Viser les blessures par arme à feu chez les jeunes Canadiens

Dre Astrid Guttman, Dre Natasha Saunders, Dre Alison Macpherson

Des chercheurs présentent un premier tableau des blessures par arme à feu chez les enfants et les jeunes en Ontario

Une étude publiée récemment dans le Journal de l'Association médicale canadienne [en anglais seulement] par une équipe de chercheurs de Toronto fournit les premières données probantes sur l'impact des armes à feu sur les enfants et les jeunes en Ontario.

L'étude, dirigée par la Dre Astrid Guttmann et la Dre Natasha Saunders à l'Institute for Clinical Evaluative Studies [en anglais seulement], à Toronto, avait pour but de déterminer le risque de blessure par arme à feu chez les enfants et les jeunes immigrants.

L'équipe de recherche a analysé les données de santé et d'immigration et toutes les blessures par arme à feu subies par des enfants et de jeunes personnes (moins de 24 ans) en Ontario de 2008 à 2012.

Elle a constaté qu'en moyenne 355 enfants et jeunes personnes sont victimes de coups de feu chaque année, soit presque un par jour. De ce nombre, 24, ou 7 %, décèdent. Les coups de feu sont accidentels dans 75 % des cas. Les autres sont le résultat d'agressions.

Le taux de blessures non intentionnelles est plus élevé chez les enfants et les jeunes nés au Canada, mais le risque de blessures consécutives à une agression est chez eux le même que chez les enfants et les jeunes immigrants.

Fait encore plus révélateur, les enfants et les jeunes immigrants en provenance d'Afrique sont plus de trois fois plus susceptibles que les enfants et les jeunes Canadiens d'être agressés avec une arme à feu, et ceux qui sont originaires d'Amérique centrale, plus de quatre fois plus susceptibles de l'être.

« Le nombre global de blessures nous a réellement surprises », a dit la Dre Guttmann. « La plupart de ces blessures étaient non intentionnelles et absolument évitables. L'étude montre que les blessures par arme à feu constituent un problème de santé publique, et que nous devons diriger les stratégies de prévention vers les groupes à risque. »

L'étude fait suite à une recherche antérieure sur les blessures non intentionnelles chez les jeunes immigrants et les familles immigrantes réalisées en collaboration avec la Dre Alison Macpherson, professeure de kinésiologie à l'Université York, qui a aussi contribué à l'étude sur les blessures par arme à feu.

« Je m'intéresse beaucoup à la santé des immigrants et des réfugiés », a dit la Dre Guttmann. « Au cours de la première étude sur les blessures non intentionnelles, nous avons constaté des différences dans les types de blessures subies par les enfants immigrants. Lorsque nous avons examiné ce qui était connu précisément au sujet des blessures par arme à feu, nous avons aussi découvert qu'il n'existait presque pas d'études canadiennes sur les blessures non mortelles, et nous voulions combler ce manque dans les connaissances. »

L'étude antérieure avait révélé que les enfants et les jeunes immigrants avaient un risque de blessure moindre que les enfants et les jeunes nés au Canada, confirmant le « paradoxe de l'immigrant », selon lequel les immigrants, bien que défavorisés socialement, sont en meilleure santé généralement que les citoyens nés au pays. Ce groupe de collaborateurs continue de puiser dans ce travail pour un certain nombre d'autres études évaluant les facteurs de risque de blessure par cause au sein de la population immigrante canadienne.

Les Dres Guttmann et Macpherson sont titulaires de chaires de recherche appliquée financées par les IRSC sur les services et les politiques en santé reproductive et infantile. La Dre Saunders a réalisé l'étude lorsqu'elle travaillait comme postdoctorante auprès de la Dre Guttmann – elles sont toutes les deux pédiatres et chercheuses à l'Hospital for Sick Children.

« Cette étude des Dres Guttmann et Macpherson atteste la valeur du programme de chaires de recherche appliquée pour générer d'importantes données de recherche, soutenir le travail collaboratif et renforcer la capacité par la formation », a dit le Dr Shoo Lee, directeur scientifique de l'Institut du développement et de la santé des enfants et des adolescents.

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