les bébés pesant moins de 5 lb (2,23 kg) », explique la Dre Anne Snowdon, professeure à la Odette School of Business de l’Université de Windsor et cochef de l’équipe des IRSC chargée du Programme de prévention des blessures dues aux accidents de la route (TRIP) chez les enfants au Canada.

Sans siège d’auto spécial, les parents recevaient diverses consignes à leur départ de l’hôpital, comme utiliser des serviettes ou autre matériel pour « rembourrer » leur siège d’auto afin de l’adapter à leur poupon. Naturellement, certains parents disaient être trop craintifs par la suite pour quitter la maison avec leur bébé, ne sachant pas s’ils pourraient le transporter en toute sécurité.

Pour régler ce problème, l’équipe TRIP, en collaboration avec un ingénieur mécanique, le Dr Bill Altenhof, a créé un dispositif pouvant soutenir les nourrissons de faible poids dans des sièges d’auto. Le dispositif, qui est actuellement évalué par des unités néonatales de soins intensifs (UNSI), est un coussin en mousse compatible avec les sièges d’auto ordinaires. Il tient la tête et le cou du bébé dans une position lui permettant de bien respirer, en plus d’être confortable puisqu’il s’adapte parfaitement à son corps et assurer une position adéquate dans un siège d’auto commercial.

Toutefois, il arrive que les dispositifs appropriés soient accessibles, mais sous-utilisés. Travaillant de concert avec le bureau du coroner de l’Ontario, l’équipe TRIP a constaté que les bébés étaient surreprésentés dans les statistiques sur les décès d’enfants dans des accidents de la route. Le Dr Andrew Howard, chercheur principal et chirurgien orthopédique à l’Hôpital pour enfants de Toronto et cochef de l’équipe TRIP, a passé en revue les données sur les décès de bébés et d’enfants dans des accidents de la route sur une période de cinq ans, notamment leur position et l’endroit où ils se trouvaient dans la voiture. Les résultats ont montré qu’un nombre surprenant de parents tiennent encore leurs bébés dans leurs bras au lieu de les placer dans un siège d’auto, une recette qui mène directement au désastre.

Dans le cadre de la stratégie visant à encourager les parents à utiliser un siège de sécurité pour enfants, l’équipe TRIP s’est associée à la Police provinciale de l’Ontario afin de créer un programme similaire au programme R.I.D.E. (Reduce Impaired Driving Everywhere) appliqué en Ontario depuis des dizaines d’années. Dans le cadre du programme R.I.D.E., des contrôles routiers sont effectués sur les principales routes, et les conducteurs doivent s’arrêter pour être interrogés par les policiers. Dans le cas des conducteurs qui semblent être en état d’ébriété, des tests peuvent être exigés, et les conducteurs aux facultés affaiblies sont écartés de la route. Le programme TRIP suit des principes similaires en procédant à des contrôles routiers afin de vérifier si les sièges de sécurité et les sièges d’appoint pour enfants sont utilisés, et s’ils le sont de façon appropriée.

« Un programme comme celui-ci est très efficace pour sensibiliser la communauté », affirme la Dre Snowdon. « Les gens en parlent à leurs amis et à leur famille lorsqu’ils sont arrêtés pour un contrôle, ce qui permet de sensibiliser rapidement [la communauté] au fait que la réglementation relative aux sièges de sécurité est exécutoire. Cela nous permet également de cerner les défis, afin de pouvoir déterminer quels groupes de familles ont besoin d’un soutien accru pour utiliser les sièges efficacement afin d’assurer la sécurité des enfants dans les véhicules. »

Toutefois, quoi faire si, en tant que parent, vous ne savez pas quel siège de sécurité utiliser? Il existe maintenant une application pour vous aider. Les Drs Chris Thrasher et Bob Kent, deux membres de l’équipe TRIP de l’Université de Windsor, ont mis au point une application de sécurité des sièges d’auto fondée sur des données probantes, afin d’aider les parents à sélectionner le bon siège pour leurs enfants. Il suffit d’entrer la taille, le poids et l’âge de l’enfant pour que l’application recommande un type de siège et précise combien de temps il devrait être utilisé.

L’équipe se penche également sur les problèmes auxquels se butent les communautés des Premières Nations, chez qui on observe des tendances lourdes, et distinctes. « Nous savons ce que les données révèlent, mais nous sommes allés à la rencontre des communautés pour leur demander de nous aider à les comprendre», explique la Dre Snowdon. « L’équipe a adopté une approche qui consiste essentiellement à dire « Comment vous aider à aider votre communauté ». Nous voulions que les communautés puissent concevoir leurs propres stratégies en matière de prévention des blessures qui soient les mieux adaptées possible sur le plan culturel et social ».

Il est rapidement apparu qu’il y avait une grande volonté d’assurer la sécurité des enfants dans chacune des communautés, mais les ressources nécessaires n’étaient pas toujours disponibles. En 2014, le Dr Brent Angell, membre de l’équipe TRIP et professeur en travail social à l’Université de Windsor, a alors lancé le projet de sécurité des enfants des Premières Nations. Dans le cadre de ce projet, il a établi un nouveau fonds de fiducie dans le but que chaque enfant vivant dans une réserve au Canada puisse obtenir un siège d’auto, un siège d’appoint et même un casque pour le vélo et la planche à roulettes. Les fonds sont utilisés pour acheter ces articles aux enfants qui en ont besoin et, à ce jour, des résidents des communautés, des chercheurs et diverses organisations et entreprises y ont contribué.

Mettre sur pied un groupe diversifié de chercheurs, de parents et de partenaires du secteur privé est l’objectif de l’équipe depuis le tout début. « La seule façon d’avoir un impact ou d’assurer la durabilité, c’est d’inviter des intervenants à s’engager », affirme la Dre Snowdon. « Et la sécurité en auto est autant le problème de l’ingénieur que celui du personnel infirmier ou du médecin. Grâce à une approche de recherche multipartite, nous pouvons cerner les domaines où nous devons exercer une influence. Il est nécessaire de travailler en collaboration pour corriger la situation. »

Date de modification :