Dr David Brennan

Les indices de la collectivité

Professeur agrégé, faculté de travail social Factor-Inwentash, Université de Toronto

La recherche communautaire est dans la nature de David Brennan. Il était étudiant de premier cycle à Boston, à l'époque où l'épidémie de VIH est née et il s'est rapidement impliqué par du bénévolat. Il précise : « J'étais horrifié de ce qui arrivait aux gais dans la collectivité – je venais juste de révéler qui j'étais et je voulais participer. J'ai donc composé le numéro d'une ligne d'urgence et demandé si je pouvais aider. » Après avoir travaillé pour des organismes de services aux sidéens, à un programme de soins à domicile et à un centre de soins palliatifs, David Brennan a décidé de retourner à l'Université et de faire son doctorat. « Je voulais en savoir davantage sur ce que nous faisons en tant que fournisseurs de services et responsables de l'élaboration des politiques afin de mieux cerner quelle différence cela faisait dans la vie des personnes vivant avec le VIH, » explique-t-il. Son expérience de travail direct avec les collectivités touchées fait qu'en toute logique, sa carrière de chercheur devait se poursuivre dans le même sens; il est maintenant présent dans la collectivité du VIH depuis plus de 30 ans. « À titre de chercheur en sciences sociales, s'impliquer dans la collectivité est une partie essentielle du travail. Cela signifie que nous pouvons répondre aux vraies questions auxquelles font face les collectivités. »

L'un des projets de recherche de M. Brennan, soit l'étude - presque terminée - sur le bien-être et la longévité chez les bispirituels atteints du VIH/sida (2-SHAWLS) reflète sa philosophie. « Nous entendons souvent l'histoire de types bispirituels qui sont séropositifs au VIH, des histoires marquées par le désespoir, les problèmes de santé mentale et la toxicomanie, » explique M. Brennan. « Par contre, les groupes communautaires ont un autre son de cloche des gens qu'ils suivent. Nombre de ces personnes vont bien et ont appris comment vivre à long terme avec le VIH. » Avec l'appui d'une subvention Catalyseur des IRSC et en collaboration avec des collègues des « 2-spirited People of the First Nations » (personnes bispirituelles des Premières Nations) à Toronto, la Stratégie ontarienne de lutte contre le VIH et le sida à l'intention des Autochtones et l'Université McMaster, les chercheurs examinent les stratégies de résilience chez les hommes bispirituels vivant avec le VIH. Dans le cadre de l'étude, on a mené des groupes de discussion conçus sur le modèle des cercles autochtones de partage et entendu les histoires de 14 hommes bisprituels de diverses régions de l'Ontario. « C'est tout simple, nous avons demandé aux personnes ce qui les aide à vivre à long terme avec le VIH, » de dire M. Brennan. « Nous avons obtenu des réponses étonnantes. » Le groupe a analysé et structuré les conclusions dans un article intitulé « The Seven Truths of Resilience » (les sept vérités de la résilience) et présenté ces conclusions lors de plusieurs conférences et a reçu une rétroaction favorable. « Je crois que les gens pensent que les chercheurs parlent enfin de résilience – disent ce que les gens de la collectivité font bien. Nous avons recueilli d'excellents renseignements que nous pouvons transmettre aux gens. »

Son étude Cruising Counts appuyée par l'OHTN découlait du besoin, pour les organismes de service, de joindre les gens en ligne. « Les organismes de services aux sidéens offrent des services d'extension en ligne à l'intention des HRSH par des applications comme Grindr ou Scruff, par lesquelles les hommes essaient d'établir le contact avec d'autres hommes pour des motifs sociaux ou sexuels », explique M. Brennan. Par contre, il n'existe pas de lignes directrices claires sur le genre de service d'extension qui est efficace, non plus que sur la question de savoir si l'information est perçue comme utile ou pertinente. M. Brennan et ses collègues de la collectivité ont mené une étude préliminaire afin de préciser les types de service en direct offerts dans l'ensemble de l'Ontario et le nombre de personnes qu'ils atteignent. « Les gens suivent parfois ces applications simplement pour se brancher – l'hypothèse étant qu'ils ne sont pas intéressés à parler de VIH ou de MTS, » précise M. Brennan. « Par contre, nous avons constaté qu'en grande majorité, les hommes qui se sont branchés aux services d'extension en direct les ont trouvés utiles et fiables. Les hommes, pour la plupart, estimaient que la présence de ces fournisseurs était un plus. » M. Brennan a reçu une subvention supplémentaire de la CANFAR afin de mener une étude longitudinale auprès des jeunes HRSH sur leurs communications en ligne avec les organismes de lutte contre le sida.

Pendant ses années de travail dans la collectivité du VIH, M. Brennan a observé d'importants changements, ainsi que l'espoir d'en savoir davantage tandis que les chercheurs s'attachent à creuser des questions pertinentes. « À mon avis, nous tenons des conversations plus honnêtes et plus essentielles sur les raisons pour lesquelles les hommes gais courent encore le risque de contracter le VIH. Qu'est-ce que cela signifie et comment être sûr de promouvoir la santé et le bien-être de la meilleure façon possible chez ces hommes? », s'interroge M. Brennan. « C'est le genre de discours qui n'avait pas cours il y a 30 ans, sous quelque forme ou ton que ce soit. J'espère vraiment que le travail que je fais permet de mieux comprendre la santé et le bien-être des hommes gais dans le sens le plus large et débouche également sur l'amélioration des soins, des services et de la prévention. »

L'Association canadienne de recherche sur le VIH (ACRV), l'Initiative de recherche sur le VIH/sida des IRSC, la Fondation canadienne de recherche sur le sida (CANFAR), le Réseau canadien pour les essais VIH (RCE) et le Bureau de coordination de l'Alliance (BCA) de recherche et de développement de l'Initiative canadienne de vaccins contre le VIH (ICVV) souhaitent adresser leurs remerciements à M. Brennan pour sa contribution importante à notre compréhension du VIH. Son travail s'inscrit dans le cadre d'un vaste effort canadien qui fait la différence dans la vie des personnes affectées par le VIH, au Canada et de par le monde.

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