Plan stratégique de l’Institut de la santé des Autochtones des IRSC 2014‑2018

Bien-être, force et résilience des Premières Nations, des Inuits et des Métis : aller au-delà de l’équité en santé

Remerciements

Nous remercions tous les aînés autochtones, les membres des communautés, les travailleurs de première ligne et les chercheurs de leurs efforts, de leur espoir et de leur volonté d’éclairer les pratiques de santé et d’imaginer des vies plus saines.

Sommaire

Résumé

Les Autochtones méritent d’être en meilleure santé et ils font savoir que le statu quo dans la recherche en santé ne les aide pas à cet égard. Les Autochtones et leurs communautés réclament que l’on modifie la manière de faire la recherche, pour que celle-ci vise l’atteinte du bien-être au lieu de simplement avoir pour but de redresser les inégalités ou de réduire les écarts.

Les approches occidentales de la santé sont axées sur les facteurs de risque et la maladie, qui, malgré leur importance, ne sont pas suffisants dans les contextes autochtones. Les Autochtones ont une vision holistique et interdépendante de la santé. Parvenir au bien-être exige donc une approche holistiqueNote en bas de page 1 et inclusive, inspirée par les chercheurs en santé, les dirigeants et les communautés autochtones, ainsi qu’un changement d’orientation de manière à faire porter l’attention sur le bien-être plutôt que sur la maladie. Pour avoir un impact notable sur la santé des Autochtones, la recherche doit adopter une approche de mieux-être inspirée des systèmes de connaissances autochtones, approche que les Autochtones et leurs communautés sont le mieux à même de guider.

L’Institut de la santé des Autochtones (ISA) des IRSC met l’accent sur les principes d’un équilibre entre les systèmes de connaissances autochtones et la science occidentale dans la recherche en santé autochtone et la mise en œuvre de stratégies pour éliminer les inégalités et améliorer globalement la santé des Autochtones. Ce concept fait partie intégrante de l’approche de la recherche dite du « double regard » de l’aîné micmac Albert Marshall.

Pour l’ISA, les connaissances et les systèmes de connaissances autochtones sont généralement complexes et contextuels. Ils englobent les connaissances et l’expérience de pratiques de guérison aussi bien cérémonielles que physiques. L’approche de la recherche en santé de l’ISA correspond aux croyances de nombreux Autochtones relativement au bien-être, qui suppose un équilibre entre les composantes physiques, affectives, mentales et spirituelles d’une personne, et qui peut aller au-delà de la personne et faire en sorte qu’elle vive en harmonie avec les autres, sa communauté et le monde spirituel.

À cette fin, l’ISA a défini les orientations stratégiques qui suivent.

  1. Les Premières Nations, les Inuits, les Métis et leurs communautés : forces vives de la recherche en santé et de l’application des connaissances pour ces populations
  2. Transformer la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis par les systèmes de connaissances autochtones et le double regard
  3. Bien-être, force et résilience des Premières Nations, des Inuits et des Métis : aller au-delà de l’équité en santé

Les Premières Nations, les Inuits, les Métis et leurs communautés : forces vives de la recherche en santé et de l’application des connaissances pour ces populations

L’ISA appuiera les Premières Nations, les Inuits, les Métis et leurs communautés en tant que forces vives de la recherche en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis.

  • Encadrer et former la prochaine génération de chercheurs parmi les Premières Nations, les Inuits et les Métis pour le milieu universitaire, le secteur public, l’industrie et la communauté, et reconnaître l’importance de préparer des chercheurs formés à travailler dans divers secteurs en jouant un rôle pivot pour influer sur la santé des Autochtones, comme dans l’initiative phare Voies de l’équité en santé pour les Autochtones.
  • Exiger l’inclusion des systèmes de connaissances autochtones dans toutes les possibilités de financement de l’ISA, comme cela a été fait pour l’initiative phare Voies de l’équité et le Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement (CCNV).
  • Dorénavant, l’ISA intégrera les concepts des systèmes de connaissances autochtones dans d’autres initiatives phares concertées des IRSC (p. ex. Environnements et santé, Santé et productivité au travail) et dans les initiatives se rapportant à la Stratégie de recherche axée sur le patient (SRAP).
  • Préconiser l’inclusion du bien-être dans toutes les initiatives des IRSC comme moyen d’aider tous les Canadiens à être en meilleure santé.
  • Appuyer les organisations non gouvernementales et les communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis dans l’application des connaissances pour en accélérer la mise en œuvre et en étendre la portée.
  • Promouvoir des réseaux de collaboration des chercheurs en santé, en sciences sociales et en sciences physiques pour susciter une recherche en santé autochtone nouvelle, dynamique et innovante.

Transformer la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis par les systèmes de connaissances autochtones et le double regard

L’ISA réorientera l’approche de la recherche en santé pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis.

  • Concevoir des possibilités de financement qui exigeront des chercheurs qu’ils aient des plans de mobilisation pour faciliter la participation entière des Premières Nations, des Inuits, des Métis et de leurs communautés à toutes les étapes de la recherche, notamment, l’élaboration du programme et la conception de la recherche, l’analyse, l’interprétation et la dissémination des résultats, et la mise en œuvre et l’évaluation des interventions, signe d’une nouvelle direction de haut calibre pour la recherche en santé communautaire.
  • S’inspirer des systèmes de connaissances autochtones et de l’approche du double regard dans tout le processus de recherche afin de créer une nouvelle norme d’excellence pour la recherche auprès des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et ainsi accroître la pertinence des priorités de recherche communautaire et des connaissances, des valeurs et des cultures autochtones.
  • Encourager le recours aux systèmes de connaissances autochtones et à l’approche du double regard comme moyen d’établir les priorités de recherche et de déterminer quelles interventions conviennent et de quelle façon elles peuvent être mises en œuvre au niveau communautaire, puis appliquées à plus grande échelle. Les interventions inspirées des systèmes de connaissances autochtones ont plus de chance de réussir parce qu’elles sont mieux adaptées à la culture et plus significatives et acceptables pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis.

Bien-être, force et résilience des Premières Nations, des Inuits et des Métis : aller au-delà de l’équité en santé

L’ISA travaillera avec les chercheurs et les Premières Nations, les Inuits, les Métis et leurs communautés pour reconceptualiser la recherche afin d’aller au-delà de l’équité en santé.

  • Collaborer avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis à l’avancement des concepts de bien-être comme nouvelle norme ambitieuse en matière de santé autochtone en incorporant, par exemple, ces concepts dans l’amélioration de la pratique et des programmes professionnels.
  • Collaborer avec les organisations internationales pour favoriser l’intégration significative du bien-être dans la recherche et l’application des connaissances, et travailler avec les chercheurs et les communautés pour mettre au point de nouveaux outils et de nouvelles méthodes permettant de mieux incorporer le bien-être dans les plans de recherche et de bien évaluer ces outils et méthodes.
  • Travailler avec les chercheurs et les responsables des politiques pour trouver des indicateurs permettant de mesurer et de surveiller le bien-être au niveau individuel et collectif, comme pour la priorité du plan stratégique des IRSC visant à corriger les inégalités dans la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis.

Ces orientations stratégiques inclusives et transversales déboucheront sur trois résultats principaux.

  1. Des chercheurs des Premières Nations, inuits et métis, des Autochtones et des communautés informés, instruits et habilités à faire avancer de façon appropriée la recherche en santé et à transformer la santé
  2. Des Premières Nations, des Inuits et des Métis en santé, forts, interconnectés et résilients
  3. Le bien-être à l’origine de communautés saines, résilientes et durables

Contexte

Un des 13 instituts fondateurs des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), l’Institut de la santé des Autochtones (ISA) est le premier et le seul institut national de recherche en santé au monde à se consacrer exclusivement à l’amélioration de la santé et du bien-être des Autochtones.

L’ISA s’emploie à étudier les facteurs qui amélioreront la santé et le bien-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis qui vivent au Canada en appuyant le développement de la recherche en santé pour ces populations, et en s’assurant que la recherche entreprise est pertinente et répond aux besoins de leurs communautés. Depuis sa création en 2001, l’ISA dirige un programme national de recherche en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis axé sur le renforcement des capacités au sein de leurs communautés et le soutien de partenariats et de la collaboration entre les communautés et les organisations de recherche en santé non autochtones au niveau régional, national et international.

L’Examen international de 2011 des IRSC a loué le travail de l’ISA en raison de son influence sur la recherche en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis au Canada. En plus d’avoir facilité une formation exceptionnelle et une augmentation du nombre de chercheurs des Premières Nations, inuits et métis grâce aux programmes Cadres de développement de la capacité autochtone de recherche en santé (CDCARS) et Environnement réseau pour la recherche sur la santé des Autochtones (ERRSA), l’ISA a établi des partenariats de recherche avec d’autres instituts et intervenants afin d’unifier les résultats de la recherche et de coordonner le financement en vue d’objectifs communs. Il a aussi contribué de manière notable à l’augmentation du nombre de chercheurs des Premières Nations, inuits et métis, favorisé une infrastructure de soutien et réduit sensiblement le scepticisme et la méfiance à l’égard de la recherche en santé dans les communautés.

L’ISA a également été félicité pour une de ses plus importantes réalisations à ce jour : l’élaboration des Lignes directrices des IRSC pour la recherche en santé chez les peuples autochtones, aujourd’hui respectées et adoptées au niveau national et international.

L’ISA contribue à ce renouveau stratégique au moment où il est le plus nécessaire. En 2011, l’Institut a procédé à une consultation pancanadienne appelée Sommets sur la recherche en santé des Autochtones. Au cours d’une série de six rencontres nationales, soit deux rassemblements d’aînés ou de gardiens du savoir et de jeunes, et quatre autres rencontres aux quatre coins du Canada auxquels ont participé des intervenants communautaires en toxicomanie, en counseling, en éducation, en médecine, en sciences infirmières et en travail social, nous avons fait avancer le dialogue national avec plus d’une centaine de professionnels des Premières Nations, inuits et métis dans plus de dix disciplines liées à la santé.

Les communautés des Premières Nations, inuites et métisses réclament un changement dans les méthodes de recherche, affirmant que la recherche en santé est plus efficace quand elle naît d’une approche fondée sur les forces et la résilience et incorpore les systèmes de connaissances et les connaissances traditionnelles des Autochtones. Les communautés ont informé l’ISA qu’une vision holistique de la santé, qui n’est pas la perspective occidentale courante, éclaire les perspectives du bien-être partagées par les Premières Nations, les Inuits et les Métis.

En accordant une plus grande place aux systèmes de connaissances autochtones et en honorant les approches de la recherche en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis, l’ISA et ses chercheurs sont à même de profiter de ces changements et de ces nouvelles possibilités pour démontrer une compréhension réelle et complète du bien-être de ces populations.

Vision, mission et valeurs

La vision, la mission et les valeurs de l’ISA mettent en relief les principes d’une mise en équilibre des systèmes de connaissances autochtones et des sciences « traditionnelles » dans la façon d’aborder la recherche sur la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis, comme dans l’application de stratégies pour éliminer les inégalités et améliorer la santé des Autochtones de manière générale. L’ISA favorise l’avancement d’un programme national de recherche en santé pour améliorer et promouvoir la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis du Canada par la recherche, l’application des connaissances et le renforcement des capacités. L’Institut poursuit l’excellence en recherche en respectant les priorités de recherche communautaire et les connaissances, les valeurs et les cultures des Premières Nations, des Inuits et des Métis.

L’ISA jouera un rôle de premier plan en accroissant la productivité et l’impact de la recherche en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et en développant les capacités et l’infrastructure dans ces communautés, ce qui aura pour effet de favoriser l’application des connaissances et la formation de partenariats dans divers milieux et auprès de diverses organisations au niveau régional, national et international.

L’ISA sera constamment guidé par un ensemble de valeurs de base fondées sur les principes suivants :

  • Respect des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et des systèmes de connaissances autochtones
  • Promotion de la dimension communautaire et de l’excellence dans la recherche scientifique
  • Adhésion à des normes d’éthique élevées dans l’approche et la conduite de la recherche auprès des Premières Nations, des Inuits et des Métis
  • Inclusion, confiance et transparence dans notre travail
  • Partenariat et collaboration

Liens avec le plan stratégique, les priorités et les initiatives des IRSC

Le plan stratégique de l’ISA donne suite aux objectifs généraux et aux priorités énoncés dans le plan stratégique des IRSC. D’abord et avant tout, le plan stratégique de l’ISA appuie et renforce la priorité des IRSC d’investir dans l’excellence pour une recherche et une formation de calibre mondial en dotant la société canadienne d’une solide fondation de recherche en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Plus particulièrement, la feuille de route pour la recherche, le plus récent plan stratégique des IRSC, adopté par le conseil d’administration en juin 2014, énonce quatre priorités de recherche. Le plan stratégique de l’ISA chevauche entièrement la priorité de recherche B de cette feuille de route : santé et bien-être des Autochtones. L’initiative Voies de l’équité en santé pour les Autochtones, codirigée par l’ISA avec la participation des douze autres instituts, est le principal programme servant à mettre en œuvre cette priorité de recherche. En plus des Voies de l’équité, il existe de nombreux autres recoupements avec le plan stratégique, les priorités et les initiatives des IRSC.

Investir dans l’excellence pour une recherche et une formation de calibre mondial, et soutenir une solide fondation de recherche en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis

Adopter une approche de la recherche en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis fondée sur le bien-être qui est ancrée dans les systèmes de connaissances autochtones peut être considéré à notre époque comme une mesure progressiste et prévoyante. Des étapes importantes récentes comme les activités nationales de la Commission de vérité et réconciliation du Canada et le mouvement social Idle No More ont attiré beaucoup l’attention sur diverses questions et préoccupations des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et tous les Canadiens sont de plus en plus conscients des déterminants sociaux de la santé de ces populations au Canada, ainsi que de l’importance du rôle que les systèmes de connaissances autochtones doivent jouer dans la guérison et la transformation.

L’ISA encourage des approches de la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis fondées sur le bien-être comme moyen de stimuler une réflexion audacieuse et originale en recherche. Le bien-être est une priorité de recherche en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis qui a trait non seulement au bien-être de la personne, mais aussi aux communautés et aux relations avec les services et les systèmes de santé. En étant pertinente et convenable sur le plan culturel, cette recherche ouvre une voie plus directe pour aplanir les inégalités en santé qui affligent les communautés des Premières Nations, inuites et métisses, et permettre à ces communautés de parvenir au bien-être. Elle honore en outre des méthodes qui ont longtemps été exclues de la recherche scientifique occidentale. Promouvoir les concepts de bien-être améliorera notre compréhension globale des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et des déterminants de leur santé.

En accord avec les objectifs stratégiques des IRSC qui consistent à investir dans l’excellence pour une recherche et une formation de calibre mondial, ainsi que dans le maintien et le soutien d’une base de recherche vigoureuse, le soutien par les IRSC des Premières Nations, des Inuits, des Métis et de leurs communautés en tant que forces vives de la recherche en santé des Autochtones et de l’application des connaissances signifie qu’il faut disposer d’un effectif de chercheurs bien formés en mesure de concevoir une recherche réfléchie et innovante axée sur le bien-être. Cet effectif peut être formé par le mentorat, la recherche multidisciplinaire et des possibilités convenables de privilégier les systèmes de connaissances autochtones dans la réflexion scientifique. La formation et le mentorat multidisciplinaires doivent comprendre non seulement la préparation aux sciences allopathiques, mais aussi le mentorat académique et communautaire autochtone, en reconnaissant l’importance de préparer des chercheurs formés au travail intersectoriel et capables de contribuer au bien-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis.

L’ISA facilite l’analyse des avantages de la recherche en santé. Il encouragera les instituts concernés des IRSC à accroître la recherche sur les services de santé pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis en offrant d’appuyer des projets qui traitent activement de questions comme l’équité dans le financement, l’accès et l’évaluation de modèles de prestation de services aux Premières Nations, aux Inuits et aux MétisNote en bas de page 2. De plus, en raison de la nature inclusive du savoir autochtone et de l’échange d’information, le réseau d’organisations, de chercheurs et de communautés autochtones de l’ISA est idéalement positionné pour renforcer les partenariats entre les chercheurs, les utilisateurs des connaissances, les intervenants et les autres organisations.

Le réseau créé par l’ISA échange régulièrement, de sa propre initiative et à ses propres fins, des renseignements et des pratiques exemplaires, ce qui constitue une autre façon de renforcer les partenariats et la recherche en santé autochtone de façon générale. En outre, la participation de l’ISA aux activités de la SRAP signifie que les Premières Nations, les Inuits et les Métis participeront à la mobilisation citoyenne.

Les orientations stratégiques de l’ISA viennent appuyer la directive des IRSC visant l’amélioration des normes internationales d’excellence. L’ISA renforce la qualité de l’évaluation par les pairs en s’assurant que les approches autochtones de la recherche sont comprises, appréciées à leur juste valeur et considérées comme il se doit dans l’évaluation par les pairs. L’ISA veille aussi à ce que le milieu de la recherche ainsi que les organismes et les organisations non universitaires connexes comptent sur des chercheurs en santé formés et encadrés diversement par des experts et provenant des communautés des Premières Nations, inuites et métisses. Par le Programme de réseaux de mentorat autochtone (PRMA), l’ISA recherche des idées nouvelles auprès de chercheurs et de dirigeants autochtones établis qui ont fait leur marque comme mentors et dans la recherche communautaire pour établir des programmes de mentorat qui élimineront les obstacles systémiques et individuels auxquels se butent les stagiaires des Premières Nations, inuits ou métis. Le PRMA accroîtra le nombre et la compétitivité des chercheurs s’intéressant à la santé et au bien-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis grâce à des activités de mentorat innovantes. Misant sur le succès des programmes CDCARS et ERRSA, et sur celui des initiatives de mentorat universitaires, l’ISA financera des propositions transformatrices et susceptibles de changer les paradigmes pour les stagiaires des Premières Nations, inuits et métis. La possibilité de financement du PRMA cadre avec la priorité du plan stratégique des IRSC axée sur l’équité en santé et le bien-être des Premières Nations, des Inuits, des Métis, ainsi qu’avec la priorité stratégique de l’ISA visant à ce que les Premières Nations, les Inuits, les Métis et leurs communautés soient les moteurs de la recherche et de l’application des connaissances pour la santé de ces populations.

Le renforcement des capacités est un élément important des Voies de l’équité, où les partenariats avec les organisations des Premières Nations, inuites et métisses auront une fonction de mentorat. Dans le cadre du PRMA, l’ISA maintiendra une structure qui appuie le mentorat, d’autres formes de soutien social et l’intégration d’étudiants dans des réseaux de pairs et de chercheurs principaux à l’échelon local et régional. Cela sera accompli entre autres par une reconnaissance des obstacles pour les stagiaires et les nouveaux chercheurs des Premières Nations, inuits et métis, et la création de mécanismes pour éliminer ces obstacles, renforcer la capacité des nouveaux chercheurs des Premières Nations, inuits et métis de rivaliser avec les autres pour l’obtention de financement après l’évaluation par les pairs, d’accéder à des postes universitaires et d’entreprendre des recherches à grand impact. Le PRMA est censé accroître l’interconnectivité des chercheurs autochtones, permettre aux mentors de parfaire leurs compétences en mentorat et rendre possible la formation d’une cohorte de chercheurs communautaires qui deviendront des mentors mutuels auprès de chercheurs prometteurs et nouvellement établis.

Parvenir à l’équité en santé et au bien-être pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis

Le présent plan stratégique réaffirme l’engagement pris dans l’initiative phare Voies de l’équité en santé pour les Autochtones en poursuivant l’objectif stratégique des IRSC d’opérationnaliser leur promesse de s’attaquer aux inégalités auxquelles font face les Premières Nations, les Inuits et les Métis au Canada. Grâce aux Voies de l’équité, l’ISA peut concrétiser ses orientations stratégiques en misant sur le renforcement de sa capacité et de ses partenariats, et en mettant à contribution les autres instituts des IRSC pour faire face aux importants enjeux soulevés dans les Voies de l’équité.

Les partenariats sont au cœur des Voies de l’équité, ce qui les rend intéressants pour accroître le financement et déployer à plus grande échelle des interventions et d’autres activités des Voies de l’équité. Le volet Partenaires pour l’engagement et l’échange des connaissances (PEEC) des Voies de l’équité aide les organisations des Premières Nations, inuites et métisses à devenir des partenaires dans la recherche, en plus de faciliter l’apprentissage entre les équipes de recherche financées et d’appuyer l’application des résultats de la recherche dans la prise de décision en matière de politique et de pratique. Les organisations des Premières Nations, inuites et métisses permettront aux voix, aux systèmes de connaissances et aux cultures de ces populations d’être pris en compte dans cet effort.

De même, le partenariat multisectoriel est vital pour le succès des Voies de l’équité, l’initiative se tournant vers des intervenants et des intérêts externes pour obtenir des ressources supplémentaires, sous forme de financement ou par d’autres moyens. De tels partenariats peuvent préciser les politiques et les programmes existants qui pourraient profiter de la recherche, et les relier aux Voies de l’équité. Ces interactions aideront à reconnaître et à mettre en commun les pratiques exemplaires et l’expertise pouvant être adaptées à des communautés et à des milieux différents pour améliorer la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis.

Les Voies de l’équité offrent de nouvelles possibilités de participation accrue du secteur privé à la recherche sur des questions de santé, selon des modalités nouvelles et en faisant appel aux systèmes de connaissances autochtones dans des études sur le bien-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Selon ce qui ressort actuellement des Voies de l’équité, l’intérêt des intervenants du secteur privé pour la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis est, dans une grande mesure, lié à leur lien avec des communautés ou régions particulières. Mobiliser ces intervenants aux fins des Voies de l’équité ou autrement exigera un changement institutionnel dans la façon de voir les partenariats de financement, et les Voies de l’équité pourront bénéficier de la recherche et des interventions à vocation plus communautaire que celles qui peuvent résulter de la relation existante. Les résultats de ces études seront aussi (sinon plus) faciles à mettre en œuvre que ceux des études à l’échelle nationale.

Un aspect fondamental de l’initiative phare Voies de l’équité est l’application des connaissances, qui a lieu à chaque niveau et dans chacun de ses volets. Une compréhension accrue des éléments nécessaires pour améliorer la santé et le bien-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis fait partie intégrante de cette application continue des connaissances, comme l’ont exprimé les membres de ces communautés. Par l’application des connaissances, des interventions mieux adaptées culturellement peuvent être élaborées et mises en œuvre, et éventuellement conduire à des messages de santé publique plus simples et respectueux qui sont adaptés aux divers antécédents culturels de la population canadienneNote en bas de page 3. Le but global du programme PEEC est d’aider les équipes et les chaires de recherche impliquées dans la mise en œuvre des Voies de l’équité à étendre les interventions à l’ensemble des communautés, et à appliquer les résultats de la recherche à des politiques et à l’amélioration de la santé, ce qui ne peut être accompli que par de vastes partenariats.

La mise en œuvre et l’adaptation d’interventions multipaliers à plus grande échelle exigeront une application des connaissances appropriée. Le programme d’application des connaissances doit être mis de l’avant en partenariat avec les communautés des Premières Nations, inuites et métisses. Les PEEC ont une vaste expérience de l’application des connaissances orientée vers leurs participants et leurs membres, et un partenariat avec les chercheurs et d’autres organisations en augmentera la portée et l’efficacité grâce à une meilleure compréhension de la façon de réduire les inégalités en santé et d’accroître la capacité de recherche en sciences de la mise en œuvre.

L’ISA catalyse la compréhension et l’utilisation des systèmes de connaissances autochtones et du concept du double regard dans les Voies de l’équité et d’autres possibilités de financement comme moyen d’énoncer et d’élaborer des solutions destinées à améliorer la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis aux prises avec des maladies chroniques. Par des initiatives comme les Voies de l’équité, les organisations des Premières Nations, inuites et métisses font équipe avec des chercheurs pour étudier l’efficacité d’interventions qui peuvent garantir que les maladies chroniques sont traitées et prises en charge comme il se doit, et en définitive améliorer les approches existantes de la prévention et de la prise en charge de ces maladies. La qualité de vie des membres des Premières Nations, des Inuits et des Métis aux prises avec des maladies chroniques – « bien vivre avec la maladie » – peut être améliorée par des soins appropriés et de qualité, dans des environnements où l’on utilise les systèmes de connaissances autochtones et honore et respecte les histoires, les traditions et les croyances de ces populations.

La Stratégie de recherche axée sur le patient (SRAP)

L’ISA a tout intérêt à s’assurer que les Premières Nations, les Inuits et les Métis participent aux activités de la SRAP. D’ailleurs, on recommande souvent à l’Institut de façonner les réseaux et les unités de soutien de la SRAP dans l’optique particulière des Premières Nations, des Inuits et des Métis, à l’aide des systèmes de connaissances autochtones et du double regard. La participation des Premières Nations, des Inuits et des Métis à la recherche axée sur le patient doit s’inscrire dans un programme de bien-être qui met de l’avant le bien-être et la prévention secondaire, ou la possibilité de bien vivre avec la maladie. L’ISA encouragera la SRAP à mettre l’expertise à la disposition des communautés et organisations des Premières Nations, inuites et métisses, pour les aider à établir leurs propres systèmes d’information sur la santé et processus d’intendance. L’ISA facilitera la discussion sur le couplage de données, s’il y a lieu, conformément aux lignes directrices des trois conseils.

L’ISA appuiera le renforcement de la capacité des chercheurs des Premières Nations, inuits et métis au sein de la SRAP, notamment par des responsabilités d’encadrement pour les étudiants participant à la recherche en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis, qu’ils soient en début ou en fin de carrière. L’ISA facilitera aussi la prise en compte des intérêts des Premières Nations, des Inuits et des Métis dans la gouvernance de la SRAP, comme pour le volet Partenaires pour l’engagement et l’échange des connaissances (PEEC) de l’initiative phare Voies de l’équité. Ainsi, l’ISA encouragera l’inclusion d’organisations provinciales et territoriales des Premières Nations, inuites et métisses comme partenaires actifs dans les réseaux et les unités de soutien de la SRAP.

Environnements et santé

Le savoir écologique traditionnel des Premières Nations, des Inuits et des Métis a contribué à la survie et à la résilience malgré la colonisation et les conditions subséquentes, en plus du changement climatique qui menace de modifier la relation avec le territoire et, en fin de compte, la santé. Ce savoir représente des générations et des histoires d’échange d’information et d’interrelations culturelles, environnementales, économiques, politiques et spirituelles entre des peuples qui entretiennent des liens étroits avec la Terre. Il montre aussi comment les Premières Nations, les Inuits et les Métis se sont adaptés aux nombreux changements dans leurs modes de vie et environnements, souvent imposés par d’autres.

Les systèmes de connaissances autochtones et l’approche du double regard en recherche en santé, particulièrement dans le contexte des environnements et de la santé, aideront à se préparer à faire face aux nouvelles menaces. Beaucoup de communautés des Premières Nations, inuites et métisses situées en milieu rural ou dans des régions éloignées entretiennent une relation étroite avec leur territoire. Elles sont donc les premières à constater les effets directs du changement climatique, qui sont plus perceptibles qu’en milieu urbain. Ainsi, le savoir autochtone dans ces communautés peut être très utile pour faire face aux conséquences du changement climatique qui touchent la sécurité alimentaire et la nutrition, et d’autres aspects découlant d’environnements changeants.

L’ISA et ses réseaux appuient l’initiative phare Environnements et santé, qui correspond de près à la priorité du plan stratégique des IRSC visant à se préparer à réagir aux menaces mondiales pour l’environnement et la santé. Ils préconisent ainsi un accent renouvelé sur l’environnement, le changement climatique, la salubrité et la sécurité alimentaires, ainsi que la surveillance pour les personnes et les communautés réellement vulnérables. La proximité de certaines communautés des Premières Nations, inuites et métisses par rapport à des activités d’extraction de ressources reconnues comme néfastes pour l’environnement justifie certainement que ces communautés soient considérées comme « très vulnérables ». C’est le cas notamment des Premières Nations qui vivent près des sables bitumineux de l’Alberta. L’ISA est idéalement placé pour recommander à l’initiative Environnements et santé quelles communautés et organisations des Premières Nations, inuites et métisses devraient être invitées en tant que partenaires.

L’ISA peut s’assurer que les Premières Nations, les Inuits et les Métis font partie des études de cohorte d’Environnements et santé, et que leurs perspectives sont partagées. La collaboration à des études de cohorte pertinentes dont font partie les Premières Nations, les Inuits, les Métis et leurs communautés, ainsi que d’autres communautés au Canada, peut permettre une application étendue des connaissances et des possibilités de coupler des données sur le plan individuel avec celles d’études écologiques ou environnementales pour que des corrélations puissent être établies avec les changements dans les expositions environnementales, et que l’efficacité d’interventions environnementales et stratégiques puisse être déterminée.

Outre les environnements naturels et bâtis, d’autres environnements doivent aussi être considérés dans les contextes des Premières Nations, des Inuits et des Métis; par exemple, les cadres sociaux, économiques et politiques qui définissent souvent les identités des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et les effets de l’environnement sur ces identités.

Promouvoir un avenir sain par des mesures préventives

En appui à l’orientation stratégique des IRSC d’un avenir plus sain par la prévention, l’ISA prône l’utilisation des systèmes de connaissances autochtones et du double regard pour bien comprendre les effets de divers environnements sur les déterminants du bien-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis.

La corrélation entre le manque d’investissement dans des stratégies de santé préventives et les pressions et les coûts accrus qui s’ensuivent pour les systèmes de santé est bien comprise. Les personnes qui ne parviennent pas au bien-être sont plus susceptibles d’utiliser les services de santé et d’obtenir des soins, sollicitant ainsi continuellement les systèmes de santé. En pilotant et en appuyant des études sur les déterminants sociaux de la santé et du bien-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis, dont le colonialisme, le racisme et l’exclusion sociale, l’ISA donne suite à l’orientation du plan stratégique des IRSC visant à s’attaquer aux priorités de la recherche sur la santé et les systèmes de santé, en étudiant les inégalités auxquelles font face les Premières Nations, les Inuits et les Métis. La recherche sur les déterminants sociaux aidera également à générer des économies en santé; les études préconisant des améliorations des services entraîneront idéalement des gains d’efficience profitables sur le plan économique.

Le manque chronique de méthodes issues des Premières Nations, des Inuit et des Métis en sciences traditionnelles est perçu par certains dans le domaine comme le prolongement d’un racisme systémique tenace à l’endroit de ces populations. En accord avec la volonté des IRSC de supprimer les cloisonnements professionnels et sectoriels dans la recherche en santé, la recherche effectuée par l’entremise de l’ISA peut tenir compte de ces réalités et encourager une plus grande inclusion des méthodes et des systèmes de connaissances des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Voilà une façon de penser audacieuse et avant-gardiste pour résoudre un problème historique et systémique.

L’ISA dirigera et financera la création d’outils et de méthodes qui optimiseront l’exploration des déterminants du bien-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis comme moyen de s’assurer que le bien-être fait partie des plans de recherche sur la santé de ces populations.

Orientations stratégiques de l’ISA

L’ISA est considéré comme un leader du programme national de recherche en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis du Canada, et s’engage à mettre en place la capacité de recherche et les mécanismes de soutien nécessaires pour réaliser et appuyer les activités génératrices de connaissances permettant d’améliorer la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et de faire avancer les perspectives et les priorités de ces populations en matière de recherche.

L’ISA confirme trois orientations stratégiques inclusives, essentielles pour améliorer le bien-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis par un programme de recherche en santé progressiste, et cruciales pour saisir les possibilités qui s’offrent et réagir aux défis auxquels font face ces populations.

Le plan stratégique énonce et démontre la priorité pour l’ISA visant à soutenir une capacité de recherche accrue parmi les chercheurs et les communautés des Premières Nations, inuits et métis qui se penchent sur la santé des populations autochtones. Ce soutien passe impérativement par l’établissement continu de partenariats stratégiques au niveau régional, national et international par l’ISA, ainsi que par un programme de recherche en santé avancé qui intègre les systèmes de connaissances autochtones et des stratégies d’application des connaissances adaptées sur le plan culturel.

« Les explications traditionnelles des phénomènes environnementaux sont fondées sur l’expérience collective cumulative, éprouvée au fil des siècles, de personnes qui doivent posséder des connaissances pratiques et poussées de la terre dont ils dépendent pour chaque aspect de la vie. »

Orientation stratégique 1 : Les Premières Nations, les Inuits, les Métis et leurs communautés : forces vives de la recherche en santé et de l’application des connaissances pour ces populations

L’ISA aide les Premières Nations, les Inuits et les Métis à utiliser leurs systèmes de connaissances pour aborder les questions de santé. Au fil d’une consultation et d’une collaboration continues, les Premières Nations, les Inuits et les Métis ont informé l’ISA que leur bien-être passe impérativement par leur leadership dans la recherche en santé et l’application des connaissances. L’ISA joue un rôle crucial dans la création et le soutien de possibilités de partenariat et de formation pour les chercheurs des Premières Nations, inuits et métis, tout en faisant avancer l’application des systèmes de connaissances autochtones pour parvenir au bien-être.

Certaines des priorités d’action pour atteindre nos buts et soutenir les Premières Nations, les Inuits, les Métis et leurs communautés comme forces vives de la recherche en santé et de l’application des connaissances pour ces populations sont énoncées ci-dessous.

  • Encadrer et former la prochaine génération de chercheurs des Premières Nations, inuits et métis pour le milieu universitaire, le secteur public, l’industrie et la communauté

    L’ISA améliorera la production de chercheurs des Premières Nations, inuits et métis à divers stades d’études et de carrière. Grâce à des mécanismes de financement à l’intention des stagiaires et des nouveaux chercheurs comme le Programme de réseaux de mentorat autochtone (PRMA), des chercheurs et des dirigeants des Premières Nations, inuits et métis avanceront des idées nouvelles pour surmonter les obstacles empêchant les stagiaires autochtones de devenir des chefs de file mondiaux de la recherche en santé.

    L’ISA créera et appuiera des possibilités de stages dans le cadre de partenariats avec des responsables des politiques et des chercheurs au sein d’organismes gouvernementaux et d’organisations des Premières Nations, inuites et métisses pour offrir à des étudiants de ces groupes la chance d’entreprendre une carrière.

  • Exiger l’inclusion des systèmes de connaissances autochtones dans toutes les possibilités de financement de l’ISA, comme cela a été fait pour l’initiative Voies de l’équité et le CCNV

    L’ISA aidera les chercheurs, les communautés et les organisations des Premières Nations, inuits et métis à avoir accès au financement et aux ressources des IRSC en favorisant l’établissement de liens et en faisant avancer le concept de bien-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis dans les initiatives pertinentes des IRSC. Dans le même ordre d’idée, l’ISA guidera les IRSC dans la mise en œuvre d’une politique en vertu de laquelle tous les projets de recherche en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis appuyés par l’Institut devront inclure des participants des Premières Nations, inuits et métis possédant un « vécu autochtone ».

    L’ISA veillera à l’intégration des concepts des systèmes de connaissances autochtones dans d’autres initiatives phares des IRSC, telles que les initiatives Environnements et santé et Santé et productivité au travail, et les initiatives liées à la SRAP.

  • Préconiser l’inclusion du bien-être dans toutes les initiatives des IRSC et en faire valoir l’utilité comme moyen d’aider tous les Canadiens à être en meilleure santé

    Dans leur dernier plan stratégique, les IRSC ont adopté le concept de bien-être comme aboutissement souhaité pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Toutefois, les pouvoirs transformateurs des systèmes de connaissances autochtones et du double regard sont considérés comme bénéfiques pour tous les Canadiens. L’ISA collaborera avec d’autres instituts et initiatives des IRSC pour mettre davantage en valeur les concepts de bien-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis, en insistant sur le potentiel de transformation des soins de santé en faisant une place aux systèmes de connaissances autochtones et aux concepts holistiques de bien-être.

    La participation de l’ISA à d’autres initiatives permettra d’avoir les perspectives des Premières Nations, des Inuits et des Métis sur des problématiques qui touchent tous les Canadiens.

    Les chercheurs qui étudient les rapports entre les environnements et la santé profiteront grandement de la collaboration avec l’ISA afin que les perspectives des Premières Nations, des Inuits et des Métis éclairent les études sur les liens entre la santé de ces populations et les expériences malheureuses vécues au cours de l’enfance, les contaminants, l’extraction minière, le tabagisme, les moisissures, les expositions domestiques, les pesticides, le changement climatique et la dégradation de l’environnement, les aliments traditionnels, la sécurité alimentaire et la nutrition, et des questions connexes.

    L’étude des effets du changement climatique révèle d’importantes conséquences pour les modes de vie et la santé globale des populations de l’Arctique et du Nord. Étant l’un des principaux commanditaires de la recherche auprès des Inuits, l’ISA continuera de promouvoir la recherche en santé par des partenariats régionaux et circumpolaires qui explorent la relation entre le changement climatique et la santé, au profit de tous les Canadiens et du reste du monde.

    L’ISA fera appel aux chercheurs en santé publique et en épidémiologie pour examiner les tendances et obtenir des informations de santé publique concernant les Premières Nations, les Inuits et les Métis. L’ISA mobilisera également des chercheurs en soins de première ligne, dans tout le continuum des soins, pour étudier des questions relatives à l’accessibilité des soins, à l’accès à des soins culturellement adaptés, à l’accès aux systèmes de connaissances et de guérison autochtones, au racisme dans les soins de santé, à la littératie en santé, à l’amélioration de l’accès pour les communautés éloignées et à des thèmes connexes.

  • Aider les organisations non gouvernementales et les communautés des Premières Nations, inuites et métisses à appliquer les connaissances pour en accélérer la mise en œuvre et en étendre la portée

    L’ISA travaillera avec les chercheurs, les membres des Premières Nations, les Inuits, les Métis et leurs communautés pour examiner, réunir et diffuser les résultats de la recherche financée par les IRSC, et ainsi communiquer et maximiser les enseignements tirés et les connaissances acquises, en particulier dans les communautés des Premières Nations, inuites et métisses.

    En outre, l’ISA financera des possibilités supplémentaires de diffusion et d’application des connaissances pour soutenir la communication des résultats de la recherche et la compréhension de leur application dans les communautés des Premières Nations, inuites et métisses.

    L’Institut misera également sur des possibilités de mise en œuvre et d’application à plus grande échelle des interventions efficaces et des connaissances en tenant des ateliers pour explorer en détail le paysage des interventions étudiées dans les communautés des Premières Nations, inuites et métisses. L’ISA facilitera un réseau d’échange d’information et de connaissances pour s’assurer que les communautés sont au courant des interventions utiles, dans le cadre de l’initiative Voies de l’équité et par d’autres moyens.

    L’ISA organisera des ateliers et des séminaires pour aider les communautés et les organisations des Premières Nations, inuites et métisses à obtenir des fonds des IRSC en vue de mener des recherches sur leurs propres priorités en matière de santé et de bien-être. Parallèlement, l’Institut conseillera les IRSC relativement aux circonstances particulières des communautés des Premières Nations, inuites et métisses qui rendent difficile l’accès au financement des initiatives stratégiques des IRSC, à la lumière de la directive des IRCS exigeant l’établissement de partenariats financiers externes. L’ISA encouragera et aidera le milieu de la recherche en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis à demander et à obtenir des fonds dans le cadre des programmes ouverts pour les nouveaux chercheurs ou des subventions de programme de plus longue durée.

  • Promouvoir des réseaux de collaboration de chercheurs en santé, en sciences sociales et en sciences physiques pour susciter une recherche nouvelle, dynamique et innovante en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis

    L’avancement du mandat de l’ISA passe par l’établissement de liens entre les milieux de la recherche et la formation d’alliances stratégiques au Canada et ailleurs dans le monde.

    L’ISA continuera d’appuyer une rencontre annuelle des stagiaires et des mentors en recherche sur la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis pour leur donner l’occasion de faire connaître leurs travaux et leurs conclusions, de faire des contacts et de parler de stratégie en général concernant la santé des peuples autochtones. D’autres conférences et forums auxquels l’ISA a participé financièrement, comme le colloque sur le savoir autochtone tenu en 2013, ont facilité les échanges entre les chercheurs, les savants et les universitaires des Premières Nations, inuits et métis et leurs pairs non autochtones sur des façons de développer les connaissances des Premières Nations, des Inuits et des Métis à l’aide des concepts occidentaux de validation et de vérification.

    La rencontre de l’International Group for Indigenous Health Measurement (IGIHM) tenue à Vancouver en 2014 et dirigée par l’ISA, et le partenariat avec l’Autorité sanitaire des Premières Nations de la Colombie-Britannique pour organiser et accueillir un rassemblement sur des indicateurs de bien-être chez les Autochtones ont permis de réunir des universitaires autochtones locaux et internationaux ainsi que de membres de la communauté pour parvenir à une compréhension commune des indicateurs de bien-être et de santé, et de ce que les différences signifient pour la recherche en santé autochtone.

    La présence de l’ISA à la rencontre de l’International Network in Indigenous Health Knowledge and Development (INIHKD), tenue à Winnipeg en 2014, a également contribué à mettre en contact les réseaux internationaux et à explorer les synergies. À cette occasion, l’ISA a organisé un dialogue sur le mentorat où des mentors et des mentorés internationaux ont échangé leurs expériences et leurs points de vue sur le mentorat dans la recherche en santé autochtone. Les concepts et les idées véhiculés ont contribué à la création du Programme de réseaux de mentorat autochtone (PRMA) de l’ISA.

    Comme de plus en plus de communautés et d’organisations réalisent leurs propres recherches, l’ISA apportera son soutien et offrira de la formation aux communautés des Premières Nations, inuites et métisses sur l’élaboration d’ententes en matière de données, les objectifs et l’utilisation des données relatives à la santé, et le besoin d’identifiants des Premières Nations, des Inuits et des Métis dans la recherche en santé.

Orientation stratégique 2 : Transformer la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis par les systèmes de connaissances autochtones et le double regard

Les concepts qui guident les possibilités de financement de l’ISA sur les systèmes de connaissances autochtones et le double regard orientent les principes de la vision et du mandat de l’Institut. Plusieurs études financées par l’ISA ont intégré et caractérisé les avantages de ces approchesNote en bas de page 5. L’ISA continue de promouvoir les systèmes de connaissances autochtones dans les méthodes de recherche en santé ainsi que des indicateurs de santé autochtones communs et propres aux communautés, en s’inspirant à cette fin des résultats du Colloque national sur les connaissances autochtones et la recherche en santé autochtone, tenu en mars 2013.

Le concept du double regardNote en bas de page 6 en recherche a trait à la recherche en santé communautaire qui est d’intérêt pour la communauté et qui mobilise les Premières Nations, les Inuits et les Métis dans la conception, la mise en œuvre, l’analyse, la gestion des données et la mise en commun de la recherche. Entre autres atouts, le double regard en recherche procure les avantages directs de la connexion culturelle, de la sécurité et du contrôle pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis en assurant la participation et un équilibre entre les méthodes de recherche, l’analyse et les traitements subséquents « occidentaux » et autochtonesNote en bas de page 7.

L’ISA s’est engagé à appliquer les recommandations issues des Sommets sur la recherche en santé des Autochtones pour veiller à ce que les thèmes communs du développement adapté à la culture et significatif de la recherche en santé auprès des Premières Nations, des Inuits et des Métis soient compris et mis en œuvre au niveau des IRSC. La promotion de ces thèmes par l’ISA a amené les IRSC à reconnaître et à incorporer les concepts de bien-être dans leur plus récent plan stratégique. L’application appropriée de ces thèmes fournira les données probantes nécessaires pour la prise de décision à tous les niveaux de la recherche, y compris l’établissement de programmes communautaires, les services, les politiques et les budgets.

Les connaissances traditionnelles des Métis

Plus que la connaissance des plantes et des animaux, les perspectives holistiques des Métis exigent la prise en compte des nombreuses facettes de la vie, y compris les connaissances traditionnelles qui leur ont permis de survivre depuis des générations. Pour les Métis, l’environnement est constitué de relations sacrées unissant, par exemple, la langue, l’apprentissage, les gens et les structures sociales, les traditions, le territoire (y compris toutes les parties de la Terre et de l’atmosphère), la spiritualité, le développement personnel, les interactions harmonieuses, les connaissances autochtones, l’imagination, les conditions économiques, les approches équilibrées de la vie, les systèmes politiques et les valeurs.

Ralliement national des Métis, 2011Note en bas de page 8

Les connaissances traditionnelles des Premières Nations

Il existe de nombreuses façons de décrire les modes de vie sacrés des Premières Nations. Les expressions « connaissances traditionnelles » et « systèmes de connaissances » sont utilisées de façon interchangeable. Le mot « traditionnel » n’est pas associé à la notion de ce qui est vieux, mais à ce qui est fondé sur la tradition.

Les connaissances traditionnelles sont créées, préservées et dispersées. Les Premières Nations se servent de cette expression pour décrire l’information transmise de génération en génération. Chacun dans une communauté ou une culture détient les connaissances traditionnelles parce que ce savoir est collectif. Les connaissances traditionnelles sont déterminées par le territoire, l’environnement, la région, la culture et la langue d’une Première Nation. Elles sont partagées par des formes d’échange d’information culturelle et traditionnelle, comme les récits. Les personnes telles que les aînés et les guérisseurs partagent généralement ces connaissances avec d’autres dans la communauté.

Organisation nationale de la santé autochtone, 2005Note en bas de page 9

Inuit Qaujimajatuqangit

Les connaissances traditionnelles des Inuits, ou Inuit Qaujimajatuqangit (IQ), correspondent à des principes directeurs fondés sur des forces qui guident la personne vers l’équilibre et l’harmonie.

Il s’agit du fondement sur lequel s’édifie le bien-être socioaffectif, spirituel, cognitif et physique. La santé culturelle est la base de toute autre forme de santé parce qu’elle réside dans le sentiment d’identité, les soutiens sociaux collectifs pour la personne et le sentiment d’appartenance qui prend racine dans des relations saines d’amour et de soutien. Voilà les conditions requises pour être en santé. Dans l’optique de l’IQ, un sentiment de santé et de bien-être personnels repose sur un fort sentiment d’identité et d’appartenance, sur une compréhension de son but et de son rôle sous forme de contribution personnelle à l’amélioration du bien commun et au service des autres, de même que sur une appréciation des compétences et des habiletés particulières que la personne doit employer à ces fins.

Centre de collaboration nationale de la santé autochtone, 2011Note en bas de page 10

L’ISA réorientera l’approche de la recherche en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis.

  • Assurer la participation entière des Premières Nations, des Inuits, des Métis et de leurs communautés à toutes les étapes de la recherche – de la conception à l’analyse et à la mise en œuvre des interventions –, reflet d’une nouvelle orientation de calibre mondial pour la recherche en santé.

    L’ISA fera augmenter la participation des communautés des Premières Nations, inuites et métisses dans tout le processus de recherche notamment par le soutien continu de la recherche communautaire et les enseignements tirés de l’inclusion complète des systèmes de connaissances autochtones, du double regard, de la connaissance intuitive, de l’orientation et de la collaboration. De plus, l’ISA veillera à ce que les possibilités de financement fassent de la participation communautaire une condition expresse dans les demandes de financement.

  • S’inspirer des systèmes de connaissances autochtones dans tout le processus de recherche afin de créer une nouvelle norme d’excellence, de façon à accroître la pertinence des priorités de recherche communautaire ainsi que des connaissances, des valeurs et des cultures des Premières Nations, des Inuits et des Métis.

    L’ISA encouragera l’inclusion des systèmes de connaissances autochtones dans les plans de recherche en santé. L’ISA organisera des rencontres d’apprentissage sur les systèmes de connaissances autochtones et leur application à la santé, aux méthodes de recherche et aux indicateurs de santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis, en plus de financer des documents d’orientation et des études de cas sur l’utilisation de ces systèmes de connaissances pour promouvoir l’équité en santé, par exemple dans des stratégies de guérison en santé mentale et des interventions communautaires.

    Dans l’établissement de réseaux avec les communautés, l’ISA reconnaît que le soutien de l’autodétermination dans la recherche et de l’équité en santé est essentiel pour atteindre les objectifs de l’Institut, soit résoudre les problématiques et les inégalités critiques en santé. L’autodétermination dans la recherche en santé exige le développement continu de la capacité de recherche des Premières Nations, des Inuits et des Métis, le transfert des connaissances, le partenariat, l’établissement de relations et l’appropriation par la communauté de la recherche en santé. L’appropriation par les communautés des Premières Nations, inuites et métisses de la recherche en santé reconnaît le rôle qui consiste à déterminer les questions de santé critiques pour la communauté et à exposer les impacts en termes de santé et de maladie, et définit en outre les paramètres du partenariat, sa signification et les responsabilités qui l’accompagnent.

  • Encourager l’utilisation des systèmes de connaissances autochtones comme moyen d’établir les priorités de recherche et de déterminer les interventions. Les systèmes de connaissances autochtones doivent guider les interventions pour qu’elles soient adaptées à la culture, aient un sens et soient comprises.

    L’ISA améliorera l’application des connaissances en finançant des évaluations sur l’échange de connaissances dans les communautés des Premières Nations, inuites et métisses, et procédera à des analyses de la recherche qu’il finance afin de maximiser les leçons apprises et les connaissances acquises. Améliorer l’échange des connaissances entre l’ISA et les communautés des Premières Nations, inuites et métisses requiert une prise en charge par la communauté des nouvelles priorités de recherche que l’ISA appuiera, comme l’étude des corrélations entre les environnements physiques et sociaux et la santé et entre les facteurs de stress en bas âge et l’apparition de maladies chroniques, ainsi que de la prestation des soins de santé communautaires de première ligne (SSCPL). L’ISA appuiera également la recherche visant à évaluer les modèles de prestation de soins des Premières Nations, des Inuits et des Métis (c’est-à-dire les centres de santé communautaire, les autorités sanitaires).

Orientation stratégique 3 : Bien-être, force et résilience des Premières Nations, des Inuits et des Métis : aller au-delà de l’équité en santé

Le réseautage, la collaboration et la consultation auprès des Premières Nations, des Inuits, des Métis, de leurs communautés et de leurs organisations éclairent la démarche de l’ISA. Les Premières Nations, les Inuits et les Métis indiquent souvent à l’ISA que l’atteinte du bien-être passe par l’autodétermination pour guider les processus de recherche à toutes les étapes, y compris l’établissement du programme, l’interprétation et l’analyse des données, et la diffusion des conclusions et leur mise en application dans les politiques, la pratique et les programmes. L’ISA est bien placé pour jouer un rôle de chef de file en facilitant l’acceptation et la validation des systèmes de connaissances autochtones et le double regard au sein de milieux scientifiques qui, autrement, pourraient ne pas avoir connaissance de ce savoir ou y être sensibilisé.

Les Premières Nations, les Inuits et les Métis du Canada soutiennent que le racisme et l’oppression historiques et générationnels ont créé des conditions qui ont débouché sur certaines pathologies, qui sont devenues communes. Une de ces conditions est le traitement que les Premières Nations, les Inuits et les Métis reçoivent dans les systèmes de santé canadiens, lequel ne témoigne pas, ou si peu, d’une compréhension de leurs systèmes de connaissances et des concepts de bien-être connexes. La troisième orientation stratégique de l’ISA cadre avec la volonté exprimée dans le plan stratégique des IRSC de donner suite aux priorités de recherche touchant la santé et les systèmes de santé.

L’ISA réorientera ses interventions pour aller au-delà de l’équité en santé.

  • Collaborer avec les communautés et les organisations des Premières Nations, inuites et métisses à l’avancement du concept de bien-être comme nouvelle norme permettant de parvenir à la santé pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis

    L’ISA favorisera les rapports connexes et fera la promotion des concepts de bien-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis dans toute la sphère de la recherche en santé autochtone, parmi les instituts des IRSC et dans leurs initiatives pertinentes. L’ISA encouragera les ministères de la Santé des provinces et les autorités régionales de la santé à adopter une approche axée sur le bien-être en matière de santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et de santé des populations, y compris la pratique professionnelle et la prestation des services.

  • Collaborer avec les organismes internationaux pour favoriser une intégration significative du bien-être dans la recherche et l’établissement de critères pour évaluer l’excellence

    L’ISA dirigera et financera des évaluations portant sur le fonctionnement de méthodes de recherche semblables dans d’autres contextes.

  • Travailler avec les chercheurs et les responsables des politiques pour définir des indicateurs servant à mesurer le bien-être au niveau des personnes et des populations

    L’Institut collabore constamment avec l’International Group for Indigenous Health Measurement (IGIHM) en vue de mettre au point des méthodes de mesure utiles pouvant servir d’assise aux programmes et aux politiques, et être applicables dans un contexte clinique. L’ISA dirigera le perfectionnement de méthodes de mesure appropriées et applicables dans les plans de recherche.

  • Aider financièrement des chercheurs à mettre au point et à exploiter de nouveaux outils et de nouvelles méthodes pour mieux incorporer les concepts de bien-être dans les plans de recherche et collaborer pour évaluer ces outils et ces méthodes de manière appropriée

    L’ISA dirigera et financera la mise au point d’outils et de méthodes permettant la meilleure exploration possible des déterminants du bien-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis comme moyen de s’assurer que ces concepts font partie des plans de recherche pour l’étude de la santé de ces populations.

Mise en œuvre et évaluation

Photo – Avec la permission de John Waldon

L’ISA continue de mettre à profit ses acquis et ses réalisations en matière de recherche sur la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Les cinq prochaines années promettent d’être chargées et productives pour l’ISA. Par des initiatives phares comme les Voies de l’équité en santé pour les Autochtones, l’Institut répond au besoin de mieux comprendre de quelle façon mettre en œuvre et appliquer à plus grande échelle les interventions et les programmes qui amélioreront la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis dans quatre domaines prioritaires. Ces domaines sont la santé mentale et les dépendances, les maladies transmissibles, les maladies chroniques et l’accès aux systèmes de santé, et la recherche est censée contribuer à l’apprentissage dans ces vastes domaines.

L’ISA et son conseil consultatif élaboreront un plan opérationnel pour donner suite à ces orientations stratégiques à compter de 2014. Les prochaines réunions du conseil consultatif de l’Institut permettront de poursuivre la planification opérationnelle et de définir des actions centrées sur des objectifs qui sont viables et qui peuvent être mesurées en termes d’appui et de sensibilisation aux concepts de bien-être et aux systèmes de connaissances, d’accroissement de la capacité et du nombre de chercheurs des Premières Nations, inuits et métis au Canada et ailleurs dans le monde, et de changement fondamental dans la nature historique de la recherche en santé autochtone. Atteindre les buts de notre plan stratégique exigera une évaluation fondée sur des indicateurs de rendement appropriés, qui seront établis et alignés sur chaque orientation stratégique et action connexe. Des indicateurs opérationnels et de mise en œuvre continueront d’être élaborés sur la base des orientations stratégiques de l’ISA.

Observations finales

L’ISA continue de tirer parti de ses acquis et de ses réalisations en matière de recherche en santé autochtone. L’ISA et les IRSC démontreront une plus grande obligation redditionnelle envers les Premières Nations, les Inuits et les Métis en dirigeant et en appuyant la promotion et l’application des concepts de bien-être, des systèmes de connaissances autochtones et du double regard. L’ISA reconnaît l’importance de l’autodétermination des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et peut faciliter la détermination et l’orientation de la recherche en santé et de l’application des connaissances, contribuant à terme à transformer la recherche en santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et favorisant leur bien-être, leur force et leur résilience grâce à l’application des systèmes de connaissances autochtones et du concept du double regard.

La nature des orientations stratégiques de l’ISA accorde à l’Institut la souplesse requise pour réagir rapidement aux menaces imminentes pour la santé, en appuyant le leadership des Premières Nations, des Inuits et des Métis dans la recherche en santé. L’ISA a évité de définir des thèmes de recherche précis dans ces orientations stratégiques afin de laisser à l’Institut et à ses réseaux la latitude voulue pour faire porter la recherche sur les nouvelles priorités et soutenir ces priorités au niveau

Annexe

Terminologie

Autochtones, Autochtones, Premières Nations, Inuits et Métis

En anglais, le terme « Aboriginal » est souvent cité par les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis comme un concept issu de la Constitution canadienne de 1982, dont l’article 35 reconnaît les droits des peuples autochtones et poursuit en définissant les « peuples autochtones du Canada » comme étant les « Indiens » [Premières Nations], les Inuit[s] et les Métis du Canada. Pour beaucoup de gens, ce terme est intrinsèquement lié à la colonisation et n’est qu’un autre exemple d’imposition coloniale à l’égard des identités des Premières Nations, des Inuits et des Métis, avec pour résultat que son utilisation est perçue comme négative et réductrice.

Par conséquent, l’Institut considère plus convenable et plus respectueux d’utiliser le terme « Indigenous », qui correspond plus exactement à la portée de son travail.

En revanche, l’équivalent français « Autochtone » n’a pas du tout cette connotation. C’est plutôt le terme « Indigène » qui a une connotation et un passé négatifs. « Autochtone » semble le terme français approprié pour rendre la notion d’« Indigenous » partout dans le monde, d’où le choix terminologique de l’Institut.

Dans le contexte canadien, l’ISA utilise l’expression « Premières Nations, Inuits et Métis ».

Systèmes de connaissances autochtones et double regard

Les interprétations contemporaines et traditionnelles de la santé et du bien-être englobent les concepts de langue, d’identité, de savoir, de confiance, de territoire, de communauté et de responsabilité, témoignant d’une vision holistique qui tient compte des dimensions physiques, spirituelles, affectives et mentales des humains et des collectivités. Les systèmes de connaissances autochtones offrent une approche plus positive et holistique de la recherche sur les questions de santé; les questions peuvent être abordées sous l’angle de la résilience, qui fait que les Autochtones ont survécu en dépit des inégalités en santé, des services et des programmes non adaptés à la culture, et des politiques de santé non autochtones qui déterminent les résultats sur le plan de la santé des Autochtones.

L’ISA adhère à un modèle d’affirmation du savoir appelé « le double regard – un modèle de progrès mutuel », influencé par l’œuvre et les enseignements de l’aîné et gardien du savoir micmac Albert Marshall. Ce modèle incorpore des ressources et des perspectives occidentales et micmaques. Font partie intégrante du modèle du double regard le besoin de renforcement des capacités dans les communautés autochtones et le besoin de ressources communautaires qui témoignent d’un véritable partenariat dans la recherche en santé, de même que dans l’application et l’échange des connaissances, afin de permettre au bout du compte une amélioration de la santé et une réduction des inégalités en santé.

L’ISA croit que la vision holistique de la santé chez les Autochtones oriente la recherche vers une perspective de bien-être plutôt que vers la perspective occidentale courante de l’étude de la maladie. L’ISA fera progresser la compréhension et l’utilisation de ces notions en articulant le rôle des systèmes de connaissances autochtones et du double regard dans l’élaboration de solutions pour améliorer la santé des Autochtones.

Bien-être

Les concepts de bien-être sont définis différemment par de nombreux peuples autochtones au Canada et dans le monde, mais des éléments de ces concepts se recoupent dans une large mesure. Le bien-être est un moyen de capturer une vision holistique de la santé qui comprend les dimensions spirituelles, affectives, physiques et mentales d’un être en tant qu’individu et membre d’une communauté. De plus, les Autochtones réitèrent, du fait de leur survie malgré le colonialisme, l’oppression et le racisme systémique, que la recherche sur la santé et le bien-être autochtones devraient porter davantage sur des indicateurs d’une bonne santé fondés sur la force et la résilience.

Les communautés autochtones ont indiqué à l’ISA que la recherche en santé fondée sur le modèle de la maladie ne contribue pas efficacement à la promotion du bien-être dans les communautés autochtones. De même, des collègues étrangers ont fait connaître leurs conceptualisations du bien-être à l’Institut, et leur façon de voir la santé holistique, ainsi que les déterminants et les indicateurs connexes, ne diffère pas de celle des Premières Nations, des Inuits et des Métis du Canada.

Pour que l’ISA soit le plus efficace possible, nous devons respecter ce que les Autochtones nous disent quant à ce qui leur permettrait d’accéder au bien-être. Quand les chercheurs et les communautés autochtones affirment que la santé des Autochtones, dans l’ensemble, ne s’améliore pas, cela veut dire que le moment est venu de réduire la tutelle, de saisir les occasions qui s’offrent et d’accroître le rôle des communautés autochtones dans la recherche et les interventions qui les touchent.

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