Dr Éric Cohen

La mécanique des interactions virus-hôte

Institut de recherches cliniques de Montréal et Université de Montréal

Le Dr Éric Cohen, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en rétrovirologie humaine et professeur à l'Institut de recherches cliniques de Montréal et à l'Université de Montréal, se penche sur la mécanique de base des relations virus-hôte. C'est la complexité de ces relations et ce qu'elles nous apprennent sur le virus et le système immunitaire humain qui l'ont maintenu dans ce domaine de recherche depuis près de 30 ans. Maintenant, en tant que meneur d'une équipe bénéficiant de l'appui de l'Initiative canadienne de recherche sur un remède contre le VIH et nommée Consortium canadien de recherche sur la guérison du VIH (CanCURE), le Dr Cohen met à profit sa connaissance des sciences fondamentales dans les stratégies pour prévenir l'établissement du VIH et le maintien de l'infection. Et il explique : « Tout remède contre le VIH reposera sur l'interférence avec la capacité du virus de persister dans l'hôte. Si nous pouvons définir les interactions essentielles virus-hôte que nous sommes à même de cibler, nous finirons par élaborer des stratégies anti-persistance. »

L'efficacité de réplication et de transmission du VIH dépend de deux éléments : la capacité du virus d'avoir accès aux facteurs de l'hôte (protéines cellulaires dont dépend le VIH pour se répliquer et se transmettre) et la capacité du virus de contrer les mécanismes de défense de l'hôte. Sur le plan moléculaire, les cellules de l'être humain encodent des protéines antivirales (appelées facteurs de restriction) qui suppriment la réplication du VIH dans les cellules humaines. En même temps, le VIH s'est doté d'un ensemble de protéines (protéines accessoires) dont le rôle est de modifier l'environnement cellulaire pour favoriser l'évasion immunitaire – ouvrant ainsi une porte permettant au virus de se répliquer et de se transmettre efficacement. Le Dr Cohen et son laboratoire étudient les interactions entre les protéines virales accessoires (notamment, VIF, VPR, VPU et Nef) et les protéines antivirales de l'hôte.

Le travail du Dr Cohen porte également sur la relation entre la VPU et les cellules dentritiques plasmacytoïdes (pDC) — cellules humaines impliquées dans la réaction immunitaire antivirale. « Les pDC peuvent dépister le virus et, fondamentalement, déclencher des défenses antivirales par la production d'interféron, empêchant le virus de se propager. » Par contre, il existe des limiteurs naturels qui empêchent la production d'une trop grande quantité d'interféron et le Dr Cohen soupçonne que la VPU exploite cette voie pour empêcher une réaction immunitaire efficace. Les résultats de ses travaux seront connus sous peu.

Même si, dans ses recherches, il étudie l'interaction VIH-hôte à son niveau le plus fondamental, le Dr Cohen passe à un échelon supérieur de complexité, peut-on dire, pour veiller à ce que son travail se traduise par des applications pratiques. « Lorsque nous faisons des découvertes dans les modèles expérimentaux, nous nous tournons vers les cellulaires primaires et finalement, nous passons à un modèle de souris humanisée (souris dotée d'un système immunitaire humain) où nous étudions les choses in vivo. Finalement, nous utilisons des échantillons biologiques des personnes infectées par le VIH. Nous travaillons sur des mécanismes très fondamentaux et ensuite, nous les validons dans le système physiologique le plus pertinent dont nous disposions. » La capacité du VIH de créer des réservoirs viraux dans les cellules immunitaires à durée de vie importante malgré la thérapie antirétrovirale constitue la principale source de persistance du virus et l'obstacle à un remède contre le VIH. L'espoir du Dr Cohen est qu'en élucidant les voies moléculaires fondamentales des interactions virus-hôte, on pourra prévenir dès le départ l'établissement de l'infection et les réservoirs.

L'Association canadienne de recherche sur le VIH (ACRV), l'Initiative de recherche sur le VIH/sida des IRSC, la Fondation canadienne de recherche sur le sida (CANFAR), le Réseau canadien pour les essais VIH (RCE) et le Bureau de coordination de l'alliance (BCA) de recherche et de développement de l'Initiative canadienne de vaccins contre le VIH (ICVV) souhaitent adresser leurs remerciements au Dr Cohen pour sa contribution importante à notre compréhension du VIH. Son travail s'inscrit dans le cadre d'un vaste effort canadien de recherche qui fait la différence dans la vie des personnes affectées par le VIH, au Canada et de par le monde.

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