Dr Peter Smith

Alléger la douleur des personnes vivant avec le VIH

Université de l'Alberta

La douleur aiguë, ou « nociceptive », comporte un avantage : elle nous dit d'arrêter ce que nous sommes en train de faire et empêche que nos tissus continuent de s'endommager. La douleur « neuropathique », en revanche, continue longtemps après la lésion d'origine et n'apporte aucun bienfait apparent. La douleur neuropathique liée au VIH est un effet secondaire trop commun d'une infection qui se prolonge dans le temps; les patients souffrent d'engourdissements et de douleur chronique, et un simple toucher peut leur être douloureux. « Une personne sur deux vivant avec le VIH souffre de douleur chronique », explique le Dr Peter Smith, neuroscientifique à l'Université de l'Alberta. « Ce genre de douleur résiste aux médicaments actuellement disponibles comme la morphine ». Mais d'où vient cette douleur et comment la traiter? Le Dr Smith et ses collègues tentent de répondre à ces questions.

L'intérêt du Dr Smith pour les sciences remonte à sa jeunesse. « J'étais un maniaque des sciences quand j'étais enfant », confie-t-il. « J'aimais la chimie et l'électronique ». Cet intérêt l'a conduit à des études de premier cycle en physiologie et en biochimie, lors desquelles il est devenu intrigué par l'électrophysiologie, ou l'étude de l'activité électrique du cerveau et des nerfs. Ce qui est bien avec l'électrophysiologie est qu'on peut vraiment voir ce qui est en train de se passer : la réaction des nerfs aux stimuli ou aux médicaments. Son intérêt pour les médicaments l'a amené à sa recherche actuelle : « J'étais fasciné de voir comment quelques milligrammes d'un médicament pouvaient agir si nettement sur le comportement ou la santé d'une personne. Tout cela m'a amené à m'intéresser à la neuropharmacologie et à la neurophysiologie. »

 « Au début, nos recherches avaient quelque chose d'ésotérique », raconte le Dr Smith, en parlant du commencement de ses travaux. « Mais nous avons fini par nous rendre compte que notre travail était très utile pour comprendre la douleur neuropathique, et cela est devenu l'orientation principale de ma recherche. Je n'aurais jamais pensé devenir chercheur sur le VIH/sida, mais je suis très heureux d'oeuvrer dans un domaine pertinent par rapport à un important problème clinique, et j'aime échanger des notes avec des cliniciens et d'autres professionnels de la santé. »

Les travaux du Dr Smith sont axés sur la douleur neuropathique liée aux VIH. « Nous savons que le VIH favorise la production d'une protéine toxique appelée " Vpr ", qui endommage les nerfs sensoriels et cause des impulsions nerveuses douloureuses », explique-t-il. « Ces impulsions pénètrent constamment dans la moelle épinière et le cerveau. »

La Vpr est une protéine nécessaire à la réplication du VIH, mais ses effets sur le corps humain sont nuisibles. Elle altère les propriétés électriques des canaux ioniques – les pores des cellules nerveuses qui régulent l'activité électrique – et produit des impulsions nerveuses entraînant une douleur chronique. En collaboration avec le neurologue Christopher Power, le Dr Smith explore les mécanismes sous-jacents à ce phénomène, pour ainsi pouvoir le contenir. « Nous nous basons sur des enregistrements de l'activité électrique des nerfs sensoriels, en présence ou en l'absence de la Vpr, pour déterminer quels canaux ioniques sont touchés. » En se servant de souris produisant la Vpr, le Dr Smith peut étudier l'allègement de la douleur au moyen de médicaments réducteurs des effets de la Vpr sur l'activité neuronale. « Si ces médicaments peuvent soulager la douleur, ils mèneront à la mise au point de traitements antidouleur dont les personnes vivant avec le VIH ont un urgent besoin », précise le Dr Smith. « Nous espérons que nos conclusions ouvriront directement la voie à des essais cliniques. »

Les IRSC soutiennent les travaux du Dr Smith par une subvention de recherche de trois ans. Ce dernier affirme que « l'aide des IRSC a été absolument essentielle pour payer les technologues, les associés de recherche et les étudiants. Elle a couvert des éléments essentiels comme l'achat et l'entretien des animaux, les articles de laboratoire jetables et les petits appareils ».

Les IRSC et l'Association canadienne de recherche sur le VIH félicitent le Dr Smith pour son apport important à notre compréhension du VIH. Son travail s'inscrit dans un vaste effort de recherche canadien qui améliore la vie des personnes touchées par le VIH au Canada et ailleurs dans le monde.

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